Le Chuchoteur
de Donato CARRISI
(Baby Thriller - 6/20) Le Livre de Poche,
2011, p. 569
Première Publication : 2009
Pour l'acheter : Le Chuchoteur
Donato Carrisi (né en 1973 à Martina Franca)
est un écrivain italien.
Le Chuchoteur, son premier roman, vendu à plus de
200 000 exemplaires en Italie, paru en France, est
en cours de traduction dans douze pays et a déjà remporté
quatre prix littéraires, dont le prix SNCF du polar européen
2011, et le prix des lecteur Livre de Poche 2011.
Wikipédia.
Cinq petites fosses ont été creusées dans la clairière.
Au fond de chacune, un petit bras, le gauche.
Depuis qu'ils enquêtent sur les rapts des fillettes, le criminologue Goran Gavila et son équipe d'agents spéciaux ont l'impression d'être manipulés. Chaque découverte macabre, chaque indice les mènent à des assassins différents. La découverte d'un sixième bras, dans la clairière, appartenant à une victime inconnue, les convainc d'appeler en renfort Mila Vasquez, experte dans les affaires d'enlèvement. Dans le huis clos d'un appartement spartiate converti en QG, Gavila et ses agents vont échafauder une théorie à laquelle nul ne veut croire : tous les meurtres sont liés, le vrai coupable est ailleurs.
Quand on tue des enfants, Dieu se tait, et le diable murmure ?
Il m’a fallu patienter quelques dizaines de pages pour entrer dans l’histoire mais je suis ensuite allée de surprises en surprises. Donato Carrisi mène bien sa barque et les revirements de situation sont légion. Idéal sur la chaise longue (si l’été est arrivé chez vous) !
S’il faut une petite cinquantaine de pages (environ un dixième du roman) pour mettre la machine en marche, le rythme est ensuite soutenu et les temps plus calmes assez rares. Difficile donc, de lâcher le livre tant les rebondissements et révélations sont nombreux. Chaque chapitre apporte son lot de nouveaux éléments pour l’enquête et l’intrigue générale se retrouve bientôt tissée d’affaires secondaires plus atroces les unes que les autres. L’auteur offre un peu de gymnastique au cerveau de ses lecteurs - il faut parfois réfléchir une minute pour remettre les choses en place - mais ce n’est pas désagréable ou handicapant pour la compréhension générale.
A part un élément (l’identité d’un coupable) qui me semblait évident (autour de l’affaire de la petite fille retrouvée dans une flaque de larmes), tout le reste m’a laissée assez ébahie. Les révélations autour de Mila et de Goran sont finalement celles auxquelles je m’attendais le moins… mais chut. En revanche, la découverte du grand méchant de l’histoire et celle de la signification du terme « chuchoteur », sans m’avoir déçue, m’ont semblé moins spectaculaires que tout le reste et finalement, assez « secondaires ». Cela dit, la machination inventée et mise en place par l’auteur est plutôt brillante et bien menée.
Alors oui, j’ai lu certains avis qui insistaient sur le fait que certaines scènes sont volontairement exagérées, que le choix de petites filles est délibérément glauque, que certains retournements de situation sont trop… trop ; mais ça ne me choque pas et participe évidemment au « spectaculaire » de ce thriller. C’est un choix que je ne trouve pas mauvais, personnellement, et qui a le mérite de marquer le lecteur. Avouez, les choses auraient été différentes et moins « grandioses », auriez-vous lu les 500 pages avec la même avidité ?
On suit également la découverte de nombreux criminels (chaque cadavre de petite fille semble incriminer une personne différente et met au jour d’autres affaires encore plus horribles…) et j’ai trouvé ceux-ci assez crédibles. Le pire pour moi, celui qui m’a fait le plus froid dans le dos ? Le parasite, sans hésitation…
Côté forme du récit, comme je le disais plus haut, la narration n’est pas forcément évidente puisque de petites affaires sont enchâssées dans la plus grande. Et pour ce faire, Donato Carrisi multiplie les points de vue externes, sautant, selon les chapitres, d’un enquêteur à l’autre et allant même jusqu’à offrir des chapitres dédiés à une petite fille kidnappée et prisonnière (dans ceux-ci, il emploie le « je »)… Il faut donc parfois lire quelques lignes d’un chapitre avant de comprendre où l’on se trouve, de quel côté l’on se place ; mais dans l’ensemble, cela ne présente pas énormément de difficultés et enrichit, au contraire, le texte.
Les chapitres sont plutôt courts et appellent le suivant. Cette forme, liée aux nombreux rebondissements du fond, entraîne une lecture à la vitesse grand -V. Difficile de poser Le Chuchoteur avant d’avoir le fin mot de cette histoire !
Après un démarrage en douceur, l’enquête se divise et suit des fils secondaires qui supplantent bientôt l’intrigue générale. Les coupables sont multiples, il faut se méfier de tout le monde et la machination est diabolique. Des chapitres courts et de nombreux rebondissements font de cette lecture le choix parfait pour se détendre sur une chaise longue !
"Leur seul désir n'était pas de se résigner, mais de pouvoir arrêter d'espérer. Parce que l'espoir tue plus lentement."
"Nous les appelons "monstres" parce que nous les sentons loin de nous, et donc nous les voulons "différents", disait Goran dans ses séminaires. Au contraire, ils nous ressemblent en tout et pour tout. Mais nous préférons balayer l'idée qu'un de nos semblables est capable de telles atrocités. En partie pour absoudre notre nature. Les anthropologues appellent ça la "dépersonnalisation du coupable", et cela constitue souvent le principal obstacle à l'identification d'un tueur en série. Car un homme a des points faibles et peut être capturé. Pas un monstre."
"L'instinct de tuer est en chacun de nous. Mais grâce au ciel, nous sommes aussi dotés d'un dispositif qui nous permet de le garder sous contrôle, de l'inhiber. Cependant, il existe toujours un point de rupture."