En 2009, pour la première fois, une majorité des foyers américains a reçu plus d'argent du gouvernement qu'ils n'en ont versé en impôts et taxes. De la redistribution des revenus à grande échelle.
Par Alexis Vintray.
Dans les détails, le solde entre transferts fiscaux (allocations, aides, etc.) et impôts et taxes en pourcentage du revenu est le suivant :
1er quintile: -301%
2e quintile: -42%
3e quintile: -5%
4e quintile: 10%
5e quintile: 22%
Et pour le fameux "1%" : 28%
Cela signifie que pour un dollar de revenu, un foyer du 1er quintile reçoit "en net" du gouvernement 3,01$. À l'inverse, les 1% les plus riches payent en net 0,28$ pour chaque dollar qu'ils gagnent. Au temps pour le mythe de la régressivité de l'impôt.
Surtout, le taux du 3e quintile a toujours été positif selon les données publiées par le CBO (Congressional Budget Office). De +14% en 1979, il était passé à +0,5% en 2008 après être resté positif en 2007. En 2009, pour la première fois, il passait dans le négatif à -5%.
La récession a pu avoir un impact sur cette variation, mais, comme le note Greg Mankiw, la récession lourde de 1982 n'avait pas eu cet effet là.
Pourquoi est-ce inquiétant? Comme l'avait théorisé des économistes libéraux bien avant Karl Marx, il existe une "lutte des classes" entre ceux qui paient des impôts, et ceux qui en vivent. « Il y a deux classes distinctes de personnes dans la nation : ceux qui payent des impôts, et ceux qui reçoivent et vivent des impôts » disait Thomas Paine. Même si la pertinence de cette dualité peut être discutée, on imagine bien que les intérêts de ces deux "classes" ne sont pas les mêmes. Ceux qui paient des impôts aspirent à les baisser, ceux qui reçoivent de l'argent public aspirent à en recevoir plus. Si dans une démocratie les seconds deviennent plus nombreux que les premiers, il y a des chances que la dépense publique s'emballe, de même que les taxes associées.
Ce n'est qu'une des raisons pour lesquelles ces chiffres sont peu encourageants. On pourra aussi noter l'effet désincitatif au travail que constitue une redistribution massive des revenus.
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