Titre original : Chernobyl Diaries
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Bradley Parker
Distribution : Devin Kelley, Jonathan Sadowski, Ingrid Bolso Berdal, Olivia Dudley, Jesse McCartney, Nathan Phillips, Dimitri Diatchenko…
Genre : Épouvante/Horreur
Date de sortie : 11 juillet 2012
Le Pitch :
En vacances en Europe, trois jeunes américains prennent la direction de la Russie pour rejoindre le frère de l’un d’eux. Sur place, ils se laissent tenter, accompagnés d’un autre couple, par une excursion à Pripyat, une ville fantôme proche de la centrale de Tchernobyl. Désertée 25 ans plus tôt au moment de la catastrophe nucléaire, la ville n’abrite plus que des bâtiments vides. Du moins en apparence…
La Critique :
Oren Peli est un peu le grand manitou du found footage. Non pas qu’il brille particulièrement par l’utilisation qu’il en fait, mais c’est celui qui, en ce moment, l’exploite à fond les bananes. Et c’est d’ailleurs là-dessus que le bougre a bâti sa réputation et sa carrière. Basé sur une réalisation caméra à l’épaule, le found footage permet de produire des longs-métrages pour des coûts minimes et rapporte en général un bon paquet de dollars. En témoigne les faits de gloire de Peli que sont les films de la saga Paranormal Activity. En ce moment, Oren Peli a plutôt le vent en poupe. Seule The River, sa série d’épouvante tournée en found footage s’est plantée (une seule saison).
Néanmoins, s’il semble attaché à ce mode opératoire, Oren Peli ne s’interdit pas quelques incursions dans le cinéma reposant sur une réalisation plus professionnelle (si on peut dire ainsi). Insidious par exemple, que Peli a produit (et qui est excellent) et ces Chroniques de Tchernobyl.
Non, Les Chroniques de Tchernobyl n’est pas un found footage. Malgré son « générique », effectivement tourné au caméscope et malgré cette scène en forme de flash-back révélateur en milieu de métrage. Bonne surprise donc que de découvrir un film qui ne file pas la gerbe au bout d’un quart d’heure. Il faut attendre un petit peu pour les hauts le cœur.
Auteur du scénario et producteur, Oren Peli ne réalise pas le film. C’est le débutant Bradley Parker qui s’y colle, lui qui a bossé par le passé sur Laisse-moi entrer et sur les effets visuels de Fight Club. Les Chroniques de Tchernobyl est son premier film en tant que réalisateur. Un film chapeauté par un producteur dont le poids et l’influence se font sentir dans le moindre plan. Notamment via le choix de laisser une grande place à l’improvisation au niveau des dialogues et de ne pas avertir les acteurs de certains rebondissements. Une tactique visant à accentuer le réalisme et qui fonctionne parfois. Parfois seulement, car bien souvent, on remarque juste la platitude des échanges entre les protagonistes. Et le métrage de ressembler étrangement à un film amateur, tant ce désir de sonner vrai plombe la cinématographie fondamentale de l’ensemble.
Et c’est bien dommage tant l’œuvre de Parker bénéficie d’une production désign réellement impressionnante. Un soin tout spécial apporté aux décors, super réalistes qui constitue la grande qualité de l’œuvre. De quoi, par moments, se retrouver immergé dans une ville déserte, alors qu’à deux pas les cheminées de Tchernobyl symbolisent la menace radioactive qui pèse sur les personnages. On s’y croirait. Particulièrement lors de la première moitié du film qui s’avère suffisamment efficace et immersive pour captiver. On ne sait pas trop où se situe la menace. Est-ce la radioactivité ou ces étranges créatures qui nagent dans l’eau croupie d’un étang ? Le film ne répond pas à la question et laisse planer le doute.
On espère alors que la surprise sera peut-être au rendez-vous. Que pour une fois, le film ne suivra pas complètement les codes du genre pour offrir un spectacle un peu plus original. On se doute bien que des mutants vont passer à l’action, mais on espère que le film ne va tomber dans la simple traque entre de jeunes américains apeurés et de méchants monstres tapis dans l’ombre. Des espérances vite étouffées et encore une fois c’est dommage.
Bradley Parker rentre donc dans le rang. La faute à un scénario qui tire sur des ficelles usées et qui n’ose pas grand chose de bien innovant. Avec un tel cadre, certains cinéastes et scénaristes plus burnés auraient créé une horreur glaçante. Un peu à la manière d’Alexandre Aja avec La Colline a des yeux, dont Les Chroniques de Tchernobyl se rapproche. Du coup, le long-métrage pédale la majorité du temps.
Les acteurs sont convaincants, pas de soucis majeur de ce côté (mention à Olivia Dudley qui s’impose comme une sérieuse candidate au titre du décolleté le plus spectaculaire de l’année). Ils évoluent dans une intrigue qui pompent à droite à gauche. On pense à Hostel pour le côté « l’Europe de l’est est un coupe-gorge à ciel ouvert », à La Colline a des yeux donc, et à de nombreux films de morts-vivants. Le spectacle est balisé, la réalisation est tout juste passable (impossible de distinguer quoi que ce soit quand la caméra s’affole) et le scénario sonne creux tout en s’avérant très souvent crétin, surtout lorsque les personnages agissent en dépit du bon sens.
Certes, Les Chroniques de Tchernobyl n’est pas la purge redoutée. Il s’en sort même plutôt pas mal compte tenu du mec qui produit et qui a écrit, et de la campagne promo qui laissait présager un ersatz radioactif de Paranormal Activity.
Le type même de truc qui se voit et qui s’oublie rapidement.
@ Gilles Rolland
Crédits photos : FilmNation Entertainment