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Vers une dépression en France

Publié le 20 juillet 2012 par Copeau @Contrepoints

La politique mise en place par François Hollande et le gouvernement Ayrault ne fera qu'aggraver la situation économique de la France, parce qu'elle pénalise les entrepreneurs, ceux qui créent les richesses et les emplois.
Par Charles Gave.
Publié en collaboration avec l'Institut des libertés.

Vers une dépression en France

Jean-Marc Ayrault, Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg, les trois "champions" sur lesquels compte François Hollande pour redresser l'économie du pays.

La France a un nouveau gouvernement qui présente une caractéristique qui n’a jamais existé dans aucune autre démocratie : il ne contient aucun ministre issu du secteur privé. Aucun de ses membres n’a jamais dirigé une entreprise, ils ont toujours, tous été payé par le produit de nos impôts…

Je ne suis guère rassuré par le fait que ces fonctionnaires qui n’ont donc aucune idée de ce qu’est la vraie vie soient « conseillés » par des économistes, qui sont également tous issus de la fonction publique en étant tous professeurs/fonctionnaires.

Comme tous ces gens sont sans aucun doute de bonne foi et désirent bien faire, je me suis dit qu’il était de mon devoir de procéder à leur éducation, bien déficiente jusqu’à ce jour. Je ne doute pas que ces lignes vont être portées à la connaissance de ceux qui nous gouvernent et qu’ils sauront en faire leur miel, acceptant avec la modestie qui les caractérise les conseils de quelqu’un qui a consacré sa vie à analyser ces choses-là, sans jamais être payé par quelqu’un d’autre que par ses clients [1].

Comme tous les gouvernements depuis 1974 sans exception, ils n’ont bien sûr qu’une idée en tète : le chômage et qu’un but, le réduire.Voilà qui est déjà une idée bizarre : le chômage n’a aucun intérêt pour un économiste, la seule chose qui compte c’est l’emploi.

Il ne faut donc pas faire baisser le chômage, qui n’est qu’un résidu mais faire monter l’emploi.

Pour arriver à ce résultat, commençons donc par éliminer les solutions qui n’ont jamais marché.

  • Embaucher des fonctionnaires,
  • Stimuler la consommation, en augmentant par exemple le salaire minimum,
  •  Se lancer dans une politique industrielle,
  • Créer une banque d’investissement,
  • Faire des dépenses d’infrastructure et construire plus de ronds points à  l’entrée de chaque village,
  • Etc.

Le lecteur averti qui aurait lu mon livre L'Etat est mort, vive l’état (Francois Bourin Éditeur) aura compris que chacune de ces soi-disant « solutions » revient à faire croître la part de l’État dans l’économie, ce qui toujours et partout a entrainé une baisse structurelle du taux de croissance et donc une hausse du chômage [2].

Après tout, s’il suffisait que l’État dépense de l’argent qu’il n’a pas pour qu’il y ait forte croissance, la France aurait dû être en boom économique depuis 1973 (date du dernier équilibre budgétaire) et l’Union Soviétique le pays le plus développé du monde, ce qui ne s’est pas produit, à ma connaissance. Mais je n’ai pas été dans les bonnes écoles…

Toutes ces « fausses solutions » entrainent qui plus est une hausse de l’endettement public, ce qui n’est guère conforme aux traités que nous avons signés.

Ayant écarté d’un revers de main ce qui à l’évidence n'a jamais marché et ne marchera jamais, il nous faut maintenant identifier ce qui a toujours marché.

Commençons par poser une petite question socratique toute simple et cette question n’est pas « comment créer des emplois ? » mais qui crée ces fameux emplois et comment peut-on l’aider ?

À cette question, une réponse et une seule : un type curieux que nos fonctionnaires n’ont jamais croisé sur leur route et dont on ne parle jamais à l’ENA et qui s’appelle un entrepreneur.

Ce débile profond prend les risques de dépenses certaines, salaires, impôts, loyers, frais divers et variés qu’il essaie de compenser par des recettes incertaines en vendant ses produits et services à des clients qui ne voient pas très bien pourquoi ils devraient acheter chez lui plutôt qu’ailleurs. La différence entre ses coûts - certains - et ses revenus - fort incertains - s’appelle le profit, mot abominable et dont Marx a fort bien montré le caractère injuste et spoliateur. Forts de cette analyse incontestable dont chacun a pu mesurer le bienfondé en URSS, nos technocrates ont tout fait depuis bien longtemps pour assurer la justice sociale et donc pour que notre suceur de sang ait des profits en baisse constante.

Ils y sont fort bien arrivés, ce dont on ne saurait trop les féliciter.

Depuis 1972, la part des profits dans le PNB n’a cessé de baisser et nous sommes aujourd’hui au plus bas depuis 25 ans au moins.

Remarquons également que chaque fois que se produit une récession en France, la variable d’ajustement, ce sont les profits qui du coup baissent, puisque les ventes des sociétés chutent tandis que leurs coûts ne baissent pas.

Je suis sûr que le lecteur se sentira conforté dans sa croyance en l’excellence des élites qui nous gouvernent si je lui dis que pendant que le cash flow des sociétés passait de 30% du PNB à 22%, la part de l’État dans l’économie passait, elle, de 30% à 44%, assurant la justice sociale que chacun peut constater aujourd’hui et que le monde entier nous envie.

Le seul inconvénient est bien sûr que les emplois dans l’économie varient en fonction des variations de la rentabilité de mon entrepreneur et que quand sa rentabilité baisse, il licencie, fait faillite - ce qui prouve son incompétence notoire - et cesse en tout cas d’embaucher.

Quand l’entrepreneur gagne de l’argent, six mois plus tard il embauche, quand il n’en gagne pas, six mois plus tard il débauche…

Salaud de riches qui n’embauche que quand il gagne de l’argent ! On a honte pour lui !

Et c’est là où les choses vont se gâter pour « notre cher et vieux pays », comme l’appelait de Gaulle.

L’économie française est en train de rentrer en récession, comme chacun le sait, et donc les profits des sociétés vont baisser sèchement, comme à chaque fois dans une récession, et six mois après, comme à chaque fois, le nombre d’emplois va donc plonger.

Vers une dépression en France
Les recettes fiscales vont fort logiquement s’écrouler tandis que les dépenses de l’État vont augmenter très fortement et donc le déficit budgétaire français va exploser à la hausse comme l’ont fait les déficits italiens ou allemands depuis un an.

Le déficit primaire (c’est-à-dire hors paiement des intérêts) va repartir à la hausse à toute allure, pour repasser la barre des -5% en termes de PNB et devant ce désastre, il est à craindre que les taux français ne se mettent à monter, comme en Espagne ou en Italie, rendant la situation ingérable puisque la France sera alors dans une trappe à dettes.

Heureusement, comme je ne cesse de le répéter, nous sommes gouvernés par des gens qui ont été dans les meilleures écoles et qui donc vont certainement prendre les bonnes décisions.

Et d’ailleurs, ils ont commencé à  les prendre. Citons dans une liste qui se veut non exhaustive de ce qui a été déjà décidé  :

  1. Un alourdissement de la fiscalité sur les sociétés.
  2. Une augmentation du SMIC, qui augmentera mécaniquement le coût du travail pour tous les employeurs.
  3. Un retour des charges sociales sur les heures supplémentaires, faisant baisser le salaire moyen.
  4. Une imposition plus lourde sur le capital, sur les revenus du capital, sur les plus values en capital et sur les salaires élevés, qui fera baisser le taux d’épargne  français et donc à terme nos investissements.
  5. Une contribution spéciale sur les banques qui va réduire les fonds propres de ces profiteurs et donc renchérir le crédit tout en le rendant moins disponible.
  6. Une taxe spéciale sur les sociétés pétrolières qui va inciter ces dernières à se débarrasser encore plus rapidement de leurs activités en France, en fermant des raffineries et en en licenciant le personnel.
  7. Une quasi-interdiction de licenciement, accompagnée de la mise en examen d’un certain personnel de direction qui avait essayé de préserver la marge de leurs sociétés.

On voit donc que ces mesures vont amener pour mon entrepreneur et une baisse de la consommation (donc une baisse de ses ventes), et une hausse de ses coûts incompressibles, c’est-à-dire des charges de sa société. Ses marges, prises dans cet effet de tenaille, vont absolument s’écrouler (voir Peugeot en ce moment, pour une démonstration en temps réel).

La marge brute d’autofinancement va donc se ratatiner, à la place de simplement baisser - à cause des mesures insensées prises par ce gouvernement et il existe maintenant une quasi certitude que l’économie de notre pays  rentrera en dépression fin 2012, début 2013, tant le carnage dans les PME va être incroyable cet été, comme l’ont déjà fait l’Espagne et l’Italie qui ont suivi avec le succès que chacun peut voir des politiques tout à fait similaires.

Bref, les hauts fonctionnaires sous l’impulsion des génies profonds tels Trichet ou Delors avaient déjà mis l’économie de notre pays à genoux en imposant cette incroyable stupidité appelée l’Euro.

Cette même classe, qui dispose aujourd’hui d’un pouvoir absolument sans partage et qui est composée de gens au moins aussi incompétents que les deux personnages mentionnés plus haut (ce qui parait impossible, mais est hélas la réalité) ont décidé de finir le travail et d’achever de foutre en l’air notre économie puisque maintenant, ils n’ont plus aucun contrepoids. Tout à l’air bien parti pour qu’ils atteignent le but auquel ils travaillent depuis 1974 et qui semble être de faire de notre pays une zone de non droit où le secteur privé n’existera plus - enfin.

Mon premier livre, dans lequel je décrivais dans le détail tout ce qui allait se passer si on continuait à laisser agir ces gens-là, s’appelait Des Lions menés par des Ânes, publié chez Laffont en 2001.

Rétrospectivement, je trouve que j’ai été trop sévère pour ces pauvres ânes qui ne méritent en rien d’être mis en comparaison avec nos fonctionnaires… Mais après tout, comme me l’a fait remarquer un fidèle lecteur, âne n’est-il pas l’anagramme d’ENA ? Va donc pour l’âne.

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Sur le web.

Notes :

  1. Il m’est arrivé de conseiller des États ou des banques centrales. Je l'ai toujours fait à une seule condition : qu’ils ne me payent rien.
  2. Je me ferai une joie d’envoyer aux lecteurs les graphiques prouvant tout cela et qui se trouvent tous dans l’ouvrage mentionné plus haut.

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