Ignorer que l’Homme est un animal, un être déterminé par sa biologie, c’est passer à côté de sa vérité. C’est être encore tributaire du dualisme corps/âme, d’une pensée fortement influencée par les traditions religieuses (l’Homme, « fait à l’image de Dieu »).
Paradoxalement, c’est toute une école de pensée « à gauche » (c'est-à-dire hostile aux religions) qui a farouchement œuvré dans le sens de cette négation de l’inné, au nom de la liberté humaine, du fameux « libre arbitre ». Cela, par exemple, a donné l’axiome absurde d’une Simone de Beauvoir « on ne nait pas femme, on le devient ». Toucher à « l’âme », à la liberté humaine, c’était toucher à l’humanisme, au caractère sacré de l’Homme et donc à ses Droits.
En réalité, plus les recherches scientifiques avancent (neurosciences, paléoanthropologie…), plus elles tendent à démontrer qu’en l’Homme, la part d’inné et celle d’acquis sont indémêlables. La condition humaine est celle d’un animal hautement socialisé et hautement mimétique qui, bien que déterminé dans une assez large mesure par la biologie, possède un cerveau à la plasticité unique dans le monde animal. Ce cerveau lui donne l’inventivité, la possibilité de changer sa vie et, dans une certaine mesure, de se changer lui-même. Ce cerveau lui donne la liberté (ou, du moins, cette part de liberté, très étendue en regard de celle dont jouissent les autres mammifères). Pour autant, s’il l’éloigne en un certain sens de toutes les autres créatures vivantes, il n’en est pas moins lui-même un objet tout à fait biologique. Les scientifiques font d’ailleurs fréquemment remarquer que notre cerveau n’a, au fond, que très superficiellement évolué depuis l’âge de pierre. Nous sommes toujours sexués et sexuels, territoriaux et viscéralement attachés aux hiérarchies. De même sommes-nous irrémédiablement prisonniers de nos perceptions. Quelque soit notre liberté et la richesse de notre imaginaire, ils buteront toujours sur certaines limites qui nous sont propres : celles de notre nature. Celles d’un être dont le cerveau est à la fois très souple et très conservateur.
Il devrait y avoir conscience.
Mais souvent, il n’y a que déni.
Que les hommes qui craignent que les femmes, en devenant leurs « égales », ne se masculinisent se rassurent…A ces dernières, il manquera toujours cette force physique, cette violence qui leur permet, depuis l’aube des temps, de maintenir, précisément, les femmes sous terreur.
On ne peut pas tout avoir : l’individualisme, c’est aussi l’isolement ; la liberté, c’est aussi la nécessité de l’autonomie aride.
En Occident (et tout particulièrement en France), les gens se plaignent souvent amèrement du monde où ils vivent, de la culture dans laquelle ils évoluent.
Mais c’est oublier que ce monde où ils vivent, cette culture dans laquelle ils évoluent, ils ont contribué à les construire, comme ils contribuent à les maintenir. En un mot, ils leur appartiennent.
La « culture de la râlerie » et la crainte du changement : il faut choisir !
La France est le pays par excellence de l’Opposition.
Où trouver l’origine de la misogynie ?
Ne résiderait-elle pas précisément dans l’importance des femmes ?
Les hommes sont aimés pour eux-mêmes; les femmes pour ce qu'on attend d'elles.
Vivre en société, ça consiste pour une part terriblement importante à faire semblant.
Voilà pourquoi il est si difficile de connaître vraiment les êtres (et de se connaître vraiment soi-même !).
L'optimisme est bénéfique, sympathique, constructif, créatif; sain. Sauf quand il tourne à la béatitude aveugle et au refus de regarder les choses qui ne vont pas en face.
Depuis ses origines (le minuscule royaume francilien d'Hugues Capet), la France est obsédée par une idée: fabriquer de l'unité nationale, et la maintenir. Il semble que son Histoire ait été tellement marquée par les divisions ( Guerre de Cent Ans, Guerre de Religions, Fronde, Terreur et Chouannerie, Occupation allemande) qu'elle vit dans une sorte de hantise des différences, de la pluralité.
Car les oppositions, en France, prennent souvent un tour querelleur. Le tempérament bouillant du "Gaulois" entre alors dans un étrange conflit avec ses aspirations contraires de paysan conservateur, passif, amoureux de la "bonne vie" et pacifiste.
P. Laranco