Après l’explosion His’N’Hers, puis le tremblement de terre Different Class, Pulp aurait pu ou dû être englouti par tant de folies autour du groupe et notamment de son leader ultra charismatique Jarvis Cocker.
Un peu comme Nirvana après Nervermind. D’ailleurs, This Is Hardcore est d’une certaine façon leur In Utero à eux, pour de multiples raisons.
Si au milieu des années 90, la Brit pop raflait tout sur son passage (souvenez-vous de la guerre – médiatique – Blur vs Oasis), avec le suicide de Kurt Cobain et dès lors le début de la fin de la période grunge, puis l’arrivée de Radiohead qui redéfinira d’abord la musique anglaise, ensuite mondiale, Pulp créera un sillon supplémentaire à la musique. Un classique à côté duquel on ne peut passer.
Tout (ou presque), du titre lui-même, à l’incrustation du nom Pulp en noir sur fond noir mais ombragé de blanc, et surtout cette image d’une lascivité imparable, oui, tout semble sortir d’un autre monde que celui l’ayant précédé.
En douze titres, Pulp traverse une épreuve, avec « The fear » en ouverture et un écho à cette peur qui a disparu en fin d’album sur « The day after the revolution », avec des étapes sombres, difficiles, glauques, puis progressivement plus lumineuses (de cette lumière du matin encore naissant), mais toujours, aussi, ces thèmes tellement quotidien qu’il faut définitivement la classe de Jarvis Cocker pour leur donner tant d’impact : « Dishes », « Help the aged », « TV movie », « A little soul ».
Les moments-clés, voir subliminaux, sont tout simplement inimaginables : l’éponyme « This is hardcore » est magistral, avec un climax qui est sans doute aucun LE climax de la carrière de Pulp (avec les images du clip, c’est encore plus vrai). « Dishes », « TV movie », « A little soul », le bouleversant et presque épique « Seductive Barry ».
« The day after the revolution » ne se termine jamais, une note de synthétiseur garde le rappel de ce qui vient de se passer (pendant l’album, et aussi pendant les quelques années de gloires monstrueuses du groupe), et Jarvis lâche un « bye bye » en écho à lui-même quelques minutes plus tôt, à la fin du morceau, qui dure et dure et dure…
Je laisserai le mot de la fin aux artistes, avec cette citation tirée du livret de l’album : « It’s OK to grow up – just as long as you don’t grow old. Face it… you are young ». This… is… hardcore…
PS : probablement MON plus grand groupe de tous les temps.