20 juillet La loose - Ice Cream Et le dernier jour, marché, je tenais les murs d'un hangar gavé jusqu'à la garde de Jean's 501 deux tailles… Et Angèle, infatigable, Angèle insatiable, passait un à un les pantalons de toile, en achetait un sur deux, m'en choisissait, un, deux, trois, au troisième essai je fus pris de crise de tétanie dans la cabine. Jamais je n'ai autant souffert, Angèle, paniquée, m'ôta le pantalon coupable d'être trop serré, et le vendeur me fit boire un litre d'eau minérale. Nous partîmes avec vingt kilos de futs, c'était, me glissait Angèle, une occasion unique, nous n'étions pas prêts de revenir. Dernier après-midi affalés sur un banc à Central Park, un trou d'obus vert au milieu d'une forêt de béton. Nous suçâmes de concert une Ice Cream, je trouvai pour ma part que, pour une fois, les Français étaient meilleurs que les ricains. Je récupérai peu à peu de ma crise du matin, et le soir nous dînâmes comme des rois dans la boîte de Jazz, j'expliquai mes virées nocturnes et elle le prit très bien. Tu aurais dû me réveiller, me dit-elle seulement. Trois heures du mat' j'ai pas sommeil, Angèle ronflait, un peu exagéré sur le bourbon. Huit heures je rejoignis le tarmac en braille et dans l'avion, je passai les lunettes noires. "Un incident mécanique retarde le départ !" Un mécanicien en bleu de chauffe arriva avec une boîte à outils, véridique, et tapa à grands coups de masse pour faire fermer la porte. Il y réussit enfin, et nous pûmes décoller. Angèle était blême et moi trop fatigué… A suivre... demain !
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