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Une première sélection restreinte dans les romans de la rentrée

Par Pmalgachie @pmalgachie
Les livres ne sont pas encore sortis - il s'en faut d'un bon mois. Certains font déjà parler d'eux. Ceux qui ont été choisis par différents magazines pour faire passer l'été aux lecteurs impatients. Ceux autour desquels circulent des rumeurs favorables - j'en ai déjà évoqués quelques-uns. Et, depuis hier, ceux de la première sélection officielle au prix littéraire qui ouvrira la saison, le 28 août. Les jurés sont nombreux, libraires et lecteurs, pour le prix du roman FNAC qui en sera, sauf erreur, à sa onzième édition, et qui a déjà couronné des livres plus qu'intéressants.Ils ne sont déjà plus que quatre titres à pouvoir espérer cette récompense (sur 646 romans de la rentrée, chiffre de Livres Hebdo). J'en ai lu un, dont je vous parlais rapidement en juin. Restent les trois autres...Dans l'ordre alphabétique des auteurs, voici les premières lignes de chacun de ces livres - sauf pour le deuxième, que je n'ai pas sous la main.

Patrick Deville. Peste & Choléra (Seuil)

La vieille main tavelée au pouce fendu écarte un voilage de pongé. Après la nuit d'insomnie, le vermeil de l'aube, la glorieuse cymbale. La chambre d'hôtel blanc neige et or pâle. Au loin la lumière à croisillons de la grande tour en fer derrière un peu de brume. En bas les arbres très verts du square Boucicaut. La ville est calme dans le printemps guerrier. Envahie par les réfugiés. Tous ceux-là qui pensaient que leur vie était de ne pas bouger. La vieille main lâche la crémone et saisit la poignée de la valise. Six étages plus bas, Yersin franchit le tambour de bois verni et de cuivre jaune. Un voiturier en habit referme sur lui la porte du taxi. Yersin ne fuit pas. Il n'a jamais fui. Ce vol, il l'a réservé des mois plus tôt dans une agence de Saigon.
Yannick Grannec. La déesse des petites victoires (Anne Carrière)
[Présentation de l'éditeur.]

Université de Princeton, 1980. Anna Roth, jeune documentaliste sans ambition, se voit confier la tâche de récupérer les archives de Kurt Gödel, le plus fascinant et hermétique mathématicien du XXe siècle. Sa mission consiste à apprivoiser la veuve du grand homme, une mégère notoire qui semble exercer une vengeance tardive contre l’establishment en refusant de céder les documents d’une incommensurable valeur scientifique. Dès la première rencontre, Adèle voit clair dans le jeu d’Anna. Contre toute attente, elle ne la rejette pas mais impose ses règles. La vieille femme sait qu’elle va bientôt mourir, et il lui reste une histoire à raconter, une histoire que personne n’a jamais voulu entendre. De la Vienne flamboyante des années 1930 au Princeton de l’après-guerre; de l’Anschluss au maccarthysme; de la fin de l’idéal positiviste à l’avènement de l’arme nucléaire, Anna découvre l’épopée d’un génie qui ne savait pas vivre et d’une femme qui ne savait qu’aimer.
Linda Lê. Lame de fond (Bourgois)
Je n’ai jamais été bavard de mon vivant. Maintenant que je suis dans un cercueil, j’ai toute latitude de soliloquer. Depuis que le couvercle s’est refermé sur moi, je n’ai qu’une envie: me justifier, définir mon rôle dans les événements survenus, donner quelques clés pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce qui n’est qu’un fait divers. Je n’ai pas un penchant au regret, mais il me faut faire mon examen de conscience, si inutile qu’il soit désormais. Le souvenir que je laisse est celui d’un partisan des solutions hybrides, habitué à ajourner, soucieux de n’exaspérer personne, de ne pas empirer les choses en manquant de diplomatie. Je ne suis pas un de ces vieux hiboux formalistes, ni un de ces faiseurs d’embarras toujours persuadés d’être supérieurs à tout le monde.
Tierno Monénembo. Le terroriste noir (Seuil)
Vous a-t-on dit qu’avant son arrivée à Romaincourt, personne n’avait jamais vu de nègre, à part le colonel qui savait tout du cœur de l’Afrique et du ventre de l’Orient? Non, vraiment? Vous avez tout de même entendu parler du bastringue que cela faisait en ces années-là à cause des Boches, des Ritals, des Bolcheviques, des Ingliches, des Yankees, et de tas d’autres gens qui, tous, en voulaient à la France, et avaient décidé, allez savoir pourquoi, de mettre l’univers sens dessus dessous rien que pour l’emmerder? Le fatras, Monsieur, le grand caillon, comme cela se dit chez nous! Des morceaux de Lorraine en Prusse, la Lettonie accolée au Siam, des éclats de Tchécoslovaquie partout, des Kanaks sur la banquise, des Lapons près de l’Équateur, et lui, ici, dans ce trou perdu des Vosges, dont il n’entendit prononcer le nom que plusieurs mois après qu’on l’eut découvert gisant, à demi-mort, à l’orée du bois de Chenois.

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