L’ensemble de l’esplanade d’Aix-les-Bains a fêté, durant tout le week-end, les 10 ans du festival Musilac. Plus de soixante-quinze mille visiteurs ont peuplé cette onzième édition. Nous avons donc pris nos maillots de bain et avons filé en Savoie pour y tester la température du lac du Bourget.
Vendredi
Suite à des problèmes de logistique, l’arrivée d’ATD sur le site de Musilac a été différée. Des problèmes d’organisation nous obligeant à faire des allers-retours entre les deux campings du site pour, au final, atterrir dans celui auquel nous n’étions pas censés avoir accès : le camping n°2 (le plus « naze »). Ayant opté pour une « vraie tente » pour son côté folklorique, nous dépensons donc une bonne heure à nous installer.
Heure théorique d’arrivée devant la scène : 15h00.
Heure réelle d’arrivée devant la scène : 20h38.
Nous avons donc loupé The Lanskies et Alabama Shakes : la journée s’annonce « au top ».
Noel Gallagher’s High Flying Birds
Lorsque les premières notes de (It’s Good) To Be Free résonnent, nous sommes encore à quelques centaines de mètres de la scène. Se muant en coureurs de 10 000 mètres steeple, nous établissons un nouveau record de vitesse de circuit et parvenons, avec une facilité déconcertante, à nous placer assez près de la scène pour profiter de Noel, et assez décalés pour pouvoir enchaîner sur The Kills sur la scène siamoise. Nous voilà donc au beau milieu de la foule, Musilac peut commencer. Pour ce concert, nous ne savons pas si nous devons nous attendre à un show revival d’Oasis ou si Noel allait confirmer son émancipation et nous livrer ses propres titres. C’est pour la première solution que le mancunien a opté. Il nous livre une setlist composé pour les trois quarts de morceau de son ancienne formation. Conscient qu’un monument de la musique se tient devant nous, nous essayons d’être indulgents quant à la performance qui nous est livrée, en vain. C’est mou au possible. Noel se repose sur les vieux morceaux d’Oasis et joue les titres comme s’ils suffisaient à faire vibrer le public. Bien sûr, chacun sourit lorsque l’icône débute un titre qu’il connaît bien, mais rien de plus ne se produit. Lorsque le flegme britannique se voit poussé à son paroxysme, la sauce ne prend pas. Chacun pourra donc clamer « J’ai vu Noel Gallagher », mais on doute que beaucoup se souviennent de ce concert.
The Kills
Durant les derniers riffs de l’ex-chanteur d’Oasis, nous avions déjà les yeux rivés sur la scène qui se préparait juste à côté. Une immense toile aux motifs léopard était en train d’être tirée en fond de scène. Entre les deux shows la foule fait une centaine de pas vers l’Est pour se placer devant la seconde scène. Alison et Jamie font leur entrée après dix minutes d’annonces publicitaires sur écrans géants. Lookés très rock’n’roll, la jeune femme arbore une chevelure blonde aux pointes roses qu’on ne lui connaissait pas et qui se marie à merveille aux spots mauves qui éclairent la toile de fond. Les deux membres sont accompagnés par quatre jeunes hommes tous vêtus de la même veste en cuir noir et arborant le même foulard rouge sur le bas du visage. Disposés sur la scène de manière symétrique, ils frappent sur des toms avec une régularité qui rappelle l’époque du communisme en Europe de l’Est et qui tranche avec le chaos qu’essaient de faire régner Alison et Jamie au cœur des planches. Le show est vraiment prenant ; Future Starts Slow, No Wow, tout y passe. On regrettera néanmoins l’absence de U R A Fever et le fait que trop de parties instrumentales sont déjà préenregistrées. Le show se termine. Ils ont réussi à nous faire oublier la déception et la déconfiture de notre début de soirée.
Quelques minutes plus tard, nous sirotions une bière durant le concert de Jean-Louis-Aubert lorsqu’une forte pluie a vidé le festival de plus de la moitié de ses spectateurs. Effet de masse oblige, nous avons décidé de rentrer pour être au point le lendemain.
Samedi
Le soleil tape fort, dès l’aube, si bien que les campeurs sont tous debout avant 9h. Nous profitons donc de cette belle journée pour aller faire trempette au lac. L’ambiance est délicieuse. Quand certains festivaliers se gagnent les coins ombragés pour organiser un tournoi de pétanque ou démarrer gentiment leur beuverie, d’autres (nous y compris) s’étendent sur les plages de galets. L’eau est excellente et le temps passe trop vite. Nous avons a peine eu le temps d’attraper des coups de soleil sur la totalité de nos corps trop blanchis par la saison hivernale qu’il nous faut rejoindre notre campement et rejoindre la scène. La soirée s’annonce on ne peut plus intéressante. Connaissant déjà le niveau de prestation d’Orelsan et Metronomy, nous venons pour renouer avec Franz Ferdinand.
Orelsan
Même scénario que la veille et même course contre la montre pour arriver dans la foule à la fin de Raelsan, premier morceau de la setlist du rappeur caennais. Nous avions déjà assisté à son show il y a quatre mois, au Fil de Saint-Étienne et venions pour vérifier que l’artiste saurait adapter sa prestation au cadre d’un festival. Et en effet, même si les titres joués et le discours d’Aurélien sont les mêmes, des variantes assez plaisantes apparaissent. Le public réagit bien. Il faut dire que la majorité est déjà acquise à sa cause et connaît l’intégralité des paroles. Même s’il n’a pas livré le plus gros show du festival, Orelsan a assuré sa prestation.
Metronomy
Il nous faut jouer des coudes pour pouvoir se décaler jusqu’à la scène du Lac, où les techniciens de Metronomy s’affairent à effectuer les derniers réglages. Après quelques minutes, Joseph Amount débarque sur scène avec une telle discrétion que lorsque l’on se rend compte de sa présence, il est déjà devant son clavier. Gbenga, Oscar et Anna le rejoignent et c’est parti. Le fait qu’il fait encore jour ne permet malheureusement pas aux membres de porter sur la poitrine leur lumière caractéristique qui clignote au rythme de la musique. Nous croyions avoir tourné la page Metronomy il y a un an et pensions déjà devoir attendre un prochain album pour que le quatuor nous fasse à nouveau vibrer. Nous nous trompions, bien évidemment. La formation, originaire du Devon en Angleterre, produit déjà, à l’accoutumée, une musique dansante ; mais là, leur musique a pris une toute autre dimension. Gbenga Adelekan a dû pousser le bouton « treble » de sa basse au maximum parce que, « mon Dieu », ça claque ! Les titres s’enchaînent à une vitesse folle, revisitant les deux derniers albums du groupe, « Nights Out » et « The English Riviera ». On a tout jute eu le temps de se mettre en jambes que le show se termine, nous laissant tout juste le temps de trouver une place convenable pour Franz Ferdinand.
Franz Ferdinand
C’est un Alex Kapranos en chemise en jean, coupe au bol et moustachu (tel un membre de Citizens!) qui enflamme l’esplanade dès les premières notes de Do You Want To. La foule danse, chante, hurle. On n’avait plus entendu parler des écossais depuis la sortie de leur album « Tonight » en 2009 et pourtant, la densité de leur prestation laisse penser qu’il n’y a eu aucune pause dans la vie du groupe. Les titres défilent à une vitesse folle. Walk Away, Michael, The Dark Of The Matinée, les muscles extenseurs sont énormément sollicités. Chacun saute au rythme de la basse de Bob Hardy. Lorsque le moment est venu pour la formation originaire de Glasgow de jouer son hypertube Take Me Out, les cris de la masse sont tellement puissants qu’un frisson d’excitation parcourt nos corps. Ce sera l’apogée de la soirée et un des moments forts du festival. Nous attendions énormément de Franz Ferdinand et nous avions raison.
« Tout est millimétré »
Nous profitons du mouvement de foule de fin de concert pour reculer de quelques centaines de mètres, croisant les fans de Lenny Kravitz qui font le chemin inverse. Nous nous posons devant les écrans géants au milieu de l’enceinte du festival pour admirer Monsieur Lenny. Le show correspond à tout ce que l’on peut attendre d’un tel artiste. Tout est millimétré. Nous pensons cependant que Monsieur aurait plus sa place dans un stade que dans un festival tel que Musilac. Le concert reste cependant très bon.
S’en suit le show de Shaka Ponk qui, malgré que nous ayons fait l’effort de nous retrouver assez près de la scène, ne nous transporte pas et paraît bien trop surjoué.
Fin de soirée. Nous regagnons, épuisés, notre campement de fortune.
Dimanche
Le réveil est difficile et les jambes sont lourdes. Nous les économiserons durant toute la journée jusqu’au début des concerts.
Skip The Use
Arrivés sur la fin de la prestation des lillois, nous pouvons tout juste profiter de quinze minutes de leur show pour nous mouvoir de manière frénétique avec trente mille autres festivaliers. Nous regrettons d’avoir loupé la plus grande partie de ce concert qui avait l’air de valoir réellement le coup. Quelques minutes de leur set nous permettent d’être en jambe pour la suite de la soirée qui s’annonce mouvementée.
Two Door Cinema Club
On a beau ne pas se rappeler le titre de chaque morceau des irlandais, les mélodies sont gravées en nous, pour peu que l’on ait écouté leur album ne serait-ce qu’une fois. De Undercover Martyn à Costume Party, les mélodies rivalisent de fraîcheur et de pêche. C’est dansant au possible ! Leur prochain album est annoncé début septembre et nous en salivons déjà.
LMFAO
Nous ne vous parlerons pas du « concert » de LMFAO, ici. Ce show mérite son propre article. Curieux, restez donc attentifs.
Blink 182
C’est le groupe le plus attendu du festival. Le retour en France de Blink 182 est perçu par leurs fans comme une délivrance, la réouverture d’un livre dans lequel chacun rêve de replonger. Des festivaliers ont traversé la France entière pour assister à ce show. Le groupe a vingt ans cette année et n’a pourtant pas pris une ride. La foule entière hurle les paroles de chaque morceau et saute à une hauteur folle. Les coups de soleil attrapés la veille nous font vraiment souffrir, mais le mal paraît insignifiant comparé à la sensation que nous procure Feeling This, I Miss You et Carousel. Nous commencions à nous penser vieux, à ne pas apprécier des concerts tels que ceux de Shaka Ponk et LMFAO ; Blink 182 nous a fait voyager dans le temps, nous ramenant dans la première moitié des années 2000, et nous les en remercions.
Même si cette édition de Musilac s’est avérée être un poil en deçà de nos espérances tant au niveau de l’organisation (cf. nos problèmes de camping) que des performances de certains artistes, l’ambiance générale qui en est ressortie du festival fût délicieuse.