(À G. Walch.)
Grée un navire, un beau navire, avec deux Voiles
Hautes comme l’Orgueil, claires comme la Foi,
Et pars à l’aventure, au large, devant toi,
Plein du divin espoir d’amarrer aux étoiles !
Pars, grisé d’Impossible et fou de Liberté,
Les yeux hallucinés par l’Idéale Grève.
L’ivresse d’être seul et d’aller vers ton rêve
Vaut mieux que le Bonheur et que la Vérité !
Les flots succéderont aux flots. Et leur colère
Te pourra rejeter loin des Ports triomphants,
N’importe ! puisque l’eau magique que tu fends
Rejaillit sur la proue en gouttes de lumière !
Fidèle au Beau navire, ô capitaine fier !
Tu verras des soleils nager dans ton sillage,
Et mourras, savourant la volupté sauvage
De braver la tempête et de sombrer en mer !..
Pierre AGUÉTANT (1890-1940).
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