Dans ce récit autobiographique, Toni Bentley, ancienne danseuse étoile du New York City Ballet de George Balanchine, écrit une longue lettre d'amour à son A-man, qui lui révéla 298 fois l'extase mystique en la pénétrant religieusement par derrière. Alors, en un long monologue, elle se livre toute entière. Elle raconte son père, qui en lui écrasant une banane sur le visage l’humilie au point qu’elle n’aura plus qu’une quête : retrouver sa dignité perdue qui paradoxalement se résoudra par le désir « d’un acte volontaire de sanction disciplinaire » et « l’acte ultime d’humiliation : la pénétration anale ». Elle raconte la danse, ses dix ans de mariage, puis son émancipation à travers de multiples expériences sexuelles, ce « besoin de baise…et peut-être d’une gentille petite fessée pour soulager sa colère."
Puis voilà A-man, à qui elle offre « son tutu ». C’est toujours le même rituel : il lui téléphone avant d’arriver, elle prépare son cul, elle le lui offre puis il s’en va. Ce n’est qu’après qu’elle écrit. Elle décrit dans le menu détail ce rituel qui va devenir un rituel extatique à l’image de ceux que vivent les saintes et les adeptes d’expériences spirituelles, aux confins des limites du moi. "Lors de ce voyage initiatique, sa queue au fond de mes entrailles a été un miracle émotionnel et anatomique: l'impossible était advenu dans mon cul. Dieu avait à présent toute mon attention."
C’est donc toute la pratique sodomique qu’elle remet en question – non, ce n’est pas sale, vulgaire, irrespectueux, etc. C’est une manière comme une autre d’accéder à l’Amour, c’est une totale offrande d’amour. Malgré la limite de son contrat érotique – à découvrir - son récit ouvre avec ferveur la porte (secrète et profonde) d’un nouveau temple du plaisir (encore bien méconnu et ô combien controversé) où l’apprentissage ne peut qu’y être initiatique et la jouissance sauvage et divine.
Un livre à lire pour absoudre tous vos pêchés !
Ma Reddition: une confession érotique de Toni Bentley
Editions LA MUSARDINE, Collection lectures amoureuses, 2007
Cet article est paru dans Le Magazine des Livres en kiosque en Septembre 2007, par Katrin Alexandre Copyright