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La gauche pour de bon, l’écologie pour de vrai, la république pour tous

Publié le 17 juillet 2012 par Lecridupeuple @cridupeuple

En ces temps où les mots sont vidés de leur sens, bataille idéologique aidant, il n’est pas inopportun de se préoccuper de tenter de redéfinir ce qu’est une politique publique de gauche au niveau des collectivités territoriales. Bien que jacobin de culture et marxiste de formation, ce qui m’attire vers le centralisme, je considère aujourd’hui - alors que mon Parti - le Parti de Gauche - apporte sa pierre à la refondation doctrinale de la gauche - que l’expérience de terrain peut aider à reconstruire ce corpus idéologique dont nous sommes tous en quête.

L’enjeu n’est plus aujourd’hui de « gérer » les collectivités locales. Je fais partie de ceux : militants, agents, élus, qui ont l’ambition de participer à la reconstruction des solidarités républicaines, à l’heure où les tenants du libéralisme, au pouvoir, s’acharnent à vider l’Etat de son sens autant que de ses capacités d’intervention au profit des citoyens. Nous avons l’ambition d’aider l’habitant à s’émanciper en devenant pleinement lui-même. Nous tenons déjà là les deux bouts de la corde : l’enjeu collectif, avec la solidarité, l’enjeu individuel, au travers de l’émancipation ; l’un alimentant l’autre de manière dialectique.

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C’est pour cela que nous sommes attachés à la prééminence de la commune, comme fondement de l’organisation républicaine de la France. Il ne s’agit pas, pour nous, de passéisme ou de nostalgie. Nous affirmons, bien au contraire, la modernité de la commune comme creuset du vivre ensemble mais aussi, et surtout, de la résistance. L’Histoire nous rappelle que c’est toujours de la commune que sont nés les grands mouvements émancipateurs : de la Grande Révolution de 1792-1793 au Front Populaire, en passant par les Communes de 1871 : Paris bien évidemment, mais aussi Lyon et Marseille, pour ne citer que celles-ci. C’est là la raison fondamentale de notre opposition résolue à la réforme des collectivités locales présentée par le gouvernement, sur la base du rapport de la Commission Balladur. Enfin, repartir de la commune, c’est aussi repartir du réel, un réel qui conditionne notre vision politique.

Dans ce cadre, le premier objectif demeure de permettre aux citoyens de se dégager des aliénations que constituent le travail, la consommation, les déplacements que génèrent ces deux premiers éléments, pour qu’ils puissent se consacrer à eux-mêmes autant qu’à ce qui les entoure : l’environnement, les autres, la ville… autant d’éléments de socialisation, de solidarité et d’émancipation, j’y reviens. C’est dans ce cadre précis que nous envisageons le concept de ville lente, puisque le temps est devenu un enjeu majeur, au même titre que les conditions économiques et sociales. Nous n’opposons pas ces dimensions, bien au contraire.

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En matière sociale, le premier devoir d’une collectivité demeure de faire vivre la solidarité, en renforçant le lien social mais aussi en mettant en œuvre des services au prix le plus bas, voire tendant vers la gratuité. C’est aussi lutter contre l’idéologie dominante en refusant de concéder au secteur marchand des pans entiers de l’action publique mais bien au contraire, en réintégrant dans le secteur public tout ce qui peut l’être. De fait, en sanctuarisant tout ce qui peut l’être hors du domaine marchand, nous offrons un gain substantiel en termes économiques à nos concitoyens. Ils sont protégés des effets de la spéculation inhérents à la marchandisation galopante.

J’ai eu l’occasion de le dire et de l’écrire déjà, pour nous l’enjeu est de concourir à l’émancipation du citoyen. Or, pour arriver à l’émancipation, il faut du temps : temps pour l’accès à la culture ; pour la vie sociale, affective, amicale ; pour l’implication citoyenne. Et ce temps est devenu, pour la plupart d’entre-nous, la variable d’ajustement en raison du temps croissant consacré aux déplacements domicile-travail, à la consommation… C’est pourquoi nous nous proposons de repenser l’urbanisme pour réduire l’importance de ces temps là, que nous jugeons aliénants, pour ralentir la ville.

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Et nous considérons que, pour ralentir la ville, il faut la densifier. Par densifier la ville, il ne s’agit pas de favoriser l’étalement urbain ou le bétonnage mais bien de permettre à la Ville d’assumer l’ensemble de ses fonctions : développement économique pour créer des emplois qui profiteront aux habitants ; habitat pour assumer et réaliser la mixité sociale ; services publics pour répondre aux besoins premiers des citoyens : culture, sports et loisirs ; espaces de nature préservés pour un cadre de vie amélioré. Mais je n’oublie pas qu’une des fonctions premières de la ville demeure l’apprentissage de la vie sociale. D’où toute l’importance des équipements publics, qui sont à la fois des lieux de services, de rencontre donc de lien social. Ils constituent autant de traits d’union entre les différentes parties du territoire.

Pour autant, si nous défendons une ville intégrée avec l’ensemble de ses fonctions, nous rejetons l’idée d’une ville autarcique et refermée sur elle-même. Nous avons trop souffert de cette conception de quartiers autosuffisants, en vogue dans les années 1970, qui, finalement, confinent aujourd’hui à la ghettoïsation, les différentes facettes de la crise économique inhérente au capitalisme étant passées par là. Je fais partie de ceux qui militent donc pour une ville ouverte sur ses semblables, qui concourt au brassage, à la circulation des Hommes comme des idées. Cela suppose une nouvelle architecture des transports en commun ainsi que la gratuité de ces déplacements pour inciter à ne plus utiliser sa voiture. L’accélération des transports que génère leur massification (RER, tram-train, etc.) permet de ralentir le rythme de vie en libérant du temps. Nous y sommes toujours.

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Densifier la ville donc pour maîtriser les espaces, les affecter au mieux de leurs caractéristiques aux diverses fonctions urbaines : voici l’enjeu. Dans ce cadre, il convient de se doter des outils réglementaires nécessaires à la maîtrise foncière, jusqu’au droit de préemption, notamment pour lutter contre la spéculation, les marchands de sommeil ou leur équivalent économique. Il est aussi essentiel de fixer des objectifs en termes de répercussion pour les citoyens lorsque les agents et les élus territoriaux négocient l’implantation d’une entreprise sur notre territoire. N’hésitons pas à parler de densité d’emplois à l’hectare.

Par ailleurs, mes camarades et moi défendons une vision clairement écologique de la Ville. C’est aussi ce point qui nous amène à défendre un urbanisme dense. Je n’ai donc pas peur de dire que moins les bâtiments, quelle que soit leur rôle (habitat, service, économie), auront d’emprise au sol, mieux nous pourrons intégrer les diverses fonctionnalités urbaines dans le respect de notre environnement commun. En effet, moins d’emprise signifie moins de sol imperméabilisé et donc une vie de ville plus en phase avec la nature. Dans ce cadre, il faut réfléchir sérieusement à une révision, pour le moins, de l’idéologie très sarkoziste de la « France des propriétaires ». Bien que figurant comme revendication des Révolutionnaires de 1789, prenons en compte le contexte, je ne crois pas que la propriété immobilière individuelle participe au bien commun. Ce, même si, aujourd’hui, l’aspiration de nos amis, voisins, parents parfois, pousse dans ce sens.

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Pour revenir à la vision de l’action publique que je défends, et que des élus mettent en œuvre , elle relève de la planification, dans chacune des quatre fonctionnalités que j’ai déjà identifiées ; laquelle planification a une ambition écologique. Par planification, nous entendons des choses simples : anticiper les besoins, prévoir les étapes, tenir le calendrier. Il ne s’agit pas de remettre à l’honneur le Gosplan, loin s’en faut, mais de se doter d’une méthode rigoureuse, tant l’action publique, aujourd’hui, nécessite fermeté dans la conviction mais aussi rigueur dans l’exécution.

Cette ambition, avec un outil privilégié et une méthode définie, nécessite toutefois une condition tant, en apparence, elle peut apparaître comme contraignante pour le citoyen. Cette condition a pour nom l’éducation populaire. Le rôle militant des élus, avant même la construction de la ville, demeure d’être un éducateur du peuple, c’est-à-dire l’amener à prendre conscience des enjeux, à s’approprier les ambitions collectives, à prendre à bras le corps les contradictions pour les résoudre. Cela nécessite un travail intense de débat, de confrontation, dans une relation de proximité avec le plus grand nombre de citoyen. Notre conception de l’élu est aux antipodes de la culture dominante qui réclame des élus gestionnaires, à l’hyper technicité, mais retranchés dans leur tour d’ivoire. Nous avons suffisamment confiance à la technicité des agents territoriaux, à leur attachement aux territoires sur lesquels ils interviennent autant qu’ils y vivent, pour savoir que la première tâche des élus est de se rendre disponibles pour le débat citoyen, qui précède et conditionne l’émancipation. Dès lors que le citoyen peut y consacrer du temps…

La gauche pour de bon, l’écologie pour de vrai, la république pour tous

Au final, notre pensée est articulée autour de trois piliers d’égale importance : la gauche pour de bon, l’écologie pour de vrai, la République pour tous. C’est là le sens de notre contribution au débat en cours sur la nature de l’action publique, son rôle, son but.

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Bonus vidéo : Tears For Fears “Change (Extended Version)”

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