"Le Titanic Euro a désormais touché l'iceberg"

Publié le 19 juillet 2012 par Copeau @Contrepoints

Dans une récente intervention au Parlement européen, au cours de laquelle il propose un saisissant résumé de la situation en Europe, Nigel Farage (UKIP) pointe le principal défaut de l'eurozone : "le génie de l'endettement mutuel".

Par Thibault Doidy de Kerguelen.
Je ne suis pas toujours d’accord avec les analyses de Nigel Farage. Nigel Farage a toujours été opposé à l’Euro, même lorsque celui-ci fonctionnait intelligemment, et très souvent ses analyses sont assorties de considérations subjectives voire idéologiques.

Néanmoins, il faut reconnaître que la situation actuelle de la zone Euro lui permet des interventions au parlement européen comme celle-ci, datant du 13 juillet dernier. Passée la première minute où il s’en prend, à son habitude, aux deux Présidents de l’Europe, tout ce qu’il dit est juste. Sa démonstration sur les taux d’emprunt de l’Italie est exacte, sa projection et son évaluation des besoins des banques espagnoles aussi. Ne perdons pas de vue que le gouvernement britannique prépare une consultation populaire afin de savoir si les Britanniques souhaitent ou non maintenir leur appartenance à l’UE. L’acharnement de Nigel Farage à démontrer que si l’Euro marche sur la tête (et je le répète sa démonstration est juste) c’est parce que toute l’UE marche sur la tête, est à inscrire dans ce contexte.

Nous évoquions récemment différentes positions en Hollande, en Allemagne, en Finlande où commencent à se faire entendre des voix très hostiles à l’Euro et à l’UE. En voici une nouvelle : le Danemark. Ceci est paru dans JYLLANDS-POSTEN, premier quotidien danois : "Le Danemark échappe à une énorme facture", titre le quotidien danois à la une de son supplément économique. Il a demandé à deux économistes de calculer combien le pays aurait dû débourser dans le cadre des programmes de soutien aux pays de la zone euro, si le royaume en avait fait partie. Réponse : "338 milliards de couronnes, soit 45 milliards d’euros, c’est une énorme facture pour notre PIB. Les Danois ont donc eu raison de refuser par référendum l’adhésion à l’euro en 2000". "Qui voudrait faire partie d’un club dont la cotisation augmente sans que vous sachiez de combien et qui augmente constamment ?" demande Christian Blaabjerg, économiste.

Les politiques interrogés confortent cette analyse. Ceux qui étaient opposés à l’entrée dans l’Euro, bien sûr, "Il n’y a personne d’autre à payer la facture que les pays de l’euro, et nous ne sommes pas concernés, car, heureusement, nous ne sommes pas dans la zone euro", a déclaré Bjørnskov qui croit que l’euro était condamnée dès le début. Il ajoute : "L’euro est une structure qui encourage les pays à se comporter de façon irresponsable, parce que les politiques peuvent promettre n’importe quoi ; au bout du compte, ce seront les pays de l’euro, conjointement et solidairement, qui seront responsables des dettes que vous aurez contractées". Même Marianne Jelved, l’ancienne présidente de la gauche radicale qui avait fait campagne pour l’Euro prend aujourd’hui ses distances. Elle déclare : "Le problème est que plusieurs pays n’ont pas respecté les règles. S’ils l’avaient fait, nous n’aurions pas eu les problèmes que nous avons aujourd’hui."

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