Scotland Yard T1- Au coeur des ténèbres

Londres, 19ème siècle, Carfax, un aliéné sadique s’échappe de la prison. Un trio inédit (L’enquêteur Gregson, le Docteur Seward et son assistante) remontent la piste pour l’arrêter avant sa prochaine victime.

Scénario de Dobbs, dessin de Stéphane Purger

Public conseillé : Grand adolescent, adulte

Style : Thriller, Enquête terrifiante Paru chez Soleil, le 06/07/2012

L’histoire

Londres, 19ème siècle.
Tandis que la pègre prospère sous l’égide de criminels organisés et intelligents comme Moriarty ou Moran, l’apparition d’un nouveau genre de meurtriers inquiète le Yard. A la manière de Jack l’éventreur, ces aliénés ne suivent que leur logique propre et déconcertante et perpétuent des crimes à répétition. Les inspecteurs Gregson et Bradstreet, chargés de convoyer deux de ces “monstres humains ” (Carfax et Renfield), ainsi qu’un faussaire de renom tombent dans un piège. Attaqués par un gamin et son grand frère, le convoi leur échappe. Dans la course poursuite qui s’engage, Bradstreet trouve la mort. Plein de remord, Gregson n’a qu’une seule idée : retrouver les 2 aliénés. Isolé au sein du Yard, il fonde une nouvelle unité, avec le docteur Seward, médecin légiste et psychiatre, et son assistance (Faustine Clerval). Inventant la police criminelle moderne en associant rigueur scientifique, action et subtilité féminine, ils avancent dans l’enquête. Pour y arriver, ils suivent leur seule piste : retrouver le gamin…

Le scénario

Dobbs nous entraine dans un Thriller historique, tourbillonnant et pesant. Pour nous mettre dans l’ambiance, Dobbs commence par nous faire assister à la chasse de Carfax, le premier forcené qu’il faudra retrouver. La scène, glauque à souhait, impose un climat lourd de danger et d’urgence.
Puis, il pose tranquillement son décors, la constitution de l’équipe et enchaine enfin sur l’enquête. Petit point négatif : cette longue mise en place (il aurait pu se passer aux clins d’œil à Jack l’éventreur et à Jekyl & Mister Hyde) ne laisse que peu de pages pour la traque de Carfax.
A part ce problème de répartition, l’histoire de Scotland Yard est très réussie. Dobbs invente un scénario au croisement des références romanesques classiques, et des thrillers contemporains et urbains. Le résultat est un ovni moderne, sombre, et mené “ventre à terre”, quoique ultra référencé.

Vous avez dit “Ambiance” ?

Oui, c”est bien la force de cet album. Je me suis fait happé par les climats lourds et menaçants qui planent dans “Scotland Yard”. Rues salles, bar poisseux, laboratoire poussiéreux, Dobbs et Perger nous entrainent dans une série de lieux peu fréquentables. Et la réussite de ces ambiances tient pour beaucoup au dessin de Stéphane Purger. C’est REMARQUABLE. J’avais apprécié sa précédente série, Sir Arthur Benton, mais je trouve que Perger s’améliore dans Scotland Yard. Sa maitrise du volume, des masses, de la lumière et des couleurs virent vers la perfection. Le résultat est réaliste mais avec cette distance qui permet d’ajouter de l’émotion. Perger est un grand dessinateur. Avec “Scotland Yard” nous assistons à sa révélation au grand public. J’en suis persuadé. Si ses talents de coloriste ne suffisent pas, Stéphane Perger nous compose des découpages osés, brillant d’inventivité.
Il joue sur les hors cadre, les arrières plans qui s’intègrent dans la narration ou même en faisant éclater la composition en traditionnelles cases. Et cela, sans gêner la lecture de la planche. Il pousse les limites de la composition, sans oublier de rester ultra-lisible. Bravo !

Pour résumer

Tremblez dans cette enquête aux trousses de Carfax. Immergé dans des ambiances glauques, vous serez terrifié par ce sadique en liberté dans les rues d’un Londres victorien. Avec Gregson et sa fine équipe, foncez ! Le temps presse, et les nouvelles victimes pourraient être plus proches que vous le pensez…