Les choses sérieuses commençaient enfin.
L'Assemblée votait à nouveau et enfin. La gauche s'attaquait aux derniers vestiges du sarkozysme fiscal. Les débats étaient donc enragés. L'UMP peinait encore à renouveler ses
repères, les dérapages machistes de la semaine en étaient la preuve.
En coulisses, les ministres négociaient avec Bercy leur budget de l'an prochain. La situation était toujours aussi grave.
Lundi, l'anniversaire était grave.
Il y a 70 ans, des policiers français commandés par un préfet français raflaient près de 13.000 Juifs à Paris pour les parquer au Vel d'Hiv, près du pont Bir Hakeim à Paris, avant de les déporter vers un internement provisoire en province puis les camps de la mort. Dimanche 22 juillet, François Hollande devait prononcer un discours très attendu.
A Paris, le microcosme s'agitait sur la nomination d'Audrey Pulvar, compagne du ministre Arnaud Montebourg, à la direction éditoriale des Inrocks. C'était presque aussi grave qu'un sénateur UMP possède le premier quotidien national d'information du pays.
Mais l'action politique, la vraie, celle qui exige notre attention, qui engage le pays et témoigne - ou pas - de la nouvelle gouvernance du pays avait enfin démarré.
A l'Assemblée, les débats étaient violents.
Ils étaient enragés parce que l'opposition de droite était enragée mais sans autre repère que le sarkozysme si récemment déchu. Marc Le Fur traita la ministre Fleur Pellerin de pot de fleur, pendant que ses collègues UMP sifflèrent la robe portée par la ministre Cécile Duflot. Ces railleries machistes étaient l'un des derniers refuges de quelques quinquas flétris par une décennie de mandature godillot. Contre la re-fiscalisation des heures supplémentaires, les ténors étaient tous là, ou presque. Contre le renforcement de la taxation des fortunes et des successions, Xavier Bertrand, Eric Woerth, Jean-François Copé, François Fillon, Bruno Le Maire et Valérie Pécresse s'étaient fait porter pâle. Le sujet était moins porteur. Quelques seconds couteaux attaquèrent, bien seuls. L'UMP Hervé Mariton osa accuser la gauche de «ne pas aimer la
famille». Marc Le Fur, encore lui, dénonça un « crime » contre les riches.
Les députés votèrent la loi de finances rectificative, celle-là même annoncée par Jean-Marc Ayrault avec ses 7 milliards d'euros d'impôts supplémentaires pour tenir les 4,5% de déficit budgétaire promis en fin d'année. Entre autres, les députés de gauche votèrent la fin de l'exonération fiscale et de cotisations des heures supplémentaires, l'un des vestiges les plus emblématiques du Sarkozysme budgétaire. A droite, on se prit soudain d'une incroyable admiration pour ces millions de Français modestes supposés bénéficier du dispositif. On clama aussi que cette re-fiscalisation favoriserait les heures sup' non déclarées (ce qui confirmait l'inutilité du dispositif sarkozyste) et le travail intérimaire (sic!) . Il fallu rappeler combien cette défiscalisation était inefficace (un effet d'aubaine), contreproductive (400.000 d'emplois équivalent temps plein), injuste (subventionner les employeurs qui n’embauchent pas ?), et coûteuse (4 milliards d'euros par an, non financée de surcroît !).
Les députés de gauche votèrent aussi la suppression de la hausse de la TVA décidée par Nicolas Sarkozy, un durcissement des droits de succession (via la réduction de 159.000 à 100.000 euros par enfant, du montant de dotation défiscalisée, soit un retour à la situation pré-Sarkozy), une augmentation exceptionnelle de l'ISF (2,3 milliards d'euros en 2012), un doublement de la taxe sur les transactions financières, la surtaxation des dividendes, la hausse du forfait social de 8 à 20 %, et la baisse
de 30% du traitement du président de la République et des ministres. Il supprimèrent la franchise de 30 euros imposée aux immigrés sans papier pour bénéficier de l'Aide Médicale d'Etat (dont le frontiste Gilbert Collard réclamait carrément la suppression), une aberration sanitaire dénoncée par les médecins.
Cette rigueur serait-elle juste ?
Ce premier collectif l'était, mais la prochaine loi de finances pour 2013 sera le véritable moment de vérité.
Au gouvernement justement, certains ministres bataillaient ferme pour préserver leurs budgets contre les services de Bercy désormais dirigés par Jérôme Cahuzac. A la Culture, la ministre Aurélie Filippetti s'était inquiétée, lors de son passage remarquée au Festival d'Avignon, de ces tensions budgétaires. Sa collègue du Logement, Cécile Duflot, s'alarmait qu'on prélève 1,8 milliard d’euros (sur un budget total de 3,5 milliards en 2012) sur
les fonds du 1% logement. Mais elle présenta sa feuille de route en conseil des ministres: construction de 500.000 logements dans les 5 ans, blocage des augmentations de loyers au changement de bail, plan de performance thermique de l'habitat en septembre.
Pierre Moscovici était parti rencontrer ses collègues européens des Finances et du FMI. La menace d'un éclatement de la zone euro est plus que jamais crédible. Arnaud Montebourg passait d'un plan social à un autre. Après le choc des annonces de PSA vendredi 13 juillet, Hollande avait annoncé le lancement d'une contre-expertise publique. Thierry Peugeot se sentait « visé ». Après 4 milliards d'euros d'aides publiques ces 5 dernières années, il avait de quoi. Fillon vint à sa rescousse, accusant Montebourg de « mettre à ce point en cause l'image d'une entreprise pour le plaisir ». Fillon était cet ancien premier ministre d'un Monarque qui aimait tant prendre le PDG de Renault comme bouc-émissaire... De toutes façons, l'actuel ministre du redressement productif avait plusieurs dizaines d'autres plans sociaux à affronter.
Lundi, François Hollande installait officiellement la commission présidée par Lionel Jospin et chargée de « la rénovation et de la déontologie de
la vie publique. » L'ancienne ministre sarkozyste Roselyne Bachelot y participait. La commission a quelques mois à peine pour proposer des mesures, entre autres sur le non-cumul des mandats, une réforme des scrutins et « des règles
déontologiques de nature à garantir la
transparence de la vie publique ».
L'UMP restait en rage.
En interne, c'était la guerre des chefs pour la présidence du parti dont l'élection est prévue en novembre. Rachida Dati (raillée par Bernard Debré pour ses tenues Dior) et Bruno Le Maire y pensent. Jean-François Copé espérait pouvoir attendre fin août pour trahir un secret de Polichinelle, et compter sur les franges droite et libérale du parti. Mais le sécuritaire Eric Ciotti est devenu directeur de campagne de Fillon. Et Copé traînait trop de casseroles avec son ami Takkiedine dans l'affaire de Karachi.
Ami sarkozyste, reviens.
Les choses sérieuses commencent enfin.
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