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PSA et autres nouvelles

Publié le 16 juillet 2012 par Christophefaurie
Les réflexions de la semaine…
La France et le changement Licenciements boursiers : beaucoup de bruit pour rien ? PSA veut fermer des usines françaises. J’entends les syndicats et le PC parler de « licenciements boursiers » et demander des lois qui les interdisent. Mais pourquoi réagir si tard ? Cela fait des années que la situation de PSA se dégrade ! Pourquoi, aussi, s’émouvoir particulièrement de PSA, alors que partout les entreprises licencient et ferment ? Pourquoi ne parle-t-on pas des travailleurs précaires ? Et les chômeurs ? Je me demande si tout ce bruit n’est pas simplement un moyen de se donner bonne conscience. Et si, au lieu de faire du bruit, nos « partenaires sociaux » se demandaient comment prévenir les crises ? Faut-il aider PSA ? François Hollande parle d’intervenir dans le dossier PSA. A-t-il raison ? J’ai l’impression que le consensus mondial l’approuve. B.Obama a sauvé Detroit, et personne ne paraît le lui reprocher, aux USA. L’Allemagne défend jalousement son savoir-faire. Les pays émergents cherchent à construire le leur. PSA représente beaucoup plus que ses intérêts propres. Il permet de vivre à tout un écosystème d’entreprises et de savoir-faire accumulé. Et cet écosystème ne travaille pas que pour l’automobile. Sans grande entreprise, disait un article de The Economist traitant de l’Angleterre, tout cela disparaît. Cela milite-t-il pour un contrôle des dites grandes entreprises par la collectivité nationale ? Comme en Allemagne ? Et, quand elles sont « too big to fail », par l’Europe ? Comment aider PSA ? Pourquoi PSA est-il dans une mauvaise passe ? L’entreprise serait, selon l’expression américaine, « managed and not led ». Traduction : ce serait l’amour de l’argent qui l’inspirerait et non celui de l’automobile. Ainsi, la Tribune, cette semaine, observait que PSA fabriquait des voitures que l’on n’a pas envie d’acheter, et que, contrairement aux marques allemandes, elle n’est pas dirigée par des passionnés d’automobile. Peut-être, aussi, à la différence de VW (note de la semaine précédente), PSA ne s’est-il pas suffisamment intéressé à son outil industriel. Doit-on aider PSA à aimer la voiture ? En tout cas, il serait bien de chercher à combler le déficit de politique industrielle de l’industrie automobile française. Sans argent, il va falloir faire preuve de génie… Travailleur pauvre Discussion avec une avocate. Elle est effarée par le nombre de possesseurs de CDI ne pouvant joindre les deux bouts. Inconcevable qu’une société puisse accepter des travailleurs pauvres. Curieux cercle vicieux. Pour oublier leur pauvreté, ils tendent à chercher des (maigres) consolations, qui peuvent les amener, d’expédient en expédient, à un endettement dont ils n’arrivent plus à se tirer. Le pauvre ne manque pas de vertu, comme le pense le néoconservateur, il manque d’espoir, et… d’argent ? Cercle vicieux de la prostitution française The Economist se penche sur la prostitution française (On the game) : nos prostitués sont immigrés ; notre législation vise à les éloigner des yeux chastes.  Europe : la France roulée dans la farine La France est un pays de matamores d’opérette. Voilà ce que je retire d’un article de Pierre Verluise (Géopolitique de la France : quelles sont les conséquences de la crise économique ? sur www.diploweb.com) La France se gargarise de projets grandioses : armée européenne (Sarkozy), Europe qui contiendrait la Russie pour faire pièce à l’Allemagne (Mitterrand)… La France « donne des gages », mais n’obtient rien. Pendant ce temps, « l’Allemagne a su paramétrer l’euro à son avantage ». Et l’Angleterre a « (construit) une « Europe marché » en empêchant l’émergence d’une « Europe puissance » ». Le dirigeant français victime d’un colossal complexe de supériorité ? Il ne sait pas que le changement est un travail patient de transformation de la société, pas l’idée de génie d’un individu ? Génie de l’ingénieur anglais Des chercheurs reproduisent les exploits des perceurs de barrages de la seconde guerre mondiale. La revue du département d’ingénierie de l’université de Cambridge retrace l’expérience. L’histoire est intéressante. La RAF a réussi à détruire certains barrages importants pour l’Allemagne nazie en utilisant des bombes qui ricochaient sur l’eau, passaient au dessus des protections, et explosaient en profondeur. C’est compliqué à réaliser, mais cela ne demande quasiment aucun moyen, une fois que l’on a trouvé la bonne formule (qui est celle du ricochet : il faut que la bombe tourne avant de la lâcher, au ras de l’eau). Curieux. L’ingénieur anglais est génial et pourtant il est méprisé. En France, c’est le contraire : il se croit tellement intelligent qu’il pense qu’il n’a plus rien à prouver ? Henri Bouquin Une pensée pour Henri Bouquin, qui vient de décéder. Henri Bouquin était un des plus grands spécialistes français du contrôle de gestion. Il m’a étonné, lorsque je l’ai rencontré pour la première fois il y a dix ans. Je lui ai présenté mon livre, qui était à l’état d’une quarantaine de pages peu lisibles. Il a pourtant immédiatement situé les travaux auxquels je me rattachais (la systémique du MIT), alors que très peu de gens les connaissent en France, et qu’ils semblaient fort éloignés de son domaine de recherche. Henri Bouquin était peut-être un des derniers représentants du professeur d’université français. Un esprit extraordinairement élégant, qui comprenait tout et qui avait tout lu. Mais qui ne voyait pas l’utilité de vulgariser sa pensée. Le bon élève était celui qui comprenait le maître. Son décès a-t-il, comme celui des philosophes grecs, quelque-chose de symbolique : avait-il encore sa place dans une université dominée par l’arrivisme, la politique et l’argent ? L’Amérique lui aurait certainement apporté la fortune et la gloire. N’était-il pas la matière même des modes de management ? N’avait-il pas étendu le champ du contrôle de gestion aux sciences humaines ? Mais, dans son université, il était vu comme dépassé, car il ne copiait pas les Américains. Inflation de mentions au bac Baccalauréat. Autour de moi, on ne parle que de mentions bien ou très bien. Je découvre maintenant que le bon élève vise les félicitations du jury (18/20). Ce n’était pas comme cela de mon temps. Explication simple : pour augmenter le nombre de bacheliers il a fallu abaisser la difficulté de l’examen. Trop simple ? Ce qui m’intrigue est la similitude entre ce que sont devenus nos examens et le système anglo-saxon. En Angleterre et aux USA aussi, il est assez facile d’avoir une note maximale. D’ailleurs la valeur des notes est inversement corrélée à celle des cours, histoire de ne pas mécontenter le client. (Le phénomène est particulièrement marqué en ce moment.) Car, dans les pays anglo-saxons, l’élève est non seulement client, futur mécène, mais aussi membre de la haute société. Il n’est pas de bonne politique de le mécontenter. Il est tentant de se demander si les changements qu’a connus notre système de notation ne reflètent pas ceux de notre société : on donne un diplôme sans valeur au pauvre, et on distingue l’héritier ?
Notre monde anglo-saxon L’Amérique renaît de ses cendres The Economist (Comeback kid) se réjouit que l’Amérique se soit réformée, contrairement à l’Europe. L’Amérique a purgé ses banques et son immobilier. Elle profite maintenant de son dollar dévalué pour exporter vers les classes moyennes émergentes, et du gaz de schiste, dont ne veut pas l’Europe. Ceci ne réduit pas le chômage, mais on ne peut pas trop en demander. En rapprochant cette renaissance du rejet par l’Angleterre des droits de l’homme européens, j’en arrive à me demander si la force des Anglo-saxons n’est pas de retourner contre ses intérêts les règles de la société. Il leur est d’une formidable utilité que le gaz de schiste, les OGM, la durée de travail soit limitée chez nous, parce que cela nous ligote. Enseignement pour nos contestataires professionnels ? S’ils veulent être efficaces leur protestation doit être mondiale. Sinon, ils ne feront que tirer dans les pieds de leur camp. Irrationalité économique de l’entreprise Le professeur JP. Schmitt me fait part de son immense perplexité. Il a passé un demi-siècle à observer l’entreprise, et il n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi les innovations organisationnelles majeures ne sont pas adoptées. Même celles qui ont fait la preuve concrète de leur efficacité supérieure : personne ne les copie ! Pire : l’entreprise utilise aujourd’hui des techniques dont la stupidité est scientifiquement démontrée, et ce depuis longtemps. L’explication que je donne à ce paradoxe rejoint celle que The Economist apporte à l’irrationalité bancaire (The golden rules of banking) : La banque défie les lois du marché. Le banquier gagne à tous les coups. Y compris et surtout lorsqu’il est licencié. Pourquoi ? Parce qu’il écrit les règles du jeu. Je me demande si, au fondement de ces règles, il n’y a pas le risque. Le secret du succès est de faire courir des risques, qu’elle ne perçoit pas, à son entreprise. Ce risque peut rapporter à court terme à son auteur, par l’apparence du succès. Dans tous les cas, il paiera infiniment moins qu’elle les conséquences d’un échec. Solution du paradoxe : on n’est pas en face d’une recherche d’optimum collectif, mais individuel ? Afrique, nouveau Far West L’Afrique est la seule zone du monde promise à un bel avenir économique. Et, en plus, elle n’est pas protégée par des lois ou des gouvernements ennuyeux. L’industrie de l’alcool se prépare à la prendre d’assaut, par « l’innovation ». (Intoxivation, The Economist) Europe, ancien Far West Apparemment le gouvernement Roumain n’aurait pas des usages très démocratiques. Après la Hongrie et Chypre, nouvelle mauvaise acquisition de l’Europe ? Pourquoi autant de précipitation dans l’élargissement ? Pourquoi pas d’accompagnement à l’intégration ? Pourquoi si peu de contrôle des pays membres ?... Après « l’Europe marché » est-il temps de construire une « Europe puissance » ? Le Mali détruit le patrimoine mondial On s’est ému cette semaine de ce que des fondamentalistes détruisaient des momuments maliens. Curieusement, les malheurs de la culture nous bouleversent plus que ceux des peuples. En tout cas, cette affaire nous met devant notre impuissance et devant une propriété du changement qui n’arrive pas à pénétrer l’esprit français : le changement ne se fait pas en un claquement de doigts. Il demande un travail de préparation, long et minutieux. Ainsi, le génie militaire de Napoléon et d’Alexandre n’aurait rien été si leurs nations ne leur avaient pas donné des armées nombreuses et efficaces. Qu’est-ce que la résilience Dans un billet précédent, je disais que Dennis Meadows voyait comme seule issue à la crise des ressources naturelles qui nous menace la résilience de notre société. C'est-à-dire sa capacité à résister à un énorme choc, sans perdre son âme. Un début d’étude me montre que la résilience n’est pas ce que je pensais. Elle est collective, et non individuelle (solidarité / partage) ; elle est active et non passive (créativité). (à suivre.)
L’homme éternel Pourquoi le gringalet a-t-il gagné la sélection naturelle ? Il semblerait que l’espèce humaine ait préféré le modèle du couple à celui du mâle dominant. Du coup l’homme tend à être maigrichon et fidèle (et jaloux ?). (How the Weak inherited the Earth, Smithsonian.com). Cela aurait des intérêts : plus de nourriture pour la femme, une capacité de reproduction plus démocratique pour l’homme. Aussi, pour l’enfant, il est mieux d’avoir deux parents qu’un. D’ailleurs, la durée de l’enfance humaine demande une longue protection. L’espèce humaine serait-elle très tôt orientée vers une stratégie sociale de survie ? Nos décisions sont conditionnées par notre environnement Il paraît qu’il en faut bien peu pour influencer nos décisions. Ainsi une table bancale nous fait croire que la société est instable, et agir en conséquence. De même nous tendrions à voter du côté où penche notre chaise… (Tall, dark and stable, The Economist.) Qu’il en faut peu pour nous influencer ? Comment l’Allemagne peut-elle imaginer que tout aille mal ailleurs ? Comment fonder une démocratie sur la raison, dans ces conditions ? 

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