A l’instar d’un bon nombre de cinéastes français, Pascal Laugier a réalisé un film de genre coup de poing, et s’en est allé côté US. Aja a pondu un traumatisant La Colline a des yeux, Gens son sombre Silent Hill. Pour Laugier, après le choc Martyrs, ce sera The Tall Man, une histoire d’enlèvements d’enfants dans une ville minière- pauvre et perdue- des Etats-Unis. Tout commence avec Julia (excellente Jessica Biel), infirmière à Cold Rock. Une nuit, un mystérieux inconnu, cagoulé et de grande taille, pénètre chez elle, bâillonne sa copine, vole son petit garçon David. Est-ce un homme désespéré du village ? Un psychopathe tueur d’enfants? Une force surnaturelle ? Le diable en personne ? Quelles que soient votre idée, réponses et explications vous cloueront le bec. Car, The Tall Man est l’un de ces films dont il faut en dire le moins possible pour ne rien gâcher du plaisir qu’il procure, à perdre le spectateur, à l’emmener sur des sentiers inconnus. C’est son plus grand atout : son imprévisibilité. Chaque scène surprend. On ne sait jamais ce qui va suivre. Chose qui n’arrive pas tous les jours, admettons-le.
Laugier, aux commandes du scénario et de la mise en scène, s’amuse de ce récit tiroir, alambiqué mais jamais confus, maîtrisé dans les moindres détails, qui s’éclaire progressivement, à mesure qu’il se rapproche de sa conclusion. On retrouve, comme toujours chez lui, l’idée d’une femme-martyr- punie ou sacrifiée au nom d’un idéal, une intense réflexion sur le bien et le mal, et une lourde critique sociale. Jonglant avec les genres (fantastique, survival, conspiration, thriller) au sein d’un genre, le troisième film de Laugier distille une violence plus sournoise que brutale, plus psychologique que visuelle. Mais la question qu’il pose, dans une démonstration qui détourne habilement effets trop appuyés et prise de position trop radicale, résonne encore longtemps après la projection.
Sortie France : 5 septembre 2012.