[AVANT-PREMIERE] Au début, c’est tout beau tout rose. Tout feu tout flamme. Avec l’être aimé, tout devient possible, envisageable : le fun, le sexe, la passion, les mots d’amour. Très vite, arrivent les gestes routiniers, les matins, toujours les mêmes, les soirs, des armées de clones infatigables. Les élans effrénés laissent alors place au confort des habitudes, la folie des débuts à un long fleuve tranquille. Le couple. Voilà ce que scrute la talentueuse Sarah Polley dans ce deuxième film, sorte d’écho (de jeunesse) au duo vieillissant de son poignant Away from her. Ici, elle s’intéresse de plus près aux tourments de Margot (Michelle Williams, nouvelle icône indé), jeune femme fantaisiste et insatisfaite, qui lorgne du côté du beau voisin, parce que son mari (épatant Seth Rogen, dans un rôle plein de sobriété) ne lui offre plus les frissons des prémisses.
De son hésitation (tromper ou pas sa moitié ? Préférer l’excitation du neuf face à l’ennui du connu ?), la cinéaste canadienne livre un joyau de mise en scène, juste de A à Z, abouti, maîtrisé, et profond. Take this waltz, titre issu d’un morceau de Leonard Cohen- utilisé par ailleurs dans l’une des plus belles séquences du film, s’affirme comme l’un des sommets cinématographiques de l’année. Sarah Polley esquive toutes les erreurs (trop de mélo, du romantisme cliché), et livre une alliance parfaite entre comédie, réalisme et tragique. Ses peintures (l’intimité d’un couple, les tiraillements intérieurs, le quotidien d’une vie en couple) sont crédibles, bâties sur des détails essentiels, parsemés avec acuité. Jusqu’à la conclusion ironiquo-cruelle et dérangeante, sa valse est enlevée, piquante, créative, et lève le masque sur une amère réalité: l’incapacité de son héroïne au bonheur.
SORTIE: 31 octobre 2012.