Cursus Honorum de la joie, ouvre moi tes bras ! Juillet flanche, lamine un été, on boit du café. Mais tout va pour le mieux, on peut même s’en payer de bonnes tranches, en toute sérénité, à la diable sur l’oreiller, quand on sait que Van She sauvera notre été. Van She, groupe australien de chez l’azuréen label Modular qui, d’année en année, gagne en qualité avec dernièrement les prouesses de Kindness, Tom Vek ou Tame Impala. Ces Sydneysiders, Matt Van Schie , Tomek Archer, Michael Di Francesco et Nicholas Routledge , dont le dernier (et premier) LP V date de 2008, font pulluler la joie et l’énamoration outrancière avec leur Idea Of Hapiness.
Sur les rails d’une électro pop marquée de shoegaze, à l’allure d’un son disco qui hèle la sueur entre les deux omoplates, ces Australiens nous donnent la sensation d’être là ou l’on doit être, à savoir, sous le soleil. Un peu facile ? Peut-être mais, « les choses sont plus compliquées que tu ne le penses » comme le dit si bien Kundera. L’essentiel étant dans l’écoute qui nous décolle les pieds du sol et fait jaillir notre corps, le fait gigoter guignolesquement. Et ça en devient subversivement, agréablement, jouissif. Sans compter que c’est avec ingéniosité que le tout est tissé.
A mesure que nos sens se perdent dans le nectar de la danse, le son progresse sous la forme d’une aimable rambarde en vue d’atteindre un mirandolesque pic. Synthétiseurs qui se voient en partie l’incarnation du guide, parangons de la visée eudémoniste. L’entrée de jeu avec le titre qui donna son nom à l’album Idea Of Happiness (au savoureux clip) est à l’image d’une religion hédoniste et tourneboulée s’accordant gracieusement avec le psyche et l’empreinte dansante du morceau, instigateur d’une bulle temporelle dont il conviendra de profiter : « Tick tick, ticking away.. » lançant le décompte, lançant la danse, et l’incohérence : « I feel there’s nothing left to do but dance ».
Dansons le Calypso, donc. Danse bourrée de significations, joyeusement tragique, et plus profonde qu’elle n’en a l’air. Idea Of Hapiness se révèle à qui bon veut l’entendre. S’en suit un élancement de désordre quand l’océanique Jamaica surgit avec son xylophone, ses synthés, sa disco bleu métallisée qui nous envahit, nous croque tout crus, et nous met en garde alors…qu’il est trop tard, que nous sommes pris d’un plaisir coupable, la dangereuse et sulfureuse Sarah se ruant sur nous : « Danger, flash feelings will hurt you ».
Et le danger personnifié par la demoiselle, devient total. S’en suit une tranche de douceur réflexive et instrumentale avec un Radio Waves I annonçant l’arrivée des secours ( ?) : You’re My Rescue qui ralentit déjà la cadence, avertit d’une progression jusqu’à l’accalmie d’un Coconuts au rythme régulier presque rigolard, au grisant synthétiseur construisant l’auréole d’un rêve insulaire. We Move On, aux couplets laissant libre cours à la voix intimiste, clôturera. Dernière pirouette & pied de nez à l’allure hipster pour mieux révéler le feuillu sans pareil d’un arbre aux secrets.
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