Vous trouverez dans cet article une définition du Web art politic ou web art politique qui s'interroge sur la nature des capacités de résistance dans l'histoire des artistes et non pas dans l'histoire de l'art.
Le web art politic est un activisme politique, des modes de résistance générés par des artistes sur le web pour contrer et contrecarrer un contexte culturel contemporain avilissant pour les artistes contemporains sous une emprise institutionnelle, culturelle et politique autoritaire, idéologique et dogmatique.
En France les artistes dans les arts plastiques à travers l’histoire, des arts mécaniques au moyen-âge jusqu’à notre époque ont façonné diverses formes d’émergence de la pratique de lutte et de résistance. Leurs combats ont toujours été menés par de toutes petites minorités d’artistes, parfois des artistes solitaires même sous les corporations de peintres ou de sculpteurs. L’histoire des artistes (et non l’histoire de l’art) nous enseigne que cette pratique de la lutte, de revendications a suscité différents modes de résistance sous divers registres. Des combats ont été menés contre le dogme religieux, contre le corporatisme sectaire de métier et de corporation, contre l’emprise académique, contre la culture industrielle de masse, contre les cultures autoritaires sous le contrôle de la propagande. Aujourd’hui, la lutte est la défense des intérêts de la communauté artistique contre la globalisation mondiale d’une culture autoritaire néo libérale sur toute la planète. Une globalisation culturelle dans l’art contemporain prospère avec un " idéalisme conservateur " structuré par la prédominance des enjeux du marché et de la spéculation sur la création contemporaine. Cette hégémonie culturelle du marché adossée au monopole institutionnelle dans les états sur la diffusion de l’art contemporain forge et provoque comme auparavant un activisme indissociable d’une conscience sociale et politique chez l’artiste.
Les modes de résistance et leurs registres changent selon les objectifs et les perspectives embrassés par l’artiste, mais sa conscience reste toujours le vecteur commun à toutes ces formes historiques de militance, du moyen-âge à nos jours. Une militance singulière rarement adossée à un manuel du parfait artiste-militant aux ordres d’une contre-idéologie ou d’une contre culture. Des exceptions ont vue le jour dans l’histoire lorsque l’artiste se solidarise par exemple avec une couche sociale défavorisée comme sous la Commune de Paris ou que celui-ci devient adepte d’un mode politique sectaire et autoritaire, le bras armé de la propagande culturelle incarné par exemple par le futurisme italien avec le fascisme, ou d’autres artistes sous le stalinisme, maoïsme... Si nous devions chercher le point commun à toutes ces luttes, à toutes ces revendications, du droit à la signature à la liberté du sujet, la notion d’autonomie quelque soit le registre de résistance usité reste le dénominateur ou l’attribut commun et récurrent des requêtes ou des exigences de l’artiste.
Il n’existe pas une conscience globale sociale et politique chez les artistes. Leurs précarités et leurs fragilités les éconduisent en grande majorité à opter pour les différentes formes de la servitude volontaire ou des pratiques dites de cour, comme sous la royauté, ou comme aujourd’hui sous la puissance des grands collectionneurs d’art contemporain ou avec le monopole des institutions dans la diffusion en France de l’art contemporain. Le Web Art Politic (politique) est comme son nom l’indique un mode de résistance lié à la technologie du web (internet), son registre est l’artjacking (créé en 1993 par Lili-oto au lendemain de la BAC OUT dissidente de Lyon avec son projet Artung Galerie). L’artjacking est une opposition « systémique », le rejet de tout un système culturel politique et idéologique qui institue la création contemporaine en une entité globale sous les ordres d’un lobbying idéologique et économique regroupé au sein d’un label commercial exhaustif « art contemporain » formé par la somme de trois composantes emboîtées, soudées, connectées, dominantes et exclusives : marché (marchands ou galeristes) – institutions (conservateurs et commissaires) – collectionneurs.
Le Web Art Politic appelle à une insoumission culturelle et artistique à ce lobbying affairiste d’art contemporain répugnant en harponnant systématiquement leurs véhicules « informatifs » (expositions publiques, communication, marketing culturel…) surtout lorsqu’ils sont financés scandaleusement par l’argent public afin d’enrichir les spéculateurs d’œuvres d’art : grands collectionneurs industriels ou financiers et grands marchands internationaux ou galeristes d’art contemporain. La muséalité des œuvres d’art contemporaines a pour effet de produire chez les artistes des marques sociales d’identité, des appartenances ou des non appartenances à une affiliation artistique identifiée et identifiable selon le principe de cooptation avec des critères arbitraires et discrétionnaires. Une cooptation scandaleuse et condamnable, opacité de la sélection des artistes dans les institutions publiques qui manipulent de l’argent public, des méthodes punissables et illégales dans une société de droit. Le musée d’art contemporain renforce chez l’artiste l’idée d’une appartenance à une globalité culturelle mondiale, nationale, régionale, départementale mais rarement locale. Cette globalité culturelle est le fruit d’un compromis idéologique et politique. Une fabrique élitiste qui brise systématiquement les nouvelles émergences artistiques ou les artistes en France qui rejettent cet enfermement idéologique, ce protocole sous un diktat doctrinal. Les faits sont là ! Historiquement, il faut remonter à l’occupation, à la France de Vichy sous Pétain, à cet endoctrinement d’extrême droite au nom d’une soi-disant révolution nationale pour trouver autant d’artistes exclus socialement et artistiquement sur tout le territoire français comme aujourd’hui.
Nous retrouvons dans ces musées d’art contemporain comme dans les autres institutions d’art contemporain, un « idéalisme conservateur » chez ces dirigeants ou ces responsables institutionnels, un idéalisme façonné par cette globalisation mondiale du néo libéralisme culturel ou de l’ultra libéralisme culturel. L’artjacking que j’ai créé en 1993 est une des réponses, un mode de résistance que nous pouvons infliger à ce système, une opposition « systémique », en finir avec ce système culturel inéquitable et coercitif ; un système victimaire. La destination de nos œuvres et des fondements mêmes de notre pratique artistique ne se résument pas en une « chose » réduite à un usage et aux fonctionnalités d’un système culturel dans lequel l’artiste n’a jamais eu son mot à dire. Il faut réapprendre à ce faire respecter. Les différents acteurs culturels doivent s’inscrire dans nos projets, et nous, nous n’avons pas à plier le genou sous le poids de leurs cupidités et de leurs ambitions ! Lili-oto
En anglais : " web politic art " or " web political art "