Exorcisme (Niveau 0)

21h59. Dans deux ou trois minutes ma mère va aller prendre ses bonbons du soir: antidépresseur, somnifère, calmants ou que sais-je encore. Question de ça, ses Tranxènes sont efficaces, rien qu'à l'unité. Il m'arrive de lui en faucher un de temps en temps. C'est à portée des enfants, et j'en ai un jour bouffé trois. Chouette expérience, sans raison précise, sans justification possible.
Elle avale ça et d'autres à différents moments de la journée et ça ne lui fait plus rien. Enlevez-lui en un seul, ou même réduisez-en le dosage, et c'est l'horrible crise de manque. Hors de question que je finisse comme ça. Plutôt crever. Et quitte à me défoncer, ne serait-ce que pour atténuer douleur physique ou psychologique, autant choisir et le faire comme bon me semble.
22h23: j'ai ouvert les deux capsules d'aluminium, maigres vestiges des cachets de morphine que je suis parvenu à mettre de côté ces trois derniers jours, au cas où. Ils fondent plus rapidement et j'espère ne pas avoir à regretter celui qui se trouve dans mon vestiaire, au boulot.
23h18. Je ne parviens plus à suivre le cours de mes idées, simplement en attraper une au vol. La douleur est silencieuse, sourde. Je n'ai jamais pu apprendre à espérer.