Matthieu,12, 1-8 En ce temps-là, Jésus passait, un jour de sabbat, à travers les champs de blé, et ses disciples eurent faim ; ils se mirent à arracher des épis et à les manger.
En voyant cela, les pharisiens lui dirent : « Voilà que tes disciples font ce qu’il n’est pas permis de faire le jour du sabbat ! »
Mais il leur répondit : « N’avez-vous pas lu ce que fit David, quand il eut faim, ainsi que ses compagnons ?
Il entra dans la maison de Dieu, et ils mangèrent les pains de l’offrande ; or, cela n’était permis ni à lui, ni à ses compagnons, mais aux prêtres seulement.
Ou bien encore, n’avez-vous pas lu dans la Loi que le jour du sabbat, les prêtres, dans le Temple, manquent au repos du sabbat sans commettre aucune faute ?
Or, je vous le dis : il y a ici plus grand que le Temple.
Si vous aviez compris ce que veut dire cette parole : C’est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices,
vous n’auriez pas condamné ceux qui n’ont commis aucune faute. Car le Fils de l’homme est maître du sabbat. »
Dans la même veine que ce texte, je dois avouer que j’aime beaucoup dans nos églises les gens qui s’offusquent d’une pratique, plutôt que de voir un cœur en présence de Dieu. Il y a quelques années, avec des copains étudiants, dans ma paroisse en Angleterre, nous préparions la messe + dîner du lendemain. La cuisine était attenante à l’église, avec un passe-plat parce qu’après les messes, en Angleterre, généralement tout le monde prend le thé. Ce jour-là, nous avons vu arriver notre pharisienne, je suis sûre que vous la connaissez aussi, la petite dame de la paroisse, celle qui sait tout et qui n’hésite pas à remettre le monde dans le droit chemin. 1er commentaire : « vous entrez et sortez de l’église sans faire votre génuflexion chaque fois que vous passez devant l’autel. Et ça sent la nourriture dans l’église, ce n’est pas convenable, je dirai tout au prêtre etc.. » ! Elle n’a rien voulu entendre de nos « mais cela fait 20 fois qu’on rentre et sort, et même si on ne fait pas de génuflexion à chaque fois, on incline au moins la tête » et « nous préparons un repas communautaire pour l’après messe pour célébrer avec tout le monde ! ». Non apparemment, il y a des choses qui se font et d’autres pas. Peu importe l’esprit de partage qui les animent.
Autre histoire : an 2000, Jubilé à St Pierre de Rome et JMJ. Nous étions 3 millions de jeunes à débarquer à Rome pour une semaine de pèlerinage. Facilement identifiables avec nos « passeports » autour du cou, nos foulards colorés etc… Ah mais oui, mais ma p’tite dame, on ne rentre pas dans St Pierre de Rome en short et débardeur ! Donc, pour résumer, des athés, des musulmans, des indous pouvaient entrer visiter cette beauté architecturale qu’est St Pierre de Rome parce qu’ils avaient genoux et épaules couvertes (et je les ai vu passer devant moi). Le jeune pèlerin catho ne pouvait entrer pour prier et se recueillir parce qu’il était en short.
J’aime les règles à la con.
J’aime quand dans nos églises, nos pharisiens à nous sont encore très prompts aujourd’hui à critiquer l’attitude plutôt que le cœur qui pousse à entrer et prier. J’aime la culpabilité qui souvent accompagne les « yaka » et « fautpas ». J’aime l’accueil qui est donné à toutes ces personnes qui se tournent vers l’Eglise pour un mariage ou un baptême parce qu’elles sentent au fond d’elles une présence divine et qu’elles y croient, mais la première chose qu’on leur demande c’est si elles sont allées à la messe dimanche dernier. A l’inverse, j’aime aussi les cathos qui sont obligés de montrer leur pedigree, leurs connaissances, dès qu’ils rencontrent une autre communauté ou un autre prêtre « étranger ». Manque de confiance.
Alors ce texte de Matthieu me rappelle aujourd’hui que même si Jésus n’était pas venu là pour abolir les lois, il était là pour nous montrer quand même que celles à la con pouvaient être dépasser pour n’en garder qu’une suprême : ce qu’on fait quand on célèbre le Père, on le fait par Amour et non par devoir. On le fait parce que l’on cherche une rencontre privilégiée de quelques instants avec Dieu, pas parce qu’on va se faire taper sur les doigts par le prêtre ou la dame du caté. Ce que l’on peut même parfois « s’infliger » (pénitence, jeûne), on le fait par amour et par désir volontaire de rencontre avec Dieu, pas par crainte de sa fureur à notre égard ou notre peur de finir grillé en enfer. De la même manière on ne va pas « à confession » parce « qu’il le faut sinon c’est maaaaaal », on y va pour se retrouver devant l’amour de Dieu. Le catho n’est pas sensé aimer le devoir pour le devoir. Le catho est sensé aimer. Point.