Non, je vous l’assure, mes photos ne sont pas floues ! Il s’agit du style très remarquable des « photos-peintures» de l’artiste Gerhard Richter que l’on peut voir en ce moment au Centre Pompidou.
Gerhard Richter est le peintre allemand le plus connu dans son pays, et ce, pour diverses raisons.
D’abord, il est né à Dresde en 1932 d’un père (à moitié) nazi. Sa tante, une handicapée mentale a été victime des programmes d’Eugénisme du IIIe Reich. Après la seconde guerre mondiale, Richter s’est retrouvé entre les deux Allemagne. Enfin, il a pris un avion pour New-York le matin du 11 septembre 2001…
Bref, sa vie c’est toute une Histoire, dont il se sert dans sa peinture. Il peint ses proches : sa fille, sa tante malade… mais aussi des évènements historiques : le pilonnage de Dresde, la bande à Baader, la société de consommation …
Gerhard Richter doit aussi sa notoriété à l’utilisation qu’il fait de la photo. Ses tableaux sont peints à partir de ses propres photos ou des photos de presse. Elles sont dupliquées à l’aide d’un procédé classique : le quadrillage des photos, agrandies grâce à un épiscope puis recopiées sur un support. Enfin, Richter frotte la peinture avec une brosse pour donner cet effet de flou.
Mais ce qui est bien avec Richter c’est qu’il ne s’interdit rien : abstraction, néo-réalisme… Tous les courants ou presque passent par son pinceau, son racloir ou sa palette. « Je n’obéis à aucune intention, à aucun système, à aucune tendance ; je n’ai ni programme, ni style, ni prétention. J’aime l’incertitude, l’infini et l’insécurité permanente. » écrit-il.
D’ailleurs l’exposition au Centre Georges Pompidou, qui est un panorama du travail de Richter m’a d’abord prise au dépourvu. Tous ces styles, ces « tentatives » peuvent donner un aspect décousu et foutraque de son œuvre. Pourtant, en m’attardant dans l’expo j’ai été peu à peu gagnée par la singularité et la cohérence de ses tableaux. Avec un peu de temps et de contemplation on pénètre dans l’espace intérieur du peintre, fait de paysages brumeux, de visages aux contours floutés, de nuages qui font des vagues et de vagues qui ressemblent au ciel…
Richter nous offre ses visions à la frontière du réel.
Aller voir cette exposition c’est donc faire un voyage dans le temps (qui ne serait ni le passé, ni le futur …), avec des lunettes mal réglées ! Avis aux amateurs !
PS : Si vous n’êtes ni jeunes (moins de 18ans), ni aux Beaux-arts, il vous en coutera 13 euros… Pour info le musée est quand même gratuit le premier dimanche du mois.
L’exposition a lieu du 6 juin au 24 septembre 2012