« L'âge venant, je me rends compte que la vie est souvent plus fantastique et plus cruelle que tout ce à quoi nous croyions enfants, et qu'il n'y a sans doute pas de mal à trouver de la magie parmi les arbres. »
Leur enfant est mort-né. Ils n'ont jamais pu en avoir d'autres. Ils décident de répondre positivement à l'appel de l'année 1920 du gouvernement qui recherche des pionniers pour vivre en Alaska.
Il est est étonnant ce premier roman. Bien sûr, il n'est pas sans maladresse. L'auteure aurait pu supprimer quelques pages, certains passages sont naturellement balbutiants. Cependant, il possède un charme fou.
Le cadre est fascinant. Les contrées de l'Alaska, région que l'auteure connaît très bien puisqu'elle y habite avec sa famille. J'ai lu ce livre durant une semaine caniculaire et j'ai senti le vent me glacer les entrailles, j'ai admiré la neige à perte de vue, j'ai humé l'odeur de l'élan grillé.
Et puis, j'ai aimé ces personnages. La douleur du vide, la détresse des cœurs, le dénuement devant la solitude de l'autre. La fragilité des hommes, la force des femmes, toujours réversibles.
Si vous lisez la quatrième de couverture, vous risquez d'être rebuté par l'idée, fausse, qu'il s'agit d'une lecture au style fantastique. Il n'en est rien. Eowyn Ivey conte autour d'un feu l'histoire d'un homme et d'une femme qui rêvent de l'enfant qu'ils ne peuvent avoir. Imaginez vous autour de ce feu et laissez-vous emporter par cette légende du Grand Nord. Une belle histoire.
Extrait
« Une fantasmagorie, quelque chose d'impossible, pourtant Mabel savait que c'était bel et bien réel : Jack et elle l'avaient façonnée avec de la neige, des branches de bouleau et des herbes congelées. La vérité l'emplissait d'un émerveillement mêlé de crainte. Non seulement la petite était un miracle, mais en plus, elle était leur création. »