La pauvreté au Chili a augmenté. Et la situation ne semble pas s’améliorer (ici, dans le quartier de La Legua à Santiago, photo Anthony Quindroit)
L’étude de Caracterización Socioeconómica Nacional (Casen) – une enquête socio-économique commandée par le ministère du Développement social du Chili – a été dévoilée au public. Elle porte sur la période 2006 – 2009.
Fait principal, elle montre une hausse de la pauvreté au Chili. Elle progresse d’1,4 points, passant de 13,7% de la population totale à 15,1%, soit 2,564 millions de Chiliens (355096 personnes de plus qu’en 2006) sur cette période. Des chiffres que le président Sebastián Piñera a pu comparer avec son propre bilan.
Le seuil de pauvreté au Chili est, selon l’étude 2006 – 2009, à 64000 pesos mensuels (environ 108 €) en zone urbaine, et de 43000 pesos (73 €) en zone rurale. Le niveau d’indigence – pauvreté extrême – est estimé à 32000 pesos (54 €) et 24000 (41 €) en campagne.
Cette situation d’indigence concernait déjà, 3,2% de la population en 2006. Elle frappe désormais 3,7% des Chiliens, soit 634328 personnes.
Pour le président Sebastián Piñera (droite), c’est l’occasion rêvée de taper sur le bilan de l’ancienne présidente Michelle Bachelet. Même si elle ne s’est pas (encore ?) prononcée, elle fait figure de favorite pour porter les couleurs de la Concertación (coalition de centre gauche) lors de la présidentielle de 2014 au Chili. Sans jamais la citer, Sebastián Piñera a pointé un “manque d’efficacité dans l’attribution des aides, des problèmes de corruption et des dépenses inutiles…”
- “Il y a eu un manque d’efficacité. Il est important que chaque peso budgété pour les dépenses sociales soit utilisé plus efficacement afin d’atteindre vraiment ceux qui en ont besoin”, a continué le président en exercice, Sebastián Piñera, visant l’ancien gouvernement.
Le président en exercice tance d’autant plus facilement Michelle Bachelet que son gouvernement a pu présenter les chiffres de la Casen pour 2011. Et les statistiques sont à la baisse malgré la conjoncture : la pauvreté aurait chuté à 14,4% de la population. L’extrême pauvreté aurait reculé à 2,8%. En quelques semaines, c’est la troisième fois que le gouvernement se drape de social. Une aide alimentaire, présentée fin mai 2012, a permis à La Moneda de se faire un bon coup de pub (Chili et carnets en parlait ici). Plus tôt le même mois, le Sueldo Etico Familiar – une aide mensuelle d’environ 53000 pesos pour 170000 familles chiliennes – entrait en vigueur.
Cela risque de ne pas être suffisant pour endiguer durablement la situation. Avec le tremblement de terre du 27 février 2010, la situation économique mondiale, la hausse du prix des denrées alimentaires et autres réjouissances, les projections des économistes chiliens ne sont pas bonnes. Et ce même si l’emploi se maintient, voire s’améliore au Chili, notamment grâce aux métiers de l’immobilier. L’ouvrage reste sur la table. Et le prochain président aura sûrement, lui aussi, quelques peaux de bananes à glisser à son prédécesseur.
Pour lire l’enquête de la Casen (en espagnol) : Le compte-rendu de l’étude sur la pauvreté au Chili, entre 2006 et 2009 (source Gobierno de Chile)