Une fois par mois, un très très TRÈS personnel musée sonore d'incontournables albums qui ont su charmer mes oreilles au travers des années et qui le font toujours malgré le passage du temps vous sera offert sur ce site.
Habitués de ce blogue, vous savez que je suis très très intéressé par la zizik, forme de voyage facilement accessible et à peu de frais.
J'ai baptisé mon musée des albums incontournables de quatre mots tirés d'albums dont je ne causerai pas, conscient d'en avoir déjà assez causé ici.
Ils sont tous les quatres mémorables pour moi en ce sens qu'ils ont tous changé ma vie à leur façon. Ces quatre disques m'habitent complètement. J'en connais chaque son et ils me transportent encore de manière inexplicable dans des endroits toujours nouveaux même si les sons restent les mêmes. Ils atterissent juste à des endroits différents selon la météo mentale et physique. "Blonde" pour Blonde on Blonde de Bob Dylan "Idiote" pour The Idiot d'Iggy Pop
"Bassesse" pour Low de David Bowie
"Inoubliable" pour The Unforgettable Fire de U2
Par ordre de parution.
J'aurais pu rajouter The Suburbs d'Arcade Fire.
(tiens je viens de vous faire un top 5 vite fait sans m'en rendre compte!)
Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable, ç'est B.I.B.I., c'est-à-dire: moi.
C'est aussi la terminaison finale du mot "habibi" qui, en Irak, veut dire "mon amour".
Blonde et Idiote Bassesse Inoubliable, c'est également parce que ça pourrait évoquer une maitresse, une erreur commandée par une appendice précise du corps.
Ce que la musique est très souvent.
Quand elle reste inoubliable pour les bonnes raisons.
HISTOIRE DE MELODY NELSON de Serge Gainsbourg
1971.
Collectionnant les hits personnels et ceux composés pour les autres depuis bientôt 12 ans, Gainsbourg n'a plus grand chose à prouver en 1971. Il plonge donc dans l'idée d'un tout premier album concept (il en fera deux dans sa carrière), un album qui le remarierait à son amour de la musique classique, un album "pour orchestre".
Il travaillera avec Jean-Claude Vannier, qui accusera Gainsbourg de lui faire de l'ombre (Haha! les monuments ne font jamais d'ombre aux herbes fines!). Vannier compose, fait de la direction musicale et de l'orchestration. Gainsbourg abandonne globalement le chant pour une narration où son ton et l'orchestration millimétrée transcendent les textes pour y plonger l'auditeur.
L’histoire, semi-autobiographique et clin d'oeil à Nabokov, raconte la collision entre Serge Gainsbourg entre deux âges heurtant involontairement de sa Rolls Royce Silver Ghost 1910 26 chevaux, la nymphette adolescente Melody Nelson. La séduction et une romance s'ensuivent, puis, dans un parti subjectif et émotionnel, l'auteur dévoile les sentiments et les doutes du narrateur jusqu'à la perte de la jeune fille, dont l'avion de retour s'écrase.
Gainsbourg construit cet album autour d'un récit, et d'une femme, sa muse, Jane Birkin, qui prête succinctement son image et sa voix au personnage éponyme, ne donnant que son « nom », et n'émettant que quelques sons équivoques ici et là.
L'opus peut d'ailleurs s'écouter en boucle parfaite. Ces thèmes créent une unité de corps, et à la fois un enchaînement de surprises. De splendides suprises auditives pour l'auteur de ses lignes. L'Histoire de Melody Nelson est un pan à part de l'œuvre de Gainsbourg qui sera boudé par le public.
Il ne sera jamais boudé par mes oreilles et gagnera même en grade avec le temps le magazine Rolling Stones le nommant 4e meilleur album de rock français derrière Bashung, Noir Désir et Téléphone.
Alan Parker est à la guitare et Dave Richmond à la base. Ils ne sont pas crédités sur l'album.
La pièce d'ouverture nous présente la collision et celle qui apparaît dans la vie du narrateur. Silver Ghost? en effet, il y a quelque chose de spectral dans l'orchestration.
Deux minutes trois de jolie ballade, doucereuse, le vieux qui tombe lentement pour la muse aux cheveux rouges, couleur naturelle.
Une courte valse, une perle Gainsbourgienne.
Un troisième morceau de moins de deux minutes. Tout en douceur et en...mélodie. Somptueux cuivre typiquement Londonien (là où l'album a été enregistré).
Le narrateur transporte la jeune fille là dans un Hôtel Particulier...
Fun at the hotel. Le morceau le plus rhytmée de l'album. Le plus funk aussi.
Mélody prend l'avion mais ne se rendra pas à destination. Elle deviendra comme un rite. Grandiose finale.
Pour les amateurs de musique classique croisée avec de la pop frenchy-brittanique, les amateurs d'orchestre de chambre de plus de 80 musiciens (...) et les vieux libidineux.