Si vous n’allez pas plus loin, retenez juste ça :
Rassemblement de solidarité avec le peuple et les mineurs d’Espagne en lutte
Jeudi 19 juillet à 18h devant l’ambassade d’Espagne
22 avenue Marceau à Paris (métro Alma-Marceau ligne 9)
Le symbole est fort. Violent même. Cette nuit du 18 au 19 juillet a été, une nouvelle fois, marquée par des affrontements très violents entre mineurs et antidisturbios de la guardia civil de sinistre mémoire. Cette fois, c’est un petit village de 700 habitants, San Roman de Bembibre, au cœur du Léon minier, qui a été attaqué par les « forces de l’ordre ». L’alerte a été donnée via les réseaux sociaux autour de minuit, avant que les brouilleurs utilisés par la guardia civil ne coupent la bourgade du reste du monde. Ce qui explique les rares photos et vidéos disponibles.
Il y a eu des barricades. Il y a eu des tirs de balles réelles et de projectiles ressemblant à des balles de golf, et pas en caoutchouc mou. Il y a eu un peuple et les représentants les plus combatifs de sa classe ouvrière soumis à l’assaut des forces de répression. Heureusement, à ma connaissance, il n’y a pas eu de morts.
Vous allez me dire que c’est un affrontement de plus, dans le cadre d’un conflit qui est émaillé par la violence. J’ai déjà écrit sur les raisons qui poussent Mariano Rajoy, le premier ministre espagnol, à intensifier la répression. Comme Margaret Thatcher avant lui, il se donne comme mission de transformer radicalement l’Espagne. Il parle de « passer dans la modernité », il s’agit plutôt d’imposer à la piel de toro le modèle post industriel en vigueur en Europe occidentale. Raison pour laquelle il a obtenu le soutien de l’Union, de la Commission et de la Banque centrale européennes.
Projectiles tirés à San Roman de Bembibre la nuit du 18 juillet
Mais ce qui s’est passé cette nuit du 18 juillet est hautement symbolique. En Espagne, le 18 juillet c’est la date anniversaire du soulèvement militaire déclenché par Franco en 1936. Aujourd’hui, 19 juillet, une partie de la classe ouvrière internationale commémore le début de la Révolution lancée pour battre les rebelles. Las, vous connaissez la suite des événements…
C’est donc à cette date précise que la guardia civil a lancé l’assaut contre San Ramon de Bembibre. Je ne peux qu’y voir un symbole hautement politique. Je ne peux dire, de là où j’écris que Rajoy est un franquiste. Je sais juste qu’il est le chef du Partido Popular fondé par Manuel Fraga en 1989, lequel était ministre de Franco et, si ma mémoire est bonne, l’héritier politique du caudillo. Le Partido popular est le descendant direct de l’Alliance populaire, coalition conservatrice fondée en 1976 et dirigée par une majorité d’anciennes personnalités politiques du franquisme. Ce que je peux écrire aussi, en écho de ce que me disent mes correspondants espagnols, c’est que la réaction relève la tête dans la péninsule ibérique. L’Opus Déi mais aussi les nostalgiques de la Phalange de Primo De Ribeira se sentent pousser des ailes. Le gouvernement central espagnol, quant à lui, passe pudiquement sous silence le soulèvement et les victimes des fascistes.
N’en reste pas moins que, ce jeudi 19 juillet, les principales centrales syndicales que sont l’UGT et les Commissionnes obreras (Commissions ouvrières) appellent à la grève et à des manifestations dans le pays. Il s’agit de s’opposer au plan d’austérité adopté par la droite le 11 juillet dernier. D’un montant de 65 milliards d’euros, il accélère, outre la liquidation de l’industrie charbonnière, la casse des services publics et la privatisation des dernières entreprises nationales espagnoles. Ce mouvement organisé par les syndicats cohabite avec des manifestations beaucoup plus spontanées, dont la plus importante en date a eu lieu dimanche 15 juillet au soir quand des milliers d’Espagnols sont descendus dans les rues.
Il est fort possible que l’été espagnol version 2012 soit chaud. Mais ce ne sera pas en raison de la météo.
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Bonus vidéo : Rosa Leon “Ay Carmela”