La ministre de la Culture a demandé au président du CNL, Jean-François Colosimo, de suspendre la réforme des commissions du CNL, qui faisait polémique depuis plusieurs semaines.
Le réforme des commissions du CNL suscitait des protestations depuis le mois de juin.
Dans un communiqué daté du 18 juillet, le Ministère de la Culture annonce une « remise à plat de la réforme des commissions du CNL ». Aurélie Filippetti a demandé à Jean-François Colosimo, président du Centre National du Livre, de suspendre cette réforme qui devait entrer en vigueur le 1er janvier 2013. Elle a assuré que « des réunions de travail et une concertation » auraient lieu en septembre à ce sujet.
Engagée sous le précédent gouvernement, la réforme du CNL prévoyait de réviser le mode d’attribution des aides financières destinées aux auteurs, éditeurs, bibliothèques et associations de promotion de la vie littéraire. Il était notamment question de fusionner les commissions chargées du roman, du théâtre et de la poésie.
Une pétition de 180 poètes et écrivains
Outrés par cette annonce, 180 poètes et écrivains – parmi lesquels Michel Deguy, Jacques Roubaud, Philippe Beck ou Patrick Kéchichian – avaient signé une pétition, déposée le 25 juin au CNL. « Nous écrivains, poètes, et éditeurs soussignés, estimons vital le maintien d’une commission Poésie afin d’éviter la domination d’un genre sur un autre. […] Elle a permis à des poètes de ne pas mourir dans le plus total dénuement, et ce n’est pas une image », expliquaient-ils. Dans un communiqué daté du 12 juillet, les membres de la commission Poésie dénonçaient eux aussi « une réforme de l’institution [préparée] sans concertation avec les membres des commissions ou avec les milieux littéraires (écrivains, éditeurs, universitaires, libraires) ».
Le CNL avait répliqué, sur le site Actualitte.com, qu’il n’était pas question de « laisser tomber la poésie » et que leurs craintes étaient « absolument infondées ». « Les crédits alloués à la poésie sont en augmentation », avait-il assuré.
Le ministère de la Culture n’a visiblement pas été sensible à ces arguments. Il explique dans son communiqué que « la réforme des commissions et des dispositifs de soutien du Centre national du Livre […] ne peut être mise en oeuvre sans prendre en compte les nouvelles orientations du gouvernement. Cette réforme étant par ailleurs contestée, une concertation préalable s’avère nécessaire ». Le ministère se dit prêt à assurer « une fonction de médiateur entre les auteurs, les éditeurs, les diffuseurs et l’ensemble des acteurs de la filière ».
Aurélie Filippetti avait déjà annoncé, le 10 juillet 2012, un « moratoire complet » du projet de Nicolas Sarkozy de créer une Maison de l’histoire de France sur le site parisien des Archives nationales, qui était jugé inutile et dispendieux par les historiens. En suspendant la réforme du CNL, elle se place cette fois-ci du côté des écrivains. Elle en a profité pour réaffirmer « son ambition pour le livre et la lecture en France »: « les enjeux qui touchent à ce secteur sont en effet majeurs et supposent un pilotage renouvelé de la politique du livre et de la lecture ».