Parce qu'un été, lors du millénaire précédent qui se terminait, j'ai eu la chance de voir et d'entendre, dans une salle particulièrement obscure, ce film inoubliable qu'est l'homme atlantique de Marguerite Duras. C'est un souvenir que je garde précieusement.
La critique qui en avait été faite et que je partage aujourd'hui, je ne la connaissais pas alors et je la découvre aujourd'hui. Troublante, tous comme ces "milliers de pictogrammes noirs" dont on ne se relève jamais tout à fait.
L'oeuvre de Marguerite Duras me semble toujours plus contenir le monde entier. Comme elle le disait dans le Camion (nous en avions déposé un extrait ici, sans oublier qu'il est ressorti dans une très belle édition dvd) : "Tout est dans tout, partout, tout le temps". Et l'immanence de nous recouvrir. Tout comme ces longues scènes à l'écran noir qui plongeaient la salle dans une obscurité telle qu'il ne nous restait plus qu'à imaginer tout à la fois les personnages, les couleurs, le cadrage, le monde en somme, au son fabuleux de sa voix.
Longue vie à l'oeuvre d'un écrivain dont le génie nous survivra, nous c'est à dire l'humanité telle que nous la connaissons. N'hésitez pas, cet été, à redécouvrir les deux premiers volumes de la Pléiade , qui reprend tous ses textes jusqu'à India Song. Pour la suite, dont le script du film dont nous parlons aujourd'hui, il faudra encore attendre un peu. Mais que sont quelques années face à des émotions aussi fortes que le bruit de ces vagues sur l'océan atlantique?
11 Minutes hors de la folie et de l'agitation télécommandée, plongez pour un voyage initiatique dans un temps ralenti, c'est juste ici et c'est sur l'avenue.