Pour les chanceux qui se rendent aux fêtes maritimes Brest 2012, ne manquez pas l'évènement de la journée : Chargement des 8 000 bouteilles de vins naturels à bord et visite du voilier "Tres Hombres" .
Il s'agit non seulement par ce transport de "faire voyager ce vin selon une vieille tradition qui veut qu’il n’atteigne vraiment la perfection qu’après avoir fait une traversée sur un voilier", comme le rappelait Henry de Monfreid dans Le Pilleur d'épaves, mais aussi et surtout de continuer à transporter à la voile des volumes croissants de marchandises.
Cela constitue la première opération d'exportation de vins naturels à destination du Danemark, mais ce chargement est également le plus important pris en charge par le "Tres Hombres".
A l'origine de cette opération, Olivier Cousin, Vigneron paysan en Anjou, et autrefois aventurier des mers en solitaire, est aujourd’hui l’incontournable mercenaire d’un mode de culture pour le moins biologique, d’une manière de vivre et de produire qui fait du bien et aux hommes, et à la terre. Le transport maritime durable ça l’a forcément tout de suite tenté...
A vins naturels, transport durable
Lors de l'opération TOWT en octobre dernier, il a chargé quelque 300 bouteilles de son cabernet franc de l’année – un cépage qu’en Anjou on appelle le "Breton", en mémoire d’un abbé d’Armorique qui l’a localement implanté en son temps, cela ne doit rien au hasard... Son chargement fut confié à l’équipage du "Tres Hombres", un splendide deux-mâts affrété par la société TransOceanic Wind Transport à destination des Amériques, aller et retour. Le voyage s'est bien passé est finalement le vin est revenu intact - ou presque : les vagues l'ont brassé pendant des mois et il revient ainsi "travaillé, "mûri" avec la force de la mer, comme Monfreid l'avait décrit.
Les vins ont adoré le voyage : ils sont revenus à Brest en pleine forme, vitalisés par les vents, les houles et les lunes des deux continents. Et du coup, les copains vignerons ont eux aussi envie d’essayer. Mark Angeli dit oui, Sébastien Riffault aussi. Thierry Puzelat. Guy Bossard. Thierry Michon. Michel Augé. Philippe Tessier. Chaque jour, d’autres. Les importateurs rentrent dans la partie, et l’un d’eux en particulier : le danois Sune Rosforth fait le pari de faire venir sa prochaine commande ainsi. Autant pour le goût, que pour l’esprit : remplacer le transport en camion par la navigation, c’est infiniment plus éthique et respectueux des valeurs de la Nature.
Rapidement, l’opération est lancée : 13 vignerons répondent à l’appel et ce sont quelques 8 000 bouteilles de vins qui sont rassemblées tout au long de la Loire, livrées pendant les Tonnerres de Brest 2012. Le chargement sur le bateau est prévu le mercredi 18 juillet, toute la journée, et il faudra des bras et des bras : venez nombreux ! Mais pour remercier tout le monde et goûter le premier vin qui a traversé l’Atlantique deux fois cette année – le Pur Breton 2010 d’Olivier – une fête est offerte par le Globulle Rouge, bistro à vins naturels. Tout le monde y sera, bretons, vignerons, danois : marins, viticulteurs, environnementalistes, porteurs de projet, terre et mer...
Avec quelques amis du cru, un père Jaouen et un certain Olivier de Kersauzon seront même très certainement de la partie…
A Copenhague, les vins d'Anjou débarquent face au meilleur restaurant du monde.
A Brest, treize vignerons chargent 8000 bouteilles et deux ou trois semaines de mer plus tard, le "Tres Hombres" arrivera à Copenhague, après une première escale à Douarnenez, et une deuxième en Angleterre. Dans la capitale danoise, il sera accueilli par les aficionados d’une gastronomie artiste et sauvage, nourrie de produits naturels et vivants – toute cette intelligentsia épicurienne du Nord qui gravite sur les quais du meilleur restaurant du monde, le Noma, et se damne pour ce qui a du goût, du cœur et du sens. Une grande famille de par le monde, pour qui l’écologie est aussi naturelle… que festive et humaine !
La cargaison des vins
Pour cette nouvelle initiative de transport maritime durable organisée par TOWT, 13 vignerons de Loire chargent les cales du "Tres Hombres"…
Olivier Cousin. Il était marin, il est devenu paysan. Ses 7 hectares de vignes sont travaillées en bio et biodynamie, mais surtout au cheval et avec bonheur, en famille et avec les amis des amis, venus du monde entier apprendre à Aimer, Observer, Cultiver – son nouveau slogan pour définir sa propre AOC... Aucun produit de synthèse, aucun ajout de sulfites, aucun maquillage de rien. Pas d’exploitation de la terre non plus, mais des savoir-faire qui permettent d’en prendre soin. Et en prime, de donner à boire à ceux qu’on aime.