Il lui faut quarante minutes pour m’expliquer que ce qui m’arrive est une grande chance et un grand malheur. Je suis riche. Je vais pouvoir m’acheter ce que je veux. Je vais pouvoir faire des cadeaux. Mais attention. Je dois me méfier. Parce que lorsqu’on a de l’argent, soudain on vous aime. Soudain des inconnus vous aiment. On va vous demander en mariage. On va vous envoyer des poèmes. Des lettres d’amour. Des lettres de haine….(…) Je comprends de quelle maladie parle la psychologue. C’est la maladie de ceux qui n’ont pas gagné, ce sont leurs propres peurs qu’ils essaient de m’inoculer, comme un vaccin du mal. Je proteste. Il y a quand même des gens qui ont survécu…..
C’est le discours de la psychologue de la Française des Jeux, lorsque Jocelyne Guerbette va cueillir son lot de 18 millions cinq cent quarante-sept mille trois cent un euros et vingt-huit centimes. Elle avait déjà tellement attendu, jusqu’à la dernière minute en fait, pour réclamer son lot. Elle ne croyait pas vraiment en avoir besoin. Alors, Jocelyne se met à faire des listes: la liste de ses besoins, la liste de ses envies, la liste de ses folies et sa dernière liste. Quand on y songe, le bonheur reste quelque chose de tellement simple.
Après L’écrivain de la famille, Grégoire Delacourt nous revient avec ce petit roman, tout aussi prenant, émouvant et familial.
La liste de mes envies, Grégoire Delacourt, éd. JC Lattès, c2012, 185 p.