L'étude menée par des chercheurs du Wolfson Institute, de la London School of Medicine and Dentistry et de la Queen Mary University of London a porté sur un petit échantillon de 84 personnes (seulement) et l'un de ses auteurs détient le brevet européen et canadien pour la polypill. Elle aborde tant les effets de réduction du risque cardiovasculaire que les préoccupations légitimes en cas de prescription massive de ces 4 médicaments en un, en fonction du seul critère de l'âge.
L'essai randomisé contrôlé contre placebo a examiné l'effet de la polypill sur la pression artérielle et les niveaux de lipoprotéines de basse densité (LDL) ou «mauvais» cholestérol auprès de 86 personnes de plus de 50 ans vivant à Londres, qui prenaient une statine et des hypotenseurs dans le cadre d'un programme de prévention des maladies cardiovasculaires. Les participants n'avaient pas d'antécédents de maladie cardiovasculaire et avaient été recrutés uniquement sur la base de l'âge. Les participants ont été randomisés pour recevoir soit la polypill, qui contenait l'amlodipine, le losartan, l'hydrochlorothiazide et la simvastatine (contre le cholestérol), soit un placebo. Après 12 semaines de prise, les participants ont changé de groupe de traitement (polypill ou placebo). A la fin de chaque phase de 12 semaines, les chercheurs ont mesuré la pression systolique et diastolique, ainsi que le cholestérol LDL. Ils ont ensuite évalué, pour chaque participant, la différence moyenne entre la pression artérielle et le cholestérol à la fin du traitement par placebo et du traitement polypill.
Sur les 84 participants qui ont terminé l'essai, comparativement au placebo, la polypill a permis,
· une réduction moyenne de la pression artérielle systolique de 17.9 mmHg (IC : 95%), soit une réduction de 12% par rapport aux niveaux sous placebo,
· une réduction moyenne de la pression artérielle diastolique de 9.8 mmHg (IC : 95%), soit une réduction de 11% par rapport aux niveaux sous placebo,
· une réduction moyenne du LDL-cholestérol de -1,4 mmol / L (IC : 95%), soit une réduction de 39% par rapport aux niveaux sous placebo,
· Ces réductions s'avèrent, sans surprise, similaires à celles attendues sur la base des performances de chaque médicament inclus dans la polypill.
Un potentiel jugé « considérable » : A partir de là, les chercheurs estiment que si les réductions observées étaient maintenues sur une longue période de temps, l'utilisation de la polypill pourrait conduire à une réduction de 72% des événements cardiovasculaires ischémiques (crises cardiaques) et à une réduction de 64% des accidents vasculaires cérébraux (AVC). Les auteurs parlent de « potentiel considérable pour la prévention des maladies cardio-vasculaires ». Si le profil d'innocuité de ces médicaments est déjà connu, ces médicaments sont souvent prescrits séparément et le rapport bénéfice-risque doit encore être démontré pour toutes les personnes en bonne santé de plus de 50 ans. En plus, serions-nous disposés à prendre un médicament de prévention cardiaque sans être malade ?
Source: PLoS ONE 7(7): e41297. doi:10.1371/journal.pone.0041297 Published online July 18 2012 Randomized Polypill Crossover Trial in People Aged 50 and Over.
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