Les Knicks tournent la page Lin

Environ 6 mois. Voilà combien de temps aura duré la folie Jeremy Lin à Big Apple. Elle a pris fin tard hier soir, quand les Knicks n'ont pas égalé l'offre des Rockets avant la deadline des trois jours. Sans doute un bon choix compte tenu du contrat mirobolant (principalement la troisième année à 15 Millions de dollars) qui aurait plombé la masse salariale de la franchise dans le futur.
Qu'a donc fait ce jeune meneur issu d'Harvard pour mériter autant d'égards ? Un mois de février sensationnel (20.9pts, 4.0rbds et 8.4pds en moyenne par match) alors que les Knicks pataugeaient dans la semoule sans Carmelo Anthony et Amar'e Stoudemire, cause directe d'une série de 10 victoires en 13 matchs. La success-story est lancée, amplifiée par le phénomène Gotham, et rien ne pourra l'arrêter. Même la NBA se plie en quatre pour nous le servir à toutes les sauces lors du All-Star Weekend. D'origine taïwanaise, il permet à la grande ligue de se relancer sur le marché asiatique, plusieurs mois après la retraite définitive de Yao Ming. Une aubaine marketing en quelque sorte.
Sa fin de saison sera plus anonyme, notamment à cause d'une blessure qui le privera intégralement des playoffs. Vient alors la question du renouvellement de son contrat et il ne fait aucun doute qu'il va rester un Knick, jusqu'à cette offre des Rockets. Les Knicks ne tardent pas à trouver une solution de repli avec le retour de Raymond Felton (qui avait été sommé de partir pour Denver afin de récupérer Carmelo Anthony), à qui une place de titulaire a été promis lors de sa signature, selon le New York Post, une nouvelle preuve que les Knicks étaient déjà certains de ne pas vouloir conserver Lin.
Les Knicks ont-ils vraiment perdu dans l'histoire ? Si bénéfique soit-il en-dehors du terrain, rien ne dit que Jeremy Lin aurait été plus performant que Felton dans son rôle. Distribuer le ballon à un effectif très fourni en talent offensif mais surtout en caractère (Anthony, Stoudemire, JR Smith...) n'est pas chose aisée. Felton, s'il retrouve la forme (ce qui signifie perdre les siennes), est un meilleur gestionnaire et saura sans doute mieux faire tourner la boutique. Son passage aux Knicks à l'automne-hiver 2010 est en ce sens rassurant (17.1pts et 9.0passes). Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si cette période correspond à celle où Stoudemire était irrésistible sous le maillot des Knicks. Jason Kidd et Pablo Prigioni seront de parfaits relais sur le terrain et dans le vestiaire et assureront une continuité et une stabilité dans le jeu qui manquait cruellement aux new-yorkais la saison dernière.
Quant à Jeremy Lin, il se retrouve finalement dans la situation qui était la sienne quand il a éblouit le Madison Square Garden. Un effectif très pauvre (les Knicks avaient leurs blessés, les Rockets ont vidé leur roster cet été), carte blanche avec un poste titulaire assumé et un statut d'icône. Reste à savoir s'il aura le même rendement. Si tel est le cas, alors les deux parties pourraient sortir gagnants de ce divorce encore improbable il y a quelques semaines.