Souvenez-vous. C'était dans les années 80. À l'antenne, en plein direct, Patrick Chêne lâchait parfois : « alors que Radio Tour nous annonce l'abandon de... ». C'était à l'époque où Antenne 2 n'avait pas une caméra derrière chaque coureur. Radio Tour était alors un outils indispensable pour chaque journaliste, y compris ceux de la télévision.
Nous, derrière notre écran, on fantasmait alors sur cette fameuse "Radio Tour". Celle qui ne nous était pas accessible, à nous, pauvres mortels... Celle qui permettait aux suiveurs de tout savoir, avant nous ! Et puis "Radio Tour", ça sonnait comme "Radio Londres" et ça sentait bon l'aventure.
Dans les années qui ont suivies, ça a été la révolution. D'abord avec l'arrivée des oreillettes, mais surtout avec celle d'internet. Du live, du streaming, du live-tweet[1]... Le fan de vélo croule aujourd'hui sous des tonnes d'infos, au point d'avoir presque oublié la romantique Radio Tour.
Pourtant, récemment, lorsque l'UCI a tenté d'interdire les oreillettes, Radio Tour est revenue sur le devant de la scène. Puisque certain ont proposé l'idée suivante : seule Radio Tour sera autorisée à émettre dans les oreillettes. Ainsi, on empêche les managers de "téléguider" leurs poulains, mais on ne prive pas les cyclistes des précieuses informations de sécurité.
D'ailleurs, au même moment, d'autres proposaient qu'on fasse comme en Formule 1 : retransmettre à la télévision les indications données par les directeurs sportifs aux coureurs.
C'est d'ailleurs assez proche d'une doléance récurrente des mordus du Tour : "Pourquoi ne pas retransmettre Radio Tour sur internet ?" demande l'internaute, qui en baissant le son de la télé aimerait ainsi jouer à "Directeur Sportif Simulator".
Du fantasme à la réalité
Ce jour là, le mythe Radio Tour s'est brisé... En fait, on n'apprend pas grand chose en écoutant Radio Tour !
Tout d'abord, Christian Prudhomme égrène la liste des (nombreux) invités VIP du jour, pour leur souhaiter la bienvenue. Pour les veinards en question, pas de doute : ça fait plaisir d'entendre son nom ! Mais pour les autres, ça n'a aucun intérêt.
Puis, tout au long de l'étape, on entend surtout des informations de régulation : "la voiture Cofidis est demandée en queue de peloton pour ravitaillement". Là encore, rien de bien passionnant.
Heureusement, on a également les dossards des coureurs échappés, et les écarts. Mais avec la télévision ou internet, vous avez souvent le même niveau d'info.
Et puis Radio Tour doit rester neutre. Surtout ne jamais s'enflammer. Même quand les coureurs se livrent une bataille d'anthologie...
Du coup, Radio Tour est bel et bien un outil indispensable aux Directeurs Sportifs. Mais on est loin de l'idée romantique que les mordus de vélo s'en font si souvent.
Pourtant, il reste un cas ou j'aimerai entendre ce qui se dit sur Radio Tour. C'est lorsqu'une voiture frôle de trop prêt un coureur[2], et que le chauffeur se fait ensuite incendier sur Radio Tour, par le patron de la course. Dans ce moment là, oui, j'aimerai entendre ce qui se dit. Juste pour ne pas avoir l'impression d'être seul, à râler derrière mon écran de télé !
Notes
[1] N'hésitez pas à suivre @lardoisier sur Twitter
[2] ça vous rappelle quelque chose ?