Cécile Duflot se fait chahuter à l'Assemblée Nationale à cause d'une robe, alors qu'avant les mêmes désapprouvaient son jean. Bien sûr, c'est du machisme, qui ne prend même plus peine de se déguiser avec quelque grand principe.
Au-delà de la bassesse, il y a la stupidité de la manoeuvre, et c'est là qu'on reconnaît facilement la marque de Jean-François Copé, dont l'originalité profonde émerge peu à peu, sous la forme d'une utilisation savante de la bêtise. Au-delà de cet incident révélateur, donc, une stratégie de communication se met en place.
Quand Jean-Marc Ayrault prononce son discours de politique générale, l'UMP se distingue en faisant le plus de bruit possible, chants de "Noah ! Noah ! Noah !", des interruptions incessantes, du très bon goût en général. L'UMP choisit de montrer son manque de respect pour les institutions en faisant événement dans le chahut. Il est évident que cet épisode préparait celui de Duflot.
Mais pour comprendre ce qui se passe, il faut remonter un peu plus loin, au moins jusqu'à ce débat télévisuel entre Hollande et Copé, en mars sur le plateau de "Des Paroles et des actes", où la tactique de Copé se résumait à harceler son adversaire, lui couper la parole et généralement lui empêcher de dire quoi que ce soit.
Ce débat était-il un tournant pour Monsieur Copé, ou bien cette approche fait-elle partie de l'essence même de l'esprit copéïstique ?
Peu importe : libéré de la tutelle de Sarkozy, qui avait une autre conception du vacarme, Copé peut enfin imposer son propre style de communication à son parti. C'est un style où il n'est pas besoin de développer des arguments, convaincre, séduire. C'est la politique du bruitage. Faute de mots, on fait des sons qui distraient le public et agacent l'adversaire.
Peut-on, à ce stade, dire avec certitude que l'opposition n'introduira pas des coussins péteurs et des vuvuzelas dans l'hémicycle ? Non, toutes les options restent sur la table.