Cette région m’étonne et m’enthousiasme de plus en plus. Et dire que l’année passée, en sachant que j’allais débarquer à Toulouse, je n’étais pas vraiment enchantée. Parmi villages, qualité de vie, bastides, vignobles, gens accueillants, églises anciennes, l’art contemporain ne manque pas, pour ma joie et ma délectation! (je vous assure, je ne suis payée par l’office de tourisme!!)
Samedi je suis montée dans ma voiture direction Cajarc, pour le vernissage du Parcours d’art contemporain, une exposition dans la vallée du Lot, organisée par la Maison des arts Georges Pompidou. Il est le résultat d’une résidence que les six artistes, originaires de différentes régions françaises (ou non), ont effectué cette année aux Maisons Daura (Saint Circ Lapopie).
La rencontre avec les artistes, présents sur les lieux qu’ils avaient choisis pour installer leurs œuvres, a été très enrichissante. Le cadre était beaucoup plus détendu qu’un vernissage classique, où les artistes sont énormément sollicités par des collectionneurs ou des galeristes ce qui ne facilite pas le dialogue.
Le contexte joue pour ces installations un rôle majeur: chaque œuvre entretient un rapport unique et fort avec le lieu où elle est exposée. Et le fait de s’y approcher en déambulant en voiture et à pieds, lentement, augmente le sentiment de surprise et la dimension contemplative.
Guillaume Robert, Drina, installation à SeuzacAprès une balade le long des rails d’un ancien chemin de fer (sous un soleil d’enfer, il faut l’avouer), découvrir “Drina”, la sculpture de Guillaume Robert, plongée dans les eaux du Lot dans un lieu magnifique dominé par la nature et sublimé par la musique de Julien Clauss, est une vraie découverte qui a le goût du mirage. Il s’agit de la réplique des mini-centrales électriques construites par les habitants de la ville de Goražde, en Bosnie, pendant le siège. L’artiste a rencontré, lors d’une résidence en Bosnie en 2011, un des habitants de cette ville, qui lui a montré comment il fabriquait ces machines. La mini-centrale se trouve aujourd’hui dans les flots du Lot, dans un contexte beaucoup plus lyrique que celui de la guerre de Yougoslavie, mais elle n’a pas perdu sa capacité de stupéfier.
Les pièces de Philippe Pouper présentées dans un autre contexte, celui de l'UNAL de medellin (Colombie) ®Poupet-UNAL-MedellinLa surprise est aussi le sentiment qu’on éprouve en entrant dans un séchoir à tabac dans le village de Larnagol, où Philippe Poupet expose son installation "État Major (galeries de cartes)". Le titre de l’œuvre induit le visiteur en erreur, on pense se trouver face à des reliefs de montagnes, comme celles que ma mère avait fabriquées, avec du papier mâché, pour le petit train de mon frère, quand j’étais petite. La dimension plastique, le blanc, la légèreté des pièces, suspendues au plafond par le biais de ficelles (les mêmes utilisées pour attacher les feuilles à tabac) font de cette installation une œuvre remarquable au niveau visuel. Mais, en parlant avec l’artiste, on découvre que ces pièces sont des empreintes de pare-brises de voiture cassés et pliés et qu’elles nous interrogent sur la question de l’échelle de ce que nous voyons.
Alexandra Sa, Baaaannnncccc, 2009 - Courtesy de l’artisteLes autres œuvres aussi dialoguent très bien avec leur contexte, du banc “explosé” d’Alexandra Sà à la maison éclusière de Cénevières, de l’installation sonore et visuelle de Frédérique Loutz et Ernesto Castillo à Calvignac et Saint Circ Lapopie.
Le parcours est délimité aussi par deux expositions collectives, l’une à Cajarc et l’autre à Saint Circ Lapopie, qui complètent la réflexion des artistes en nous montrant une parfaite harmonie entre leurs univers artistiques personnels et le lieu qui les a accueillis pendant les mois passés.
Je voulais vous souhaiter bonnes vacances en vous proposant des “bons plans art contemporain” en Toscane, où je me rendrai dans deux semaines pendant quelques jours, mais finalement je ne peux pas m’empêcher de vous recommander une visite dans la vallée du Lot!
Parcours d'art contemporain dans la vallée du Lot, Lever une carte
jusqu'au 8 septembre 2012
œuvres de: Renaud Bézy, Suzanne Husky, Frédérique Loutz & Ernesto Castillo, Philippe Poupet & Arley Vega, Guillaume Robert & Julien Clauss, Alexandra Sà
commissaire: Martine Michard
Maisons des Arts Georges Pompidou, 134 av. Germain Canet, 46160 Cajarc