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Patrick Herman : « Le label AB est en train de tuer la bio »
"L'agriculture bio est-elle soluble dans le marché ? L'industrie agro-alimentaire et la grande distribution en ont-elles tué les principes fondamentaux ? Que recouvre vraiment la certification ? C'est pour répondre à toutes ces questions, et à bien d'autres, qu'une équipe de journalistes a écrit La bio entre business et projet de société (*)... à coup sûr un livre qui va faire des vagues dans le landerneau bio ! Patrick Herman, paysan bio et journaliste installé sur le Larzac depuis quarante ans, est un des co-auteurs du bouquin. Il répond ici aux questions de Gardarem lo Larzac et de La Lettre du Larzac. D'où est venue l'idée de ce livre ? Je suis paysan mais aussi journaliste indépendant, et je connais des journalistes et des chercheurs qui travaillent comme moi sur certains dossiers sensibles. Il y a deux ans environ, nous nous sommes retrouvés à quelques-uns autour du projet de faire quelque chose sur la certification de l'agriculture biologique. Pour ma part, je pensais depuis 2003-2004 faire un reportage sur les dérives de cette certification.A l'époque, je faisais une enquête sur les saisonniers agricoles et j'étais allé à Huelva, en Espagne, où j'avais vu une des entreprises dont Philippe Bacqué parle dans le livre, Bionest. C'est une exploitation de production de fraises qui faisait travailler des Polonaises et des Roumaines parquées dans des bâtiments entourés de barbelés... Nous avions tous des idées de reportages autour du thème de la face cachée de la bio. Le projet a démarré ainsi. Peut-être va-t-on vous accuser, vous les tenants de l'agriculture biologique, de lui jouer un mauvais tour en publiant ce livre... Oui, c'est un vieux procédé, qui rappelle l'époque où, si l'on était de gauche, on ne pouvait pas critiquer l'URSS ! Attaquer la bio, ce serait se tirer une balle dans le pied... Mais nous savons, nous les auteurs de ce livre, qu'il y a pas mal de gens qui se posent des questions sur les dessous de la certification. On a eu envie de remettre un peu les pendules à l'heure, en expliquant ce qu'il y a derrière le logo AB. Le mot « bio » recouvre des réalités complètement contradictoires, qui n'ont plus rien à voir avec l'histoire de l'agriculture bio – que les nouveaux consommateurs connaissent très peu d'ailleurs. Quelles sont ces « réalités contradictoires » ? Les pères fondateurs de l'agriculture bio, Steiner, Howard, Fukuhoka (1), étaient des intellectuels, des scientifiques, des militants. Ils avaient en tête de sortir l'agriculture de la domination marchande et de l'industrialisation. Ils avaient anticipé ce que nous sommes en train de vivre. Ils ont posé dès le départ la question de la souveraineté alimentaire. C'est d'une incroyable actualité ! Ces contradictions dont je parle, c'est qu'en acceptant de passer sous la coupe du marché, la bio trahit ses idéaux et ses objectifs de départ, qui restent cependant toujours valables et viables. La bio ne serait donc pas « entre business et projet de société » mais carrément dans le business. Le projet de société s'est-il réduit à n'être plus qu'à la marge ? A partir des années 1975 en France, les porteurs des valeurs philosophiques, politiques et techniques du « projet bio » ont souhaité ne plus être marginalisés et ont bataillé pour une reconnaissance officielle. On peut dire que cette bataille a été un échec : en définitive, le label AB a été un cheval de Troie pour la grande distribution et l'industrie agro-alimentaire. Et tout le capital de confiance qui a été accumulé grâce à la ténacité et l'acharnement de milliers de petits producteurs est maintenant ouvert à de grands opérateurs, à des firmes géantes, qui exploitent ça comme une ressource naturelle, comme une ressource minière par exemple. Le label AB est en train de tuer la bio. Il est devenu un outil marketing de la grande distribution et de l'industrie agro-alimentaire. Il y a eu captation et détournement. Quand on voit par exemple au Brésil des exploitations de canne à sucre de dix mille hectares qui sont certifiées par Ecocert, avec des gens qui y travaillent dans des conditions scandaleuses, on se dit qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans la bio.../...."
Propos recueillis par Jean-François Capelle et Gilles Gesson (pour Gardarem lo Larzac)
la suite de l'article
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La boucherie révélée (sur France Culture)
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Un festival pas comme les autres:
AU PROGRAMME
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UN AUTRE TOUR A notre tour...
DES INFOS
merci qui? merci UTOPLIB
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la phrase qui (me) va bien:
"Je crois que pendant l'enfance.../...on élabore les défis inavouables de nos vies et que le bonheur, c'est la réalisation plus ou moins proche ou plus ou moins lointaine de ces défis d'enfance, peut-être pas complètement articulés ou clairs, mais évidents pour soi-même." extrait de "Savoir perdre" de David Trueba-
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