Titre original : Trepass
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Joel Schumacher
Distribution : Nicolas Cage, Nicole Kidman, Ben Mendelsohn, Liana Liberato, Cam Gigandet, Jordana Spiro, Dash Mihok, Emily Meade, Nico Tortotella, Brandon Belknap…
Genre : Thriller
Date de sortie : 18 juillet 2012
Le Pitch :
Un négociant en diamants richissime et sa famille sont pris en otage chez eux par trois voleurs…
La Critique :
Depuis le palpitant huis-clos Phone Game, la carrière de Joel Schumacher est en chute libre. Ironie du sort, Chute Libre reste à ce jour son meilleur film. Cinéaste à la réputation d’artisan efficace habitué des castings prestigieux dans les années 80/90, Schumacher ne cesse depuis quelques années de s’enfoncer dans les tréfonds de la médiocrité. Salement plombé par le naufrage de Batman & Robin, Schumacher ne connait en toute logique plus trop les faveurs des salles de cinéma ces derniers temps. En France néanmoins, on continue de distribuer ses longs-métrages. Et si son film d’horreur bancal avec Michael Fassbender, Blood Creek, a directement atterri dans les rayonnages des supermarchés chez nous, Twelve et ce dernier Effraction ont eu droit à une sortie dans les multiplexes.
Effraction est un film qui ressemble à beaucoup d’autres. Un thriller poussif, trop long et désespérément plat. De quoi aller rejoindre Le Nombre 23 (peut-être la plus grosse purge de Schumacher), Blood Creek, Batman & Robin ou encore 8 mm dans la liste des plus gros ratés du réalisateur septuagénaire.
Vous aurez remarqué que le pitch d’Effraction tient en une seule phrase. Les mecs s’y sont quand même mis à deux pour l’écrire. Des scénaristes qui ont bien potassé leur sujet en se passant probablement en boucle des films comme Panic Room, de Fincher, ou La Maison des otages de Cimino. Le résultat n’arrivant pas à la cheville du Cimino -pourtant moyen- et encore moins à celle du Fincher, qui pour sa part, tabasse comme il se doit. Joel Schumacher lui, ne se foule pas. Il pilote son produit comme un vieux briscard hollywoodien, sans malice, ni passion pour son sujet. En même temps, difficile de lui en vouloir tant l’histoire de ce long-métrage ne raconte rien qui mérite d’être raconté. Effraction ne sert à rien pour la simple et bonne raison qu’il laisse transparaitre le je-m’en-foutisme total d’une bande de blasés, qui sont juste là pour ramasser leur chèque en fin de tournage.
En tout logique, la réalisation de Joel sent elle aussi le réchauffé. Et ce qui aurait pu passer en début d’après-midi sur M6, s’avère ici nettement insuffisant.
À la limite, les acteurs peuvent provoquer un ou deux sursauts. Via les dialogues notamment, plutôt drôles si tant est que l’on ait l’esprit taquin. Ces derniers, qui se résument par ; «-Ouvre le coffre ou je tue ta femme/fille !, -Non !», cachent quelques perles déviantes (« Comment tu veux que je lise sans mes lunettes espèce de con ?! » lance Nic Cage à un malfrat qui lui demande d’examiner des papiers). Il faut bien essayer de se divertir, parce qu’autant dire qu’une heure et demi c’est plutôt long quand rien ne se passe de particulièrement passionnant à l’écran.
Il fallait s’en douter. Schumacher n’est plus -et ce depuis longtemps- un réalisateur à suivre. C’est la présence de Nicolas Cage qui pousse à la faute dans le cas présent. Cage qui tourne à tour de bras et qui, par sa seule présence, peut sauver les meubles. Comme pour Le Pacte, sorti en début d’année. Hell Driver, sous ses apparences pas bien glorieuses, était carrément ultra jubilatoire (mais là ce n’est uniquement grâce à Cage). En gros, avec Cage au générique, il faut tenter le coup. Dans Effraction, il fait le minimum syndical. Nous avons droit à un petit pétage de plomb -grande spécialité de Nicolas Cage- et puis c’est tout. Le reste du temps, Cage est lui aussi en pilotage automatique, comme consterné d’avoir rendu service à son vieux pote Schumacher, en acceptant de tourner dans ce truc tout tristounet. Nicole Kidman, quant à elle, est juste absente. Ses lèvres, plus pulpeuses que jamais, envahissent les plans serrés, telles de gigantesques publicités contre la chirurgie esthétique. Nouvelle venue dans le club très ouvert des ex-icônes victimes des ravages du bistouri (club qui compte aussi Meg Ryan et Melanie Griffith), Kidman n’est ici que pour payer les traites de sa piscine (ou celle de sa prochaine intervention). De quoi enterrer un petit peu plus ce thriller de bas étage aux rebondissements moisis. Rien ici ne justifie le prix qu’il faut désormais payer pour voir un film au cinéma.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : Millennium Films