C’est en 2002 qu’est né l’atypique Steel Battalion. Edité par Capcom, le titre ne fut à la portée que d’une minorité de joueurs lors de sa sortie et pour cause son imposant coût. Au-delà de ça, il fallait aussi avoir de la place chez-soi pour accueillir l’énorme tableau de bord offert avec le titre. La simulation ultime de mécha venait de naître. Bien sûr, qui dit simulation, dit temps à perdre (dans le bon sens). Il faut user de patience pour comprendre et retenir l’utilité de chacun des quarante boutons présents sur la manette. Le plus marquant de ceux-ci reste bien évidemment le bouton d’éjection du cockpit qui est, comme une marque de fabrique, présent dans l’épisode Kinect. Parlons d’ailleurs de ce dernier volet, voyons ensemble si l’élève bât le maître.
Le bug de l’an 2020
Le monde, accro aux technologies au point de ne plus pouvoir vivre sans, sombra en 2020. La cause de cette fin ? L’Infocide, un petit virus dévastateur. Cette vermine mangea pratiquement tous les microprocesseurs du monde. Ce n’est un secret pour personne, ce sont les Asiatiques qui ont manigancé tout ça et mis en circulation ce virus. Près de soixante ans après, les Orientaux ont envahi le monde avec leurs machines modernes. Le temps de la riposte a sonné, il est temps de reprendre les Etats-Unis des mains de ces pirates, mais pour cela il va falloir combattre à bord d’anciens robots, des méchas puissants, mais moins sophistiqués que ceux d’en face : des Vertical Tank ou VT. Célèbre grâce à des exploits passés, le sergent Powers reprend du service avec une équipe de bras cassés. Son objectif ? Reprendre le contrôle. Bon courage sergent !
Heavy Armor réinvente la guerre technologique en détruisant justement, du côté des non-Orientaux, le clinquant, les dernières armes pour ne garder que l’essentiel : des robots datés, mais toujours aussi efficace. Certes, c’est du déjà-vu dans les grandes lignes, notamment le schéma inversé des Etats-Unis perdants sur leur propre territoire (que l’on retrouve dans le dernier Call of Duty), mais le fait que le monde entier soit aux mains des Asiatiques parce que ceux-ci ont lancé un virus détruisant les technologies suffit pour insuffler de l’intérêt dans le scénario du titre. En plus de narrer une guerre, le jeu s’attarde sur le cas du sergent Powers au travers de flashbacks. En ce qui concerne vos compagnons, vous aurez tout le temps de faire connaissance avec eux. Sachez juste que la vie dans le VT est agitée… l’ambiance est bonne enfant malgré l’infernal combat qui se mène dehors, vous le découvrirez bien assez vite. Finalement, pour un jeu de mécha, ce Steel Battalion s’en sort plutôt bien côté scénario. On regrette juste que l’aspect social et historique des personnages sonne cliché.
Des bonnes idées sur le papier
Le premier Steel Battalion possédait un gameplay complet, mais pas instinctif pour un sou. Il fallait du temps, de la patience et un grand amour pour les robots pour apprendre à jouer correctement. Heavy Armor, le petit dernier, garde l’essentiel. Si pour vous essentiel rime avec cinq ou six fonctions, vous êtes alors bien loin du compte. Le développeur compte bien garder son titre de simulation de mécha. Faisons un petit état des lieux, entrez donc dans le VT. On retrouve le cœur même de Steel Battalion, c’est-à-dire un cockpit avec un petit encart pour voir dehors. Au premier coup d’œil, on se dit que ça va aller, que cela va être simple de prendre en main l’engin, que tous ces petits boutons dispersés un peu partout sont juste là pour l’apparence, mais encore une fois, c’est une erreur que de penser ça. Il va falloir être au taquet pour faire tourner ce coucou à plein régime. Dans un premier temps, il faut allumer l’engin en tirant un levier, ensuite pour avancer il suffit d’attraper votre manette (celle de la console) et de pousser le stick vers l’avant. Rien d’impossible donc jusqu’ici. D’ailleurs nous ne l’avions pas précisé jusqu’ici, mais le titre marche en duo avec la manette Xbox 360. Un choix qui semble plutôt logique puisque il aurait été difficile d’avancer, de viser et de tirer uniquement avec Kinect. Autre précision, le titre requiert une chaise et un peu d’espace autour de vous.
En effet, vous êtes dans un cockpit, vous êtes donc assis dedans. Si l’envie vous prend de faire un peu de repérage et de marquer les ennemis au loin, mettez-vous
Ceci n’est qu’une petite liste des possibilités offertes par le jeu, nous vous laissons le plaisir de découvrir toutes les autres fonctionnalités du méchas… enfin si vous avez toujours envie de le piloter d’ici la fin du test.
… mais moins bonnes en pratique
Le plus gros point faible du jeu, ironiquement, est ce qui était censé faire sa force : son gameplay adapté à Kinect. Le titre marche de façon irrégulière, ce qui s’avère assez frustrant. Pendant un moment il peut marcher à la perfection puis l’instant d’après se mettre à faire n’importe quoi. Imaginez un peu la scène : vous êtes en plein milieu d’un combat, les tirs fusent et votre mécha commence à rendre l’âme, malgré tout, la caméra détecte tout normalement puis d’un coup, votre image se met à trembler à cause de la luminosité (par exemple), le titre pense que vos mains tremblent et s’agitent : vous aurez alors la sensation d’être un vieil alcoolique. Le jeu se mettra à tirer sur les leviers, à appuyer sur les boutons, à ouvrir les panneaux, sans que l’on ne demande rien à personne. Pire encore, il vous sera impossible de viser tranquillement les ennemis, votre personnage passant son temps à sortir de l’encart pour y retourner, sans raison. Sur le coup, on comprend déjà mieux pourquoi le petit bouton rouge existe : dans ces moments, on souhaite juste sortir du robot. Un véritable gâchis tant le jeu a du potentiel. Pour jouer correctement, il faut être précis dans ses mouvements, avoir une pièce avec une luminosité parfaite pour qu’il n’y ait pas de parasite et surtout de la place pour que Kinect détecte parfaitement votre corps. Et encore, même avec tout ça, des problèmes peuvent persister de temps à autre. En quelques lignes, Heavy Armor s’effondre…
C’est d’autant plus dommage que techniquement le titre tient la route. Graphiquement, le titre utilise un style qui lui est propre, c’est un peu sale, flou, mais cela respecte le ton de la guerre. Alors oui, les animations sont vieillottes, le moteur graphique ne semble pas daté d’hier, mais l’ensemble fait plutôt bien son travail. Musicalement, c’est passable. Les voix (anglaises) jouent bien le jeu et l’univers sonore nous immerge dans l’action.
Conclusion : 4/10
C’était quitte ou double, malheureusement la pièce est tombée du mauvais côté : ce nouveau Steel Battalion est profondément décevant. Le titre, doté d’un très grand potentiel, se plombe tout seul en proposant une reconnaissance de mouvement en roue libre. Exigeant alors qu’il n’offre pas les moyens de l’être, Heavy Armor s’avère être un jeu plus que frustrant. Dommage car il arrive que l’on puisse jouer sans problème (sans raison) et ces rares moments suffisent pour nous faire dire que ce titre aurait pu être le digne héritier du premier volet de la série. Ce quatre est une note sanction, sans ce problème le titre aurait pu gagner trois ou quatre points. Steel Battalion : Heavy Armor est bel et bien le premier titre « hardcore gamer », dommage qu’il soit un peu trop hardcore… au point d’en être quasi injouable.
Steel Battalion : Heavy Armor (XBOX 360), 3.5 out of 10 based on 2 ratings