Voilà un album que je n'avais pas réécouté depuis très longtemps et que je suis bien content d'avoir retrouvé. C'était le temps où je consacrais une partie de mes matinées de weekend à arpenter les discothèques parisiennes jusqu'à étouffer mon sacs à dos de cds de toutes sortes que je mettrais ensuite la semaine à écouter (du bonheur). Le résultat fut bien sûr très enrichissant mais néanmoins plutôt encombrant, à l'image de mes tours de cds gravés qui encombrent encore mes armoires et parmi lesquelles tenter de chercher un artiste précis s'avèra vite très contraignant. Heureusement pour moi j'ai gardé en mémoire une bonne partie de toutes les pochettes d'alors (mémoire sélective dans mon cas bien plus efficace lorsqu'il s'agit de musique que pour n'importe quoi d'autre), si bien qu'il m'arrive souvent d'acheter un album sans savoir pour autant de quoi il en retourne exactement, simplement sur l'impression que j'en garde de cette époque.
Concernant ce combo organisé autour du pianiste Malcolm Braff déniché par hasard il y a une semaine pour une somme modique chez un disquaire du coin, je peux dire que s'il m'avait semble t-il déjà marqué 10 ans plus tôt, je reste encore aujourd'hui sous le charme de cette musique festive et chaloupée que je redécouvre avec énormément de bonheur à chaque fois. Elle me parle d'autant plus que je viens d'avoir ma période Abdullah Ibrahim et que ces 2 styles, s'ils se distinguent nettement l'un de l'autre se retrouvent néanmoins sur beaucoup de points, à commencer par l'emploi de mélodies usant de saveurs africaines ou sud-américaines et qui devraient régaler un large public.
Malcolm Braff est un musicien du monde que le jazz a commencé de dévorer à l'âge de 19 ans. Né en 1970 à Rio De Janeiro, il part pour le Sénégal avec ses parents à 2 ans. C'est dans une école dakaroise qu'il fera ses premières armes sous la coupe du professeur Santos et qu'il débutera sur scène. L'apprentissage se veut moins stricte que dans les écoles occidentales ce qui n'est pas pour déplaire au jeune apprenti. Lui qui n'a jamais apprécié le solfège et qui a toujours privilégié le jeu "à l'oreille" se réfère plus facilement au jeu de son professeur plutôt qu'aux partitions posées devant ses yeux. Mais qu'importe, le talent est là. En 1983 la famille de Malcolm déménage de nouveau, pour la Suisse. Suivront des années de piano classique jusqu'à ce jour de 1989 où lors du festival de Montreux il entend les notes d'un quartet de hard bop australien (Wizards Of Oz). Il sera happé par les formes d'improvisations permises et la cohésion apparente des musiciens sur scène, si bien qu'il quittera rapidement le conservatoire de Genève pour l'école de jazz de Lausanne. Pour autant il ne se fera pas à la rigueur de cette formation, trop proche selon lui de la musique classique, et surtout trop académique pour lui permettre de s'épanouir pleinement. La suite se fera donc seul, mais le plus souvent bien accompagné. En trio, en quatuor, en solo, en combo comme pour le disque dont il est question aujourd'hui, qu'importe la formation puisque l'essentiel tient dabord dans cette manière innée et instinctive qu'il a de jouer du piano comme s'il s'inspirait en permanence du monde qui l'entoure autant que du métissage qui le compose. Un monde qu'il a parcouru depuis tout petit et qu'il a vu pousser, un monde que nous autres auditeurs distinguons de loin avec un grand M, comme merveille... Olivier Clerc (batterie) - Malcolm Braff (piano) - Matthieu Michel (trompette) - Bänz Dester (basse) - Yaya Ouattara (percus)