Nicolas Sarkozy doit redresser une image considérablement dégradée
Publié le 23 mars 2008 par Exprimeo
Al'exception des sympathisants UMP, Nicolas Sarkozy doit redresser une image sérieusement altérée sur des enjeux clefs d'image de marque.
Depuis 2002, la vie publique française avait connu une évolution majeure. Elle était tombée sous les coups permanents de Nicolas Sarkozy.
Sa communication a introduit 4 repères neufs dans la politique française.
1ère nouveauté : la permanence de la communication. C'est la 1ère campagne permanente de ce type connue par la vie publique française. Jusqu'alors, les coutumes étaient aux campagnes thématiques ponctuelles organisées sur une séquence temps précise. Pendant 1 mois, un responsable politique communiquait sur un thème donné. Puis, il " disparaissait " de la scène pendant deux ou trois mois avant de revenir sur un autre dossier. A l'opposé de cette tradition, Nicolas Sarkozy substitue la " campagne permanente " à l'américaine. Presque chaque jour, une campagne de communication est conduite ( déplacements, images, formules chocs…).
2ème nouveauté : incarner " l'énergie rebelle " et ce alors même que l'intéressé est au pouvoir. Nicolas Sarkozy a perçu les problèmes majeurs de la société Française.
Le moral des Français est en baisse avec la prise de conscience de difficultés croissantes (licenciements, financement des retraites, insécurité, terrorisme international…). Face aux problèmes rencontrés, l'offre politique est décevante. Les élites, dont les experts, ne sont plus aptes à apporter des réponses efficaces. Les programmes des candidats se ressemblent de plus en plus d'où une certaine confusion démotivante. Des efforts sont demandés pour des résultats lointains alors que le " citoyen-consommateur " veut des satisfactions " ici et maintenant ".
Alors même qu'il occupait des responsabilités ministérielles éminentes, Nicolas Sarkozy parvenait à capitaliser deux qualités d'ordinaire propres à ceux éloignés des cercles du pouvoir. D'une part, alors même qu'il est reproché au gouvernement de ne pas assez conduire le changement, Nicolas Sarkozy incarnait l'énergie en mouvement.
D'autre part, alors que le pouvoir suppose le conservatisme, il incarnait la fonction de " rebelle " en occupant même le poste symbole de " l'ordre établi " c'est-à-dire le Ministère de l'Intérieur…
3ème nouveauté : créer son propre espace politique : à partir de 2004, Nicolas Sarkozy a atteint une position emblématique. Le débat politique français s'est organisé par et autour de lui.
4ème nouveauté : à partir de 2005, il est parvenu à créer un enjeu de génération.
La présidentielle de 2007 s'est déroulée pour la majorité sortante à l'exemple de celle de 1974.
En 1974, la maladie du Président Pompidou avait créé une aspiration en faveur d'un Président jeune et dynamique. La fin de mandat du Président Chirac a été dominée par un enjeu d'image sur " la génération du capitaine ".
40 ans de pouvoir avaient cassé toute faculté de modernité. La lecture de la presse étrangère grouillait de références assassines notamment dans les comparaisons entre J. Chirac et T. Blair.
Sur ces bases structurantes, des modifications majeures attendaient Nicolas Sarkozy une fois installé à l'Elysée puisqu'il allait notamment désormais incarner le pouvoir et ne plus pouvoir tenir le même rythme d'exposition.
Par des comportements personnels clivants, il est allé au-delà de cette remise en question incontournable.
Alors qu'hier, il incarnait le changement, aujourd'hui il incarne l'inquiétude car il a troublé les repères traditionnels sans installer une grille de lecture appréciée par l'opinion. Son premier enjeu consiste à sortir de cette zone d'inquiétude.