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Syrie : raisons d'une fin annoncée

Publié le 19 juillet 2012 par Egea

Les combats qui se déroulent dans Damas sont le signe d'un nouveau tournant de la guerre. A relire les billets que je publie depuis un an, je m'aperçois que les analyses sont valides. Parce qu'au fond, le pouvoir syrien n'a jamais pris l’initiative.

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Ce billet récapitule succinctement les étapes de l'analyse, avant d'évoquer les raisons de l'échec de B. Assad.

1/ Il y a un an, ce billet montrait le changement d'environnement, et les deux options qui s'offraient : " la première est celle de la maîtrise des manifestations par le régime (...), la seconde verrait d'une part l'opposition s'organiser politiquement, puis militairement, pour engager un scénario à la libyenne, encouragé par des défections dans l’appareil sécuritaire et l'abandon du soutien populaire qui persiste encore". Constatons que c'est plutôt la deuxième option qui a prévalu, celle de l'enracinement de la contestation, avec l'agrégation militaire (mais toujours pas d'agrégation politique, ce qui a d'ailleurs permis à Assad de durer)

2/ En décembre, je posais la question "le régime peut-il tenir?". A l'époque en effet, certaines voix dans la presse pariaient sur un écroulement rapide. J'affirmais que cette rapidité était illusoire. En effet, tant que le régime conservait le contrôle d'Alep et de Damas et cantonnait la rébellion à la bande Hama-Homs, il pouvait conserver des espoirs.

3/ En mai, je montrais tout d'abord qu'il n'y aurait pas d'intervention internationale, à la différence du Kossovo et de la Libye : cela signifiait qu'on entrait en guerre civile. Du coup, le tournant était annoncé dès la fin du mois, avec le début des combats à Alep, premier véritable "tournant" de l'affaire syrienne.

4/ Depuis, de multiples incidents sont venus confirmer ce tournant : multiplication des combats dans l'ensemble du territoire, premières défections, d'abord de pilotes de chasse puis d'officiels, affaire du F4 turc soi-disant abattu (voir billet)...

5/ Le déclenchement de combats à Damas vient couronner une ébullition qui montait depuis quelques semaines. L'extension à la capitale est le signe du deuxième tournant, celui de la fin. A mon avis, elle prendra encore du temps et je ne crois pas à une chute du régime en quelques heures voire quelques jours. Mais cela ne se compte plus en mois.

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6/ Quelles sont les raisons de cet échec syrien ? au simple fait qu'il n'a pas su varier ses positions stratégiques. Et que la répression, même la plus sanglante, ne pouvait fonctionner durablement à l'heure d'internet et des réseaux : ces réseaux ne sont pas seulement des réseaux de tam-tam médiatique (on ne peut les réduire à des réseaux sociaux comme Facebook ou twitter), ils sont aussi des systèmes de communication. Surtout, il y a d'autres réseaux que le régime n'a pu contrôler : réseaux d'argent, d'hommes, d'armes, de conseils... Autrement dit, un certain nombre de soutiens se sont organisés depuis l'extérieur, de façon opaque et discrète. Officiellement, "la communauté internationale ne faisait rien". Ouh, la vilaine, et les belles âmes de se scandaliser, à ne voir que l'écume médiatique. Mais il est fort probable que ces mêmes puissances ont agi en sous-main. L'époque est à la stratégie indirecte.

7/ Or, si l'expression a été très populaire depuis Liddl Hart, force est de constater qu'on s'est surtout intéressé aux moyens de la mettre en place. On s'est rarement intéressé au moyen de la contrer. Et l’approche insurrection/contre-insurrection me semble un peu limitée pour aborder ce sujet.

8/ Bachar Assad a cru qu'il saurait faire et que sa stratégie de contre-insurrection aurait les moyens que n'avaient pas eu les Occidentaux en Irak ou en Afghanistan. Lui ne combattrait pas "une main dans le dos", lui ne reculerait pas dans l'usage de la violence. Il vient de prouver que la guerre contre la population n'est pas plus facile que la guerre au sein des populations.

9/ J'avais remarqué en son temps que Kadhafi avait perdu parce qu'il était resté immobile, ne prenant aucune initiative. B. Assad a agi, mais toujours dans le même sens, polarisant donc les hostilités. Une stratégie directe et invariante. Qui débouche sur l'échec.

10/ Il va donc falloir s'interroger bientôt sur l'après Assad. Certains craignent la prise en main par les sunnites, voire les islamistes. Mais cela présuppose le maintient de l’unité du pays. Je ne la crois pas aussi assurée. La chute d'Assad ne sera qu'un moment dans le vaste mouvement qui agite la région depuis dix-huit mois.

O. Kempf


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