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Inespéré

Publié le 17 juillet 2012 par Chapitre5.com

Le nouveau gouvernement français a fait un premier choix: l’endettement est sa priorité. Le budget public devra donc revenir à l’ équilibre comme promis à l’ Europe (c’est à dire aux allemands). La hausse de divers impôts, surtout la CSG  et le début d’une limitation des dépenses dans les administrations le confirment. La classe moyenne en fera les frais puisqu’elle n’a aucun moyen politique pour se défendre. Mais cela pèsera sur la consommation plus que ne l’aurait fait la hausse de la TVA. Les PME et l’emploi (dans le secteur privé bien sur) vont donc souffrir.

L’autre problème, celui de la compétitivité n’est pas encore adressé. Mais les faits le placent désormais en priorité. La restructuration de Peugeot et celle du marché des télécoms ne peuvent plus attendre. Le patronat est unanime pour le souligner et il partage la même origine sociale et mondaine que les dirigeants du PS ( mêmes grandes écoles, clubs et réseaux). On va se comprendre. Question de temps et de vocabulaire à usage médiatique.

Premier exemple de cette compréhension mutuelle: notre dernier post suggérait que Vivendi et FT semblent changer de statut boursier. C’est confirmé ce jour. Le ministre a convenu que « le consommateur a eu la part belle depuis 2008, et qu’il est temps désormais de préparer les investissements du futur ». Ce jargon signifie que les tarifs low cost ne permettent pas de dégager une marge suffisante pour investir. La dégradation du réseau et sa surcharge en sont les conséquences, avec la bien heureuse panne d’Orange pour l’illustrer. La négociation sur les tarifs et les conditions des contrats se fera autour du rapatriement des centres d’appel /dépannage exilés pour cause de coûts salariaux. Et il faudra aussi des actionnaires heureux pour leur demander, le jour venu, de souscrire au capital. L’Etat est lui même actionnaire de FT; il a besoin de ses dividendes qui ne supportent pas l’impôt de 3%…. Et ses recettes de TVA dépendent plus de la prospérité du secteur entier que de celle de Free qui n’a pas la même capacité d’investir, moins encore de faire de la recherche.

Ce réalisme était inespéré car incompatible avec la « culture de gauche »; mais tant mieux. Les réactionnaires d’extrème gauche sont inoffensifs pour plus d’un an. Le gouvernement n’a rien à en craindre. Il se contentera de condamnations verbales pour Peugeot et les autres noms médiatiques qui suivent; les PME, elles, resteront pour le compte. C’est la loi de la nature…. On peut donc espérer que le problème de la compétitivité sera adressé à son tour.

En attendant, la seconde jambe de la récession s’avance partout mais surtout en Europe pour le moment. Les chiffres officiels de la croissance chinoise sont mis en doute, comme ceux de l’économie soviétique autrefois.  Comme indiqué ici depuis longtemps, la destruction créatrice est loin d’avoir fini son oeuvre. L’industrie automobile de moyenne gamme celle des classes moyennes?) souffre en France et en Allemagne avec GM. Pourtant ses performances à l’ étranger sont excellentes: Renault a augmenté ses ventes internationales de 14% et baissé en Europe du même chiffre. Peugeot l’ a dépassé en Chine et au Brésil. Mais les ventes à l’étranger proviennent d’usines à l’étranger; elles ne sauvent pas l’emploi en Europe.

Les cours de bourse reflètent les spéculations de hedge funds plus que des fondamentaux. Le trading automatique sur des plateformes inconnues des vrais investisseurs et hors tout contrôle d’autorités de marché permet des spéculations d’initiés. Ce semble être le cas pour Alcatel (survendue hier avant son communiqué de ce jour) qui n’atteindra pas ses objectifs de marge à cause du ralentissement chinois. Mais les perspectives ne justifient pas cette débandade.

Heureusement aux USA, la corruption du secteur financier est désormais poursuivie. HSBC s’excuse mais le Sénat veut un exemple et cette banque étrangère en donnerait un. La révélation des abus de la période de croissance est un des effets classiques d’une  fin d’époque. Elle sera suivie du retour aux règles morales du capitalisme définies par Max Weber. C’est aussi une raison pour qu’il n’y ait pas de QE3 : il ne ferait que retarder les échéances au profit des salles de marché. De plus, la Chine a réitéré son refus de voir la Fed imprimer en masse des liquidités aux risques de ses créanciers. Wall Street sera déçue.

Donc, aucune raison pour une hausse des cours, au contraire. Le creux boursier à venir se rapproche, mais déjà le secteur sécurisant des utilities est à des cours d’achat. Par contre celui des banques demeure dangereux même si elles ne sont pas toutes en déconfiture. Le pouvoir politique pourrait les punir, après les avoir sauvées en 2009. C’est alors qu’il faudra les racheter.


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