L'entretien était mené par Karine Papillaud , au départ des deux ouvrages que la journaliste, écrivain, biographe, chargée de cours (Histoire des femmes), ..., venue droit d'Aix, a consacrés à Simone Weil et Hannah Arendt, à savoir, Simone Weil, l'insoumise (Actes Sud, 2008) et Dans les pas de Hannah Arendt (Gallimard, 2005)
Opérant un travail de détective pour l'élaboration de son essai, Dans les pas de Hannah Arendt, Laure Adler a traqué tous les lieux par lesquels cette dernière transita, persuadée que les intellectuels nourrissent leurs pensées de leur vécu : "Il existe une sorte d'arche sensorielle entre la pensée d'un ou une intellectuel(le) et la trame de son existence"
"Tombée" dans l'oeuvre de Simone Weil par le biais de sa correspondance, Laure Adler avoue une réelle fusion de pensée entre elle et la philosophe, brillante, tôt décédée au terme d'une vie fulgurante, "vierge rouge", stigmatisée d'extrême gauche, résistante de la première heure, qui rejoignit à Londres, le général de Gaulle.
Et la journaliste de s'interroger sur le long temps que mirent les Alliés à intervenir dans les camps : " Les Etats-Unis avaient les moyens d'arrêter le processus d'extermination. Pourquoi ne l'ont-ils pas fait? "
D'évoquer le grand silence qui présida aux retours des camps.
De s'écarter quelque peu de la pensée d'Hannah Arendt, soutenant, contrairement à cette dernière que "La Shoah n'a pas de comparaison dans l'Histoire des génocides"
Qui pouvait en effet, à l'époque, souscrire aux avertissements de Simone Weil et Hannah Arendt, oser imaginer l'impensable ?
"Comment peut-on imaginer dans l'Histoire de l'Humanité qu'un système politique va pouvoir s'ériger sur la haine de l'autre? "
Laure Adler rappela à cette occasion qu'avant que de s'étendre au peuple juif, la haine nazie s'en était prise aux malades mentaux, aux homosexuels et aux Gitans.
Il est des évocations qui sont de vrais devoirs de conscience.
AE