Je lis aussi, bercé par les alizés glacés, et réchauffé par ma bonne vieille cheminée, que nous n'aurons bientôt plus de pétrole, pour faire fonctionner nos automobiles, nos climatiseurs, et les aéroplanes qui nous relient à notre mère-petrie, la France. Qu'importe ! Hardi, Créoles ! Nous avons de nos mains nues dompté le volcan, maîtrisé le cruel Dodo, colonisé la nature sauvage de cette île, nous pourrons de la même manière surmonter les légers désagréments liés à la disparition du pétrole. Nous nous promènerons en calèche, à Saint-Pierre, ou sur le Barachois. Les étrons équins nous serviront d'engrais pour nos champs de salades. Les bateaux à voile remettront de la vie au Port. Les fonctionnaires auront à nhouveau leurs congès bonifiés, pour prendre douze semaines de vacances (à cause des trois semaines de voyage en mer).
Les ordinateurs seront aisément remplacés par les bouliers chinois, et les portables par le télégraphe.
La route des Tamarins verra ses radars adaptés au trot du cheval.
Bref, la pénurie du pétrole serait, à mon sens, la régénération de notre société créole. Ce n'est que l'avis d'un vieux créole, ancien ingénieur des usines à cannes.
Le Vieux Papangue