La quête nostalgique de l’authenticité n’en finit plus de nous captiver. Les marketeurs les plus avertis comme les simples commerçants s’évertuent à proposer nombre de produits labellisés « authentiques ». On consommera plutôt des chips à la mode d’antan, des confitures de grand maman en passant par le solex d’époque. Cette soif de l’authentique s’est diffusée dans notre univers quotidien, touchant bien entendu, celui de la musique. Des anciennes modes, styles musicaux sont recyclés, réactualisés ou tout simplement réappropriés. En cela, le label Dissident a bien compris l’intérêt de s’installer dans le créneau à peine poussiéreux mais encore dansant et coloré d’une disco estampillée « comme au bon vieux temps ».
Le mystérieux Dissident est un label pour le moins difficile d’accès. Avec une adresse mail comme seul contact, ils distribuent des galettes composées d’un titre unique. Sur l’imprimé, en caractère gras, un laconique « 200 Copy Limited Edition » engloutit le nom presque importun de l’artiste et le titre de la piste. Cette rareté affichée et sobriété revendiquée de ces productions interrogent le regard sur leur contenu. A l’oreille, on se rassure rapidement et jure écouter un vinyle oublié des années 70’-80’. L'orthodoxe projet de Dissident s’affiche sûrement dans la réintroduction des vieux canons du disco dans les productions contemporaines. Les références à Moroder, à l’Italo-Disco sont bien présentes, marquées par des nappes de synthétiseurs retro-futuristes, agrémentées d’inévitables clins d’œil au disco Garage.
J’ai choisi de vous parler de deux noms du label, Ali Renault et Ape Into Jam. Le premier, DJ et producteur londonien, est d’abord la moitié du duo électro pop Heartbreak, sorte de Kraftwerk survitaminé. En solo, il s’inscrit pleinement dans le style Italo Disco. Des morceaux progressifs, une utilisation quasi permanente de nappes de synthés, de basses rondes et de rythmes lourds, constituent l’apparat d’Ali Renault ; ils propulsent ses compositions dans un mouvement répétitif, à la limite du troublant. "Zombie Raffle", morceau planant mais continuellement piétiné par un rythme martial, ne déroge pas à la règle. Les nappes de synthé intriguent, et ajoutent à l’attaque des zombies-tueurs, une véritable touche de panique. La comparaison avec l’esthétique des films de morts-vivants de John Romero n’est certainement pas fortuite.
Ape Into Jam est le projet de Jamie Paton, moitié de Cage & Aviary formé avec son comparse Nigel de Bermondsey. Le duo a déjà sévi chez Dissident avec l’excellent "Television Train", un titre réjouissant produit et mixé par Jamie, aux rythmes funky et accrocheurs sur lesquels viennent se poser une voix fragile agrémentée de petits bruits insolites. Ape Into Jam se situe su la même lignée, et Jamie se montre tout aussi habile avec le savoureux "1972". Dès le départ, un petit gimmick désuet et dansant s’installe confortablement dans les oreilles au point de ne plus les quitter. De légères variations et des relances discrètes égayent le long cheminement (12'') du morceau. A peine terminé, le morceau est déjà adopté. Et depuis, vous vous suprenez entrain de le siffler, exagérément satisfait et tranquille.
En Bref ?! L’énigmatique label Dissident a trouvé le moyen de surprendre une bande de morts-vivants, diablement bons vivants, sifflants et dansant sous les lumières d’une boule disco. Le magazine Choc recherche les photos. Authentiques, bien entendu.
Dans l'ordre...
Le MySpace d'Ali Renault
Ape Into Jam 1972
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