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Le petit Ney naît d’un père tonnelier, en 1738 et en Lorraine. A choisir il préfère la Lorraine et ses quiches aux quartiers parisiens. A l’ombre de l’obélisque nul n’aurait imaginé Ney faire titi...parisien. Etonné des tonneaux paternels il se dit que la France est vraiment le pays du vin ! Pour autant il ne suivra pas la voie de son père et s’engagera, dès que possible, dans un régiment de hussards en 1787.
Les hussards ont meilleure réputation que les Dragons (ah ! Les fameuses dragonnades, parlez-en donc aux Huguenots !) et très vite Ney se sent bien dans ce régiment ! Ney sait citer faits, lois qui ont émaillé la vie de son corps d’affectation. On l’adopte pour son intelligence mais on redoute son somnambulisme fantasque : vers 4 heures du matin Ney au lit tique ! Il se lève et fait le tour de la garnison. Il faut le bâillonner.
Le jour il brille ! Car Ney aspire à la renommée (carnet à spirales à renommer ?). Sous la Révolution il n’étouffe pas ! Bien au contraire, il combat aux frontières où il est remarqué par Kléber (natif de Colombes) en 1794. Seul le clébard de Kléber l’abhorre mais peu lui chaut ! Tous les hommes qu’il mène au combat l’admirent ! Ils l’affublent du joli titre d’«l’Infatigable». Ney ose élans des cavaleries et bientôt les charges du corps de hussards qu’il commande en 1797 contribuent aux victoires de Neuwied et de Dierdoff.
Quand la guerre reprend en 1798, Ney s’illustre encore en s’emparant de Manheim (Bade-Wutemberg) par la ruse, avec seulement 150 hommes. Il est promu général de division et, sans faire plus de cinéma, on ne s’émeut pas si Ney file vers la gloire. Après de nouveaux exploits dans l’Armée du Danube, il se voit affecté au commandement provisoire de l’Armée du Rhin. Ainsi Ney se rend rhénan et boit du bon vin d’Alsace. Dans quel état second l’est a mis Ney ! Mais l’homme réagit, réussit son sevrage. Ainsi, il sert sous les ordres de Lecourbe mais il prend la tangente quand il apprend le coup d’Etat du 18-Brumaire du petit Bonaparte. Bien que Républicain Ney fera acte d’adhésion au Consulat.
En 1800, sous le commandement de Moreau, Ney vêt son manteau de glace et trucide froidement l’ennemi. Lors de la d’Hohenlinden, le 3 décembre il épargnera quand même 10.000 prisonniers selon les statistiques évasives de l’époque.. Le Premier Consul, un certain Napoléon, s’intéresse alors de près à ce général :
- Il faudrait qu’on se fasse vite amis, Ney, lui lance-t-il avec un zeste d’audace.
En amour Ney semble au creux de la vague ce qui le rend amer : en tout bal Ney erre. Il s’écarte des cercles de danse et reste à l’entrée, un verre à la main. Dans le hall Ney, saoul, boit ! Il pourrait retomber dans la boisson. Il ne faut pas boire Ney ! « Boire Ney » ça ressemble à… Mais c’est bien sûr ! Aussi, Napoléon lui présente une amie d’Hortense de Beauharnais. C’est le coup de foudre ! Il brûle d’amour ; ainsi Ney raie sa mélancolie. Il épousera Aglaé Auguié ! Napoléon satisfait d’avoir casé la mégère remerciera son ami et le nommant ambassadeur en Suisse, lui sommant de lui ramener régulièrement des tablettes de chocolat. En 1803, Napoléon lui confie un travail : commander le VIème corps d’armée du camp de Boulogne : boulot naît. L’année suivante, satisfait de son protégé il le fait maréchal. Reconnaissant pour son mentor paraît Ney.
Ney, pas laid, lève reste d’une armée pour mener les attaques avec brio. Il s’avère néanmoins pauvre stratège et l’Empereur n’aura de cesse que son Maréchal ne soit guidé. Sans être amer de cette faiblesse méditera Ney. En 1805, Ney se lance en campagne à la tête du VIème corps. A Elchingen (14 octobre 1805), il refoule les Autrichiens vers Ulm, ville qui ignore encore qu’elle donnera naissance à un aéronef ultra léger. Cette victoire lui vaudra en 1808 le titre ducal. Il n’en revient pas !
Il brûle intérieurement ; la dimension ducale scie Ney !
Tout ragaillardi il marche ensuite sur le Tyrol d’où il chasse l’archiduc Charles.
- Casse toi, pov’ con, lui lance-t-il, de toutes façons tu n’avais qu’un petit rôle !
En 1806, il participe à la campagne de Prusse. Présent à Iéna, le 14 octobre, il emmène ses divisions au grand galop Ney ! A l’assaut des lignes prussiennes ! Mais, emporté par son élan, il se retrouve encerclé. C’est Lannes qui le tire dare-dare de ce guêpier ! Pour ne pas voir l’année damnée Lannes aida Ney… Le lendemain sans mandat d’âme Ney prend Erfurt et quelques jours plus tard entame le siège de Magdebourg à une vitesse grand V (mach II : bourre !) ! Une simple formalité car le siège ne durera que 24 heures top chrono. Trop facile !
Il est partout ; à Eylau (8 février 1807) où il arrive en retard sur le champ de bataille tant il est habité par un petit air qui lui trotte dans la tête :
- Eylau, Eylau, I Don't Know Why you Say Goodbye I Say Eylau.
Désenvouté par un pasteur anglican natif de Liverpool il se ressaisira ! Il finira par contraindre les Russes à se replier, à Guttstadt (Pologne) ! Il va combattre 70 000 hommes avec seulement 14 000 soldats ! Il n’y a pas à se tromper : héros naît ! A Friedland, il attaque l’aile gauche de l’armée ennemie et la jette dans l’Alle. L’ennemi ne comprend que d’Alle !!
De 1808 à 1811, Ney sert en Espagne et au Portugal. Il en gardera un temps halé : il s’aime en beau bis Ney ! Après plusieurs succès et autres massacres, il entame le siège de Villa-Franca. Quand l’armée de Masséna effectue sa retraite bien avant 60 ans, il mène les combats ingrats d’arrière-gardes, avec les 6 000 hommes qui restent de son corps. Il développe un psoriasis dès qu’on lui annonce qui sera sous les ordres de Masséna ! Les querelles sont fréquentes entre les deux hommes. Dans la bouche de Ney s’amassent haineux des mots pour les asséner à Masséna.
Napoléon ne voit pas en quoi il y a problème à ce que Masséna succède à Ney :
- Il est mieux qu’un substitut, lance l’Empereur à ce mauvais esprit, si tu n’es pas content je te mute !
Dont acte ! Napoléon finit par destituer Ney en mars 1811. Renvoyé en France, il est chargé de préparer un des corps d’armée qui va envahir la Russie.
C’est un doux euphémisme que de qualifier cette campagne comme la plus grande connerie de Napoléon. Mais, elle fera l’heure de gloire de Ney ! Il participe activement à la prise de Smolensk, où il reçoit une balle dans le cou, sale coup.
- Où le coup ? Au cou ! C’est le « coup-cou » Ney, lui lance goguenard son médecin neurasthénique mais très aux petits soins.
Lors de la bataille de Borodino (7 septembre 1812), il se lance à l’attaque de la grande redoute en chantant «Borodino the trouble I’ve seen » ! Ce chant guerrier lui est décisif ! Cette prise de la redoute le fera cataloguer « Prince de la Moskova ». Et Napoléon renchérira en le surnommant le «brave des braves».
Lors de la triste retraite de Russie, il fait des prodiges. Chargé de l’arrière- garde, harcelé par les cosaques, il parvient miraculeusement à rejoindre Napoléon avant le passage de la Bérézina. Pour sauver 3 000 hommes du désastre, il n’est pas avare d’efforts et de sacrifices. Il est l’un des derniers Français à quitter le sol russe. Laminé est l’ami Ney.
Les deux années suivantes, Ney est placé à des postes clefs, présent à Lützen (2 mai 1813), à Bautzen (20-21 mai 1813), à Dennewitz (6 septembre 1813), où il est battu par Bernadotte, à Leipzig enfin (16-19 octobre 1813). Après la défaite, il juge que l’ambition napoléonienne est la principale cause du désastre !
- Tes hommes se sont fait plumer, la guerre devient absurde et tourne au sang sot Ney (étourneaux ? Sansonnets ?) !
C’est ce qu’il se dit en boucle de façon compulsive. Aussi, en avril 1814, finira-t-il par demander à l’Aigle d’abdiquer !
Au retour du Roi Louis XVIII, Ney lui adresse son allégeance. Louis le nomme commandant de la Garde royale et Pair de France. Il va devenir un courtisan mais un peu ballot Ney. On lui reprochera ses origines roturières ! Fortement affecté il se retirera dans ses terres !
Bientôt on apprend que Napoléon a quitté l’île d’Elbe et qu’il monte sur Paris ! Ney offre alors au Roi de ramener l’Empereur «dans une cage de fer». Mais quand il retrouve Napoléon l’homme redevient le petit enfant qu’il a toujours été, finalement ! On retrouve Ney gosse !
- O mon Empereur, je vous vénère, je suis à vos genoux !!
- Mon pauvre bougre, vous manquez de constance, tout ceci m’atterre Ney !!
Cela dit Ney servira l’Empereur durant sa campagne de Belgique (1815) jusqu’à la chute de Waterloo. Moins fringant, malhabile, Ney bafouille et ses charges s’effritent (de Belgique). Ses entreprises martiales s’avèrent suicidaires. Après la défaite, il se présente à la Chambre des Pairs pour tenter de se justifier. Mais la Chambre par dépit raie Ney !
Fouché échauffé mais pas fâché lui fournira un passeport afin qu’il se taille. Mais il ne veut pas un passe-droit de cet acabit Ney ! Il refuse de fuir ! Réfugié dans un village il se fera arrêté un 3 août 1815. La Chambre des pairs prend l’affaire en main et décrète la peine capitale (parmi les votants, Chateaubriand). Mais, en tant que « brave des braves » il ne craint pas les châtiments capitaux Ney !
Le 7 décembre, au lieu de l’exécuter sur la plaine de Grenelle, comme c’est la coutume, on l’emmène sur l’avenue de l’Observatoire, pour éviter les mouvements de foule.
- Ah, bandeau Ney ?
Ney refuse le bandeau, tonne «Soldats, droit au cœur !» et tombe, fusillé.
Le monarque qui se croit fort tue Ney. Mais l’histoire balaiera la monarchie…
En revanche une légende étaie Ney !