Voila encore un long métrage où l'on nous présente à quoi ressembleront nos vies dans une cinquantaine d'années. Alors que le futur vu par James Cameron dans son premier Terminator pouvait prêter à sourire lors de sa sortie, celui de Minority Report est nettement plus inquiétant. Nous sommes en 2054, l'heure du changement (une fois encore!) et la société a décidé de prendre un nouveau virage pour enrayer le crime! Ici pas de Robocop ou autre superhéros masqué. Le criminalité est désormais gérée par une société privée, la Précrime qui condamne les coupables avant même qu'ils aient eu le temps de passer à l'acte. Tout ceci est désormais possible grâce à une dérive du clonage ayant donné naissance aux precogs, une espèce génétiquement modifiée qui prédit l'avenir en bullant dans une sorte de liquide amiotique. Réputés infaillibles par leur créateur, ces oracles du futur prédisent avec exactitude, l'heure ainsi que les noms des victimes et coupables. L'agent Anderton se charge alors du reste en scrutant les images mises à sa disposition. En passe d'être nationalisée, la société va alors faire l'objet d'un audit juste au moment ou le nom de l'agent Anderton apparaît dans la colonne des coupables...dès lors le système s'enraye...
Impossible de ne pas faire un lien avec Kubrick pour commencer ce debrief. Spielberg et Cruise ont longuement côtoyé le bonhomme jusqu'à sa récente disparition. Plusieurs plans se transforment alors en véritables hommages. Le plan rapproché de l'oeil rappelle immédiatement celui de Bowman dans 2001. Les écarquilleurs de paupières, ceux d'Alex dans Orange mécanique. Et que dire de cette utilisation incessante de la huitième symphonie de Schubert à chacun des tourments du personnage principal. Non je ne fais pas une fixette sur Kubrick!
Quoi qu'il en soit cet énième film d'anticipation basé sur une nouvelle éponyme de Philip K. Dick a de quoi nous faire réfléchir sur le libre arbitre et la présomption d'innocence. Est il normal de mettre sous scellés un homme qui s'apprêtait à commettre un crime alors même qu'il n'a pas eu le temps d'approcher sa victime? Et quand bien même il l’eut fait, serait elle morte, n'aurait elle pas réagi différemment? Difficile de juger le destin des hommes quand on se fie aux même théories qui ont amené Paco Rabanne à annoncer l'anéantissement de Paris au début des années 2000...bref!Et que dire de ces publicités omniprésentes qui ferait passer Spielberg pour un vendu! On sait que certains films sont désormais financés par l'apparition furtive de sponsors du 7ème art, mais dans cette catégorie Minority Report remporte la palme haut la main. N'oublions pas d'ailleurs de citer Nokia, Bulgari, Lexus, Gap et autres sponsors qui ont permis de réaliser l'aboutissement d'un projet de longue date. Si j'avais cru que Spielberg en arriverait là un jour...
Outre ces quelques bavures, Minority Report reste un excellent polar d'anticipation. Pour la petite anecdote, il devait d'ailleurs faire suite au Total Recall de Paul Verhoeven. Quelques transpositions et ajustements plus tard, Spielberg en rachetait les droits pour en faire le succès commercial qu'on lui connaît.Comme quoi on n'est jamais réellement maître de son destin...
Extrait musical