Dans le numéro de février du magazine GOINGmobo, Jenz Johnson signe un article intitulé : Getting Primed.
apprêt gris
J’ai d’abord pensé à priming the wall, mettre un apprêt, puis j’ai souri, Goingmobo n’étant pas un magazine de bricolage !
Au fil de ma lecture, j’ai compris le sens de Getting Primed et découvert l’intérêt de cette technique.
En psychologie cognitive, Priming désigne un processus permettant de montrer l’influence d’une tâche sur la performance d’une tâche ultérieure. Exemple : si l’on montre le mot “citron” à une personne et qu’ensuite on lui demande de nommer une couleur, la probabilité qu’elle dise “jaune” sera très élevée.
© been here done this, Angelo Lanza
Le citron est un stimulus (l’amorce) qui va influencer le traitement d’un autre stimulus (la cible : ici, la couleur). L’effet d’amorçage permet de reconnaître la cible plus rapidement. Le mot citron a préactivé la couleur, comme le mot pompier préactive les concepts : rouge, échelle… L’amorçage (priming) n’a pas seulement des effets cognitifs, il a aussi des effets comportementaux. Dans Blink, Malcolm Gladwell démontre qu’un groupe de personnes exposées à la lecture des mots : vieux, vieil, vieillard, vieillesse… voit son énergie individuelle se réduire et de fait, les personnes du groupe se mettent à marcher plus lentement.
Jenz cite aussi les expériences de Higgins, Rholes et Jones qui tirent ces conclusions en 1977 : si vous passez un examen à multiples réponses en pensant professeur, cette posture augmentera systématiquement votre résultat de quelques points. L’amorçage permet donc d’influencer, mais surtout d’améliorer une performance.
À chaque nouvelle année vient un lot de résolutions auxquelles chacun de nous souhaite se tenir : arrêter de fumer, refaire son CV, changer de travail, reprendre des études, rencontrer plus de gens intéressants, aller au musée… Mais les semaines passent, la serrure est grippée, le radiateur de la salle de bain en panne, votre cadette fait une appendicite et votre mère une chute de Vélib… Bref toutes les excuses sont bonnes, les résolutions s’envolent, le mois de mars arrive avec ses rayons de soleil et voilà, on reporte tout pour l’année suivante. Jenz propose d’adapter et d’utiliser la méthode cognitive dans notre quotidien et faire que cette année soit différente. Il suggère d’augmenter notre niveau d’énergie de manière à gagner en concentration intellectuelle et physique (se bouger le cul du canapé). Dans mobo, il y a la notion de mobilité (mobile) !
© been here done this, Angelo Lanza
Pour garder une énergie constante, Jenz entretient son appétit, en ne se rassasiant jamais tout à fait, autrement dit, il ne se goinfre pas jusqu’à plus faim ; et adopte un modèle : une figure artistique, historique ou politique qui a accompli ce qu’il souhaite lui-même accomplir.
Je me suis interrogée sur les amorces possibles compte-tenu de la cible que je visais pour 2012.
L’énergie, oui, elle est indispensable. Il faut donc supprimer les activités qui me prennent de l’énergie ou la diminuent : regarder la télévision, se divertir à hautes doses, bref toute activité qui mettent dans un état passif ; et absolument privilégier les activités qui rendent actif. Se rendre à une expo, une pièce ou une lecture par exemple. Suivre le blog d’un auteur, d’un artiste, d’un photographe.
Cette semaine, j’ai découvert been here done this d’Angelo Lanza, artiste qui sillonne New York à bicyclette prenant des instantanés avec son iphone. Ses photos questionnent nos stéréotypes. Elles sont des déclencheurs, donc des stimulus. L’art nourrit, inspire, donne envie de créer, de vivre pleinement. Et avoir envie de vivre pleinement, c’est déjà vivre mieux.
© been here done this, Angelo Lanza
© been here done this, Angelo Lanza
Surveiller mon vocabulaire et celui des autres : un mot ne vient jamais seul, il est toujours associé à d’autres mots. Je vis dans une culture où la forme négative est fréquente dans le langage. Le français dit plus facilement c’est pas mal ! Je ne pense pas que… tandis que l’américain It’s Great! I think that… Le langage préactive l’attitude. En France, on vous répond systématiquement non avant parfois de finir par vous dire un c’est possible. Dans un tel contexte, il m’est indispensable d’amorcer régulièrement mon état d’esprit en répétant ou écrivant une liste de mots positifs avant d’entreprendre toute démarche, de manière à me préserver de la négativité ambiante et ne pas voir mon énergie dilapidée en moins d’une seconde. Et, ça marche. On me dit de moins en moins non, même à la poste.
© been here done this, Angelo Lanza
Des mots positifs ? Able, adventure, ageless, alive, attune… pour ne prendre que la lettre A. Liste complète en anglais : http://www.scribd.com/doc/4097251/A-to-Z-of-Positive-Words
Les images comme les mots suscitent en nous des associations, véhiculent des idées et peuvent modifier notre comportement. Les publicitaires le comprennent très bien et aujourd’hui l’amorçage est utilisé dans de nombreux domaines, alors pourquoi ne pas en faire un outil personnel ?
Qu’est-ce qui pourrait stimuler votre esprit, votre comportement et vous permettrait d’atteindre votre cible plus vite, de manière plus efficace et sur du long terme ? Quels stimulus vous rendraient plus performant, plus apte à atteindre vos objectifs qu’ils soient d’ordre professionnel, amoureux ou récréatif ?
L’amorce a une incidence directe sur les comportements et permet au sujet amorcé un accès plus rapide à la cible visée.
N’appelez plus le réel le hasard ! Préparez vos amorces et partagez-les sur ce blog !
Pour lire l’article Getting Primed de Jenz Jonhson ICI
Pour découvrir les instantanés d’Angelo Lanza ICI
Blink de Malcolm Gladwell (La force de l’intuition…) en français ICI