Vous connaissez Vingt-ans après, l’ouvrage de Dumas où l’écrivain réunit à nouveau ses célèbres mousquetaires pour une nouvelle aventure. C’est à cela que je pensais hier soir, tandis que dans la chaleur de la discussion, mon esprit embué de nostalgie s’évadait vers le passé. Mais reprenons les choses par le début.
Fin des années 60, je sais que j’ai l’air de rabâcher mais ce sont mes fondations. Le chaud mois de mai 68 est passé, nos dernières années au lycée n’ont qu’un seul but, nous faire passer notre BAC et après on verra. Je passe sur les études, il n’y avait pas que cela dans la vie, surtout à cette époque où tout était possible encore, et à notre âge puisque nous n’étions pas encore majeurs. Les copains et la pop music dans laquelle j’étais tombé pour ne jamais en ressortir réellement, tels étaient les principaux ressorts de ma vie d’alors.
De mes copains, trois se détachaient du lot, je citerai Jean-Mi en premier puisqu’il fut celui qui m’initia à la rock music ce dont je lui serai reconnaissant jusqu’à mon dernier jour, Alain qui me permit de côtoyer le monde de la musique amateur et Gilles, parce que c’était lui tout simplement. Avec le premier j’écumais les salles de concerts et les boutiques des disquaires, avec les seconds je sortais les samedis soirs comme le font tous les adolescents.
Si les parcours ont été différents pour chacun de nous, j’ai toujours continué à fréquenter ces copains devenus mes amis entre-temps. Pourtant, si je voyais Jean-Mi d’un côté et Alain et Gilles de l’autre, jamais nous ne nous étions retrouvés ensemble tous les quatre, depuis notre adolescence et Jean-Mi n’avait plus de contact direct avec les deux autres.
Aucune raison logique à cette situation, si ce ne sont les hasards dela vie. Ilétait donc tout aussi logique que la situation d’antan soit rétablie et j’étais le mieux placé, intermédiaire volontaire, pour organiser notre réunion. Pour que la magie de notre jeunesse renaisse, il fallait reprendre les choses à la base ; nos femmes resteraient à l’écart, ce moment de viriles retrouvailles devant retrouver l’odeur de nos jeunes années, c'est-à-dire pizzas et bières dans une brasserie non loin de chez moi.
Les vingt ans après de Dumas semblaient bien maigrichons face à nos quarante ans après ! Les souvenirs sont remontés à flots, les années de lycée, les concerts et la musique ont été la principale base de nos discussions après qu’on se soit montré les photos des gamins. Une excellente soirée pour des gamins de soixante ans, d’ailleurs nous nous sommes quittés en nous promettant de remettre ça avant la fin de l’année. La fine équipe est de retour, qu’on se le dise dans les chaumières !
« Il n’y a pas de plaisir comparable à celui de rencontrer un vieil ami, excepté celui d’en faire un nouveau » écrivait Kipling, qu’il me soit permis d’ajouter, qu’en rencontrer trois en même temps est un plaisir sans prix.